La MINUSCA se prépare à une année « critique » alors que son mandat est prolongé
PERSONNEL D’ADF
Au moment où les missions de maintien de la paix des Nations unies en Afrique affrontent les critiques et les protestations, et qu’elles sont parfois forcées de se retirer, la mission de la République centrafricaine résiste à cette tendance.
En novembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé le mandat de la MINUSCA pour un an de plus, ce qui a été approuvé par le gouvernement du pays hôte et les groupes de la société civile, selon des rapports publiés.
Maxime Balalou, porte-parole du gouvernement de RCA, a déclaré sur Radio Ndeke Luka : « La MINUSCA est un partenaire stratégique du gouvernement centrafricain. La MINUSCA a beaucoup fait pour le gouvernement, même si parfois on a quelques soucis. … Grâce à la MINUSCA, on a eu la stabilité aussi dans notre pays, il faut le reconnaître. »
De même, dans les rues de Berbérati à l’Ouest du pays, des passants ont déclaré sur une station radio qu’ils étaient contents que la mission reste en place. L’un d’entre eux a dit sur Radio Guira, une station financée par l’ONU : « Quand on parle du mandat, ça veut dire que c’est le bilan, c’est le bilan et l’État centrafricain et la population centrafricaine ont vu que la MINUSCA a fait mieux pour eux. »
Un autre a déclaré sur Radio Guira : « Si maintenant on a la sécurité, en grande partie c’est dû à la MINUSCA. »
Les statistiques montrent que la situation sécuritaire se construit chaque jour. Après des années de violence, un accord de paix a été conclu en 2019 et un cessez-le-feu en 2021. Au cours des derniers mois, le groupe principal de rebelles appelé Coalition des patriotes pour le changement (CPC) s’est fragmenté et des centaines de membres ont déposé les armes.
Mais la vie n’a pas repris son cours normal. Les combats continuent, en particulier dans la région du Haut-Mbomou à l’Est du pays. La Centrafrique est secouée par les débordements de violence provenant du Soudan voisin. Les mercenaires russes du groupe Wagner continuent à être actifs dans le pays, où ils contrôlent des zones minières et attaquent les civils avec impunité.
Le Global Centre for the Responsibility to Protect écrit dans un rapport situationnel du 1er décembre : « Le flux transfrontalier de combattants étrangers, d’armes et de ressources naturelles contribue à une économie prospère axée sur le conflit. Les agents de Wagner ont commis des abus des droits de l’homme et pris pour cible des civils, alors qu’ils restent dans les zones minières et accroissent leur contrôle de ces dernières. »
Au total, 465.000 personnes sont des déplacés internes en RCA et 664.000 sont des réfugiés vivant dans d’autres pays. Entre juin et octobre 2024, le pays a constaté une augmentation inquiétante de 73 % des violations et abus des droits de l’homme, notamment des « violations graves » contre les enfants et une violence sexuelle liée au conflit, selon un rapport de l’ONU.
Le Global Centre écrit : « La situation sécuritaire reste précaire dans certaines régions. Le ciblage des communautés ethniques et religieuses aggrave les risques d’atrocités et pourrait déclencher d’autres actes de violence selon les clivages communautaires, religieux et ethniques. »
Au cours de l’an prochain, l’une des tâches principales de la MINUSCA consistera à préparer le pays pour des élections locales en avril et des élections présidentielles en décembre. La mission supervisera aussi le processus de démobilisation, désarmement et réintégration des groupes armés.
Les chefs de la MINUSCA croient que le succès de la mission sera surtout mesuré par la façon dont elle protège les civils. Lorsque Valentine Rugwabiza, représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU en République centrafricaine, est entrée en fonction en 2022, elle a fait appel à un « réajustement » de la stratégie de la mission pour qu’elle réponde mieux aux menaces contre les civils. Elle voulait que la MINUSCA prenne une « posture robuste, préventive et proactive en réponse aux alertes provenant des communautés ».
Dans sa déclaration du 23 octobre devant le Conseil de sécurité, elle a déclaré que la mission enregistrait des progrès dans certaines des régions parmi les plus reculées de Centrafrique, près de la frontière avec le Soudan du Sud, et que la présence des Casques bleus et des autorités de RCA permettait aux réfugiés de retourner. Les ingénieurs onusiens ont construit ou restauré plus de 2.000 km de route, 131 ponts et 27 pistes d’atterrissage au cours des deux dernières années.
Le soutien de l’ONU pour la réouverture de la route Bangassou-Obo-Bambouti, artère économique vitale qui divise le pays en deux, est peut-être ce qu’il y a de plus important.
Mme Rugwabiza déclare : « Malgré les efforts notables et les accomplissements importants depuis le début de la mission, les risques de revers sont toujours présents. Les progrès tangibles et transformationnels enregistrés en collaboration étroite avec le gouvernement de Centrafrique exigent aujourd’hui une expansion et une consolidation, et le rôle de la MINUSCA reste crucial. »