PERSONNEL D’ADF
Pendant leur intervention au Mozambique, qui a duré plus de deux ans, les forces rwandaises et alliées ont reconquis 90 % du territoire de la région tourmentée du Cabo Delgado des mains des extrémistes.
Ralph Shield, chercheur sur les conflits au collège naval de guerre des États-Unis, a étudié les actes des 2.500 soldats et policiers rwandais et découvert qu’ils avaient poursuivi les militants tout en utilisant leur jugement quant à l’emploi de la force pour éviter de nuire aux civils. En fait, le Rwanda déploya son personnel au Mozambique pendant toute une année avant de provoquer le premier décès civil enregistré.
Il souligne trois facteurs qui selon lui ont aidé le Rwanda à combattre l’insurrection tout en protégeant les civils.
Gagner le soutien des civils : Les forces rwandaises en patrouille s’assurent d’interfacer avec la population locale et de s’informer sur ses besoins de sécurité. Les soldats parlent le swahili, l’une des langues principales dans l’extrême Nord du Mozambique. Le Rwanda met aussi l’accent sur ce qu’il appelle « umungada », ou travail communautaire, selon lequel les soldats travaillent avec les civils sur des projets publics tels que le forage des puits.
Utilisation limitée de la puissance de feu : Les recherches de Ralph Shield montrent que les forces rwandaises ont démontré une « retenue tactique » en patrouille. Elles ne se sont pas appuyées sur les frappes aériennes ou d’artillerie, qui ne sont pas aussi précises, pour cibler les insurgés.
Un environnement facilitant le succès : Les forces rwandaises ont tiré profit du fait que, au début de leur déploiement, une grande partie de la population s’était enfuie des villes du Cabo Delgado où elles étaient actives. Cela a permis d’éviter plus facilement de nuire aux civils. En outre, les insurgés ont rarement employé des engins explosifs improvisés (EEI) et n’ont pas lancé d’attentat-suicide à la bombe.
La posture du Rwanda est basée sur les « Principes de Kigali sur la protection des civils », liste de 18 consignes qui ont été créées en 2015 et qui énumèrent les façons dont les gardiens de la paix devraient agir pour protéger la population et empêcher les atrocités massives. Les principes sont issus des leçons de l’histoire du Rwanda en 1994, lorsque les Casques bleus n’ont pas agi pour stopper un génocide.
« Lorsque nous parlons de l’utilisation de la force, cela a tendance à être mal interprété comme un signe d’imprudence », a déclaré le général rwandais Patrick Nyamvumba, à l’époque chef d’état-major de la défense, lors d’un discours à l’Institut des États-Unis pour la paix en 2016. « Dans les pires exemples que nous avons constatés, que ce soit au Rwanda ou à Srebrenica, il y avait des gardiens de la paix, des choses se sont produites lorsqu’ils étaient présents, et ils n’ont pas agi. Nous disons simplement que, bon, c’était à l’époque, mais nous ne pouvons pas nous permettre de faire ça aujourd’hui. »