L’Afrique continue à être sujette à l’un des plus hauts niveaux de criminalité dans le monde, et l’un des plus bas niveaux de résilience à cette dernière.
L’Indice du crime organisé en Afrique du projet ENACT (Enhancing Africa’s Response to Transnational Organized Crime) signale que les offenses les plus répandues tourmentant les pays africains sont les crimes financiers, suivis par la traite humaine, les crimes liés aux ressources non renouvelables tels que l’extraction minière illégale, le commerce des produits de contrefaçon et le trafic d’armes. L’accroissement du nombre d’offenses financières et des produits de contrefaçon reflète les tendances mondiales.
Entre 2019, lorsque le premier rapport d’ENACT fut publié, et 2025, le commerce de la cocaïne a été le marché criminel enregistrant la plus grande croissance sur le continent, suivi par le passage des clandestins, poussé par les gens qui fuient les zones de conflit. Le nouveau rapport a été compilé entre 2023 et 2025.
Bien que les crimes liés à l’extraction illégale des ressources naturelles soient continuellement proéminents, le trafic des armes, le commerce illégal et l’exploitation des plantes et de la faune sauvage, et les crimes cybernétiques ont baissé de façon marginale depuis 2023, lorsque les crimes financiers et le commerce des produits de contrefaçon avaient commencé à augmenter substantiellement.
« En particulier, les acteurs intégrés à l’État restent les facteurs de criminalité les plus dominants depuis la première évaluation en 2019, en exploitant l’autorité officielle pour habiliter et soutenir les économies illicites », selon le rapport.
Les réseaux criminels, les groupes mafieux, les acteurs étrangers et les acteurs du secteur privé (groupes non gouvernementaux et sociétés à but lucratif) ont aussi été mis en lumière en tant que facteurs de criminalité. Parmi ces groupes, l’influence des acteurs étrangers et des acteurs du secteur privé a augmenté le plus depuis 2023. L’Afrique de l’Ouest est en plus haute position pour la participation des acteurs étrangers, en Afrique et dans le monde, essentiellement à cause des routes mondiales de cocaïne. Les acteurs du secteur privé sont les plus proéminents en Afrique de l’Est. Selon le rapport, les groupes mafieux et les réseaux criminels ont accru leur influence seulement marginalement sur le continent entre 2019 et 2025.
Répartition régionale
En Afrique centrale, les plus grands marchés criminels concernent les crimes liés aux ressources non renouvelables, suivis par la traite humaine et le trafic d’armes, les crimes financiers et le commerce illégal et l’exploitation des plantes et de la faune sauvage. Le plus grand marché criminel en Afrique de l’Est est la traite humaine, suivie par le trafic d’armes, le passage des clandestins, les crimes financiers et les crimes liés aux ressources non renouvelables. Les crimes financiers dominent en Afrique du Nord, suivis par le passage des clandestins, le commerce du cannabis, le commerce des drogues synthétiques et le trafic des produits de contrefaçon.
L’Afrique australe est surtout tourmentée par les crimes financiers, suivis par les crimes liés au trafic illégal de la faune sauvage, les crimes liés aux ressources non renouvelables, le commerce de l’héroïne et le commerce du cannabis. L’Afrique du Sud est surtout en proie aux gangs enracinés, à la fraude généralisée, aux escroqueries et à la corruption.
Rumbi Matamba, analyste à la Global Initiative Against Transnational Organized Crime, déclare qu’il existe une différence avec les rapports précédents d’ENACT : l’emploi accru de la technologie par le crime organisé en Afrique du Sud.
Elle déclare à la chaîne de diffusion publique sud-africaine SABC News : « En fait, l’Afrique du Sud a augmenté son score de criminalité axée sur le cyber, qui est très élevé dans la région comparé aux autres pays. L’emploi de la technologie pour faciliter le crime organisé a donc été noté. »
En partie à cause de la corruption, le commerce de la cocaïne est devenu le plus grand marché criminel d’Afrique de l’Ouest, suivi par la traite humaine, le commerce des produits de contrefaçon, les crimes liés aux ressources non renouvelables et les crimes financiers.
Dans l’ensemble, la résilience au crime organisé a baissé légèrement sur le continent entre 2023 et 2025. Le rapport déclare que ceci est dû aux facteurs suivants : faibles efforts de lutte contre le blanchiment d’argent ; capacité insuffisante de réglementation économique ; leadership politique et gouvernance inefficaces ; carences des systèmes juridiques ; décroissance de l’intégrité territoriale ; préoccupations liées à la mise en application des lois ; et agissements des acteurs non étatiques. Seules l’Afrique australe et l’Afrique occidentale ont enregistré des scores de résilience supérieurs à la moyenne.
Une approche scientifique est « nécessitée de toute urgence »
La plupart des pays africains ont souscrit à la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée (convention de Palerme) depuis son adoption au début des années 2000. L’objet du traité est de promouvoir la coopération entre les pays et de protéger la communauté internationale contre la propagation du crime organisé.
Toutefois, il n’y a pas de différence observable dans les crimes du continent entre les pays ayant ratifié de bonne heure, ceux ayant ratifié tardivement et ceux qui n’ont pas ratifié la convention de Palerme, selon le rapport. En Afrique de l’Est par exemple, les modes historiques de coopération sont en général plus efficaces pour combattre la criminalité que les mesures de la convention de Palerme.
« En fin de compte, les leaders africains ne peuvent pas se permettre d’être contents de soi alors que les dangers provenant des crimes persistent ; pourtant, participer à une convention internationale sur le crime organisé ne signifie pas que les gouvernements affrontent le problème, selon le rapport. Les mesures visant à améliorer la menace sur le continent devraient se concentrer sur le renforcement de la police, l’amélioration de la capacité des institutions publiques pour cibler le crime organisé, le ciblage de la corruption et l’élimination des effets de capture d’état. »
Le rapport affirme qu’une approche plus scientifique et robuste pour perturber les marchés criminels en Afrique « est nécessitée de toute urgence », en ajoutant que la capacité technologique des agences de police et d’enquête devraient être renforcées alors que les investissements dans les systèmes technologiques d’information et de communication devraient être priorisés.
