Dans une opération spectaculaire qui a duré 6 heures, les autorités nigérianes ont fait une descente dans l’Aéroport international Nnamdi Azikwe d’Abuja. 5 suspects ont été arrêtés et 24 victimes de la traite humaine ont été secourues.
Les recruteurs avaient pris pour cible des victimes âgées de 15 à 26 ans dans les États de Kano, Katsina, Oyo, Ondo et Rivers. Ils étaient à l’aéroport le 1er octobre 2025 à destination des pays suivants : Afghanistan, Bahreïn, Égypte, Irak, Arabie saoudite et Soudan.
L’une des victimes a déclaré à l’Agence nigériane de lutte contre le trafic illicite d’êtres humains (NAPTIP) : « Ils ont dit à ma mère qu’ils m’emmenaient en Europe, où je travaillerai et gagnerai des dollars. Mes parents étaient contents et ils m’ont permis de les suivre. »
Le Nigeria intensifie ses efforts de lutte contre la traite humaine, forme moderne d’esclavage qui a enregistré une résurgence sur le continent. L’agence dirigée par la directrice générale Binta Adamu Bello est au centre de ces efforts.
« Nous avons constaté que l’Aéroport international Nnamdi Azikwe devient une zone de confort pour ces trafiquants, et c’est pourquoi nous avons décidé de tourner notre attention vers cet aéroport, dit-elle. Nous soutiendrons ces descentes jusqu’à ce qu’ils cessent ce trafic d’êtres humains antipatriotique et illicite. La traite humaine est une préoccupation nationale notable et nous devons tous œuvrer ensemble pour réprimer les trafiquants. Notre détermination pour assurer la protection des Nigérians contre toutes les formes d’exploitation est ferme et résolue. »
Dans le cadre des efforts de sensibilisation de l’agence, elle a montré que la traite humaine est une menace pesant sur la sécurité nationale du Nigeria, parce qu’elle alimente d’autres activités criminelles et qu’elle est fréquemment imbriquée dans d’autres trafics illicites. Les chercheurs ont documenté des liens entre les syndicats criminels transnationaux et les bandes mafieuses, les cultes et autres organisations criminelles au Nigeria.
Elle a déclaré que les victimes de la traite humaine sont transportées quotidiennement entre les zones rurales et les zones urbaines et au-delà des frontières à des fins d’esclavage sexuel, de travail dangereux et de recrutement pour le terrorisme et les conflits armés. Elle a présenté une liste désolante de crimes et de fléaux sociaux liés à la traite humaine lors d’un événement de NAPTIP en novembre à Dutse, chef-lieu de l’État de Jigawa au Nord du pays.
« Elle nourrit la corruption du secteur public et la migration irrégulière, elle sape le potentiel de développement du capital humain, elle provoque les ruptures sociales et l’exclusion, ainsi que le manque de travailleurs spécialisés, la dégradation humaine, les violations des droits de l’homme, la propagation des maladies ; elle ternit notre image nationale et est associée aux crimes financiers », dit-elle.
Plus tôt cette année, elle avait ordonné une intensification de la surveillance dans l’ensemble du pays avec un focus sur les aéroports internationaux, les gares routières et les eaux côtières. L’unité d’information du public de NAPTIP œuvre aussi pour sensibiliser les zones éloignées dans les États de Benue, Edo et Kogi et a enseigné à des milliers de femmes, d’enfants et d’éducateurs comment empêcher la traite humaine.
NAPTIP et plusieurs autres agences nigérianes de police ont travaillé avec Interpol et Afripol en septembre 2024. L’opération de 5 jours a permis d’arrêter 36 personnes et a mis en lumière la dynamique transnationale de la traite humaine et les vulnérabilités des personnes cherchant de meilleures opportunités à l’étranger.
« Les groupes criminels organisés d’Afrique de l’Ouest sont considérés parmi les plus agressifs et expansionnistes à cause de leur participation à une vaste gamme d’activités illégales, notamment le trafic des migrants, la traite humaine, l’extorsion et l’enlèvement, le cybercrime et le blanchiment d’argent », a déclaré Cyril Gout, directeur exécutif intérimaire des services de police d’Interpol.
Les difficultés économiques au Nigeria et la demande élevée pour la main d’œuvre bon marché et l’exploitation sexuelle à l’étranger sont des facteurs qui poussent un grand nombre de femmes et d’enfants à chercher des emplois dangereux et des opportunités éducationnelles. La traite humaine est aussi liée à d’autres réseaux de trafic illicite.
L’Afrique est une source principale et un lieu de transit du commerce illégal de la faune sauvage, industrie de plusieurs milliards de dollars dirigée par des bandes criminelles organisées actives dans le monde entier. Une nouvelle recherche publiée dans le Journal of Economic Criminology montre que ces bandes sont aussi souvent impliquées dans d’autres formes d’activité criminelle, notamment le trafic de drogue, des armes, des personnes, des véhicules volés, des ressources minières, des articles contrefaits et des parties du corps humain.
« Nous constatons des réseaux criminels dans le monde qui sont plus adaptables et interconnectés, et qui ne sont essentiellement pas axés sur un seul produit », déclare la chercheuse Michelle Anagnostou de l’université d’Oxford au magazine Scientific American pour un article du 21 novembre.
« L’approche antérieure, employée pendant longtemps et consistant à lutter séparément contre chaque type de crime organisé, n’est plus suffisante. [Nous nécessitons] une approche exhaustive du crime organisé pour viser les activités de trafic dans leur ensemble, avec un focus réduit sur le type de produit trafiqué. »
