Plusieurs Sud-Africains sont filmés dans un parking. Ils portent des uniformes militaires avec des insignes montrant le drapeau russe. Derrière eux, un homme dit qu’ils « partent pour se battre contre Zelensky », le président ukrainien.
L’un des hommes déclare anonymement qu’ils ont été persuadés d’aller en Russie pour suivre une formation de « protection de VIP », à un salaire mensuel de plus de 40.000 rands (plus de 2.323 dollars), selon un reportage de la chaîne d’actualité sud-africaine SABC News. Au lieu de ça, ils ont été transportés dans la région ukrainienne assaillie du Donbass, dont la majorité du territoire est contrôlée par la Russie, pour se battre dans la guerre interminable du Kremlin. Aucun d’eux n’avait suivi d’entraînement militaire auparavant.
Certains des 19 hommes sont allés par avion de Durban en Russie en juillet, en passant par Dubaï. Au début novembre, un groupe de 17 mercenaires entre 20 et 39 ans ont lancé des appels de détresse demandant de l’aide pour rentrer chez eux, a déclaré le président Cyril Ramaphosa d’Afrique du Sud. On pense que deux mercenaires sont morts.
Le combattant anonyme a déclaré à SABC News dans un reportage du 24 novembre : « Combien de temps cela prendra-t-il ? Parce que notre situation ici est catastrophique. Il faut le faire dans les deux ou trois prochains jours. Ces gens ici disent qu’ils en ont assez de nous voir et dans un délai de quatre ou cinq jours ils nous enverront au front. Ils disent que les gens de notre pays ne veulent pas que nous retournions. »
Mlungsie Mncube, le frère d’une recrue, déclare qu’on avait dit à ces hommes qu’ils recevraient un entraînement spécial au Kenya. Les recruteurs ont offert un forfait de 80.000 rands (plus de 4.646 dollars) et ont promis près d’un million de rands (presque 58.100 dollars) à leur retour chez eux après un an.
M. Mncube dit à SABC News : « Ils ne savaient pas qu’ils iraient à la guerre. Ils pensaient qu’ils allaient suivre une formation et qu’ils reviendraient comme membres des forces de sécurité MK [uMkhonto weSizwe]. Nous ne savons pas quelle était l’intention de ceux qui les ont recrutés, mais nous savons qu’ils ont reçu de l’argent. »
Il déclare que les familles se sont rencontrées mais qu’elles ont besoin d’aide pour ramener les hommes chez eux. Il dit qu’il craint qu’ils ne reviennent jamais. Selon le président Ramaphosa, 16 hommes sont originaires du KwaZulu-Natal et un du Cap-Oriental. L’Afrique du Sud « œuvre par la voie diplomatique pour assurer le retour de ces jeunes hommes », dit-il, en ajoutant que le gouvernement et lui-même « condamnent vivement l’exploitation des jeunes vulnérables par des individus travaillant pour des entités militaires étrangères ».
Les lois d’Afrique du Sud interdisent aux citoyens de fournir une assistance militaire à d’autres gouvernements ou de rejoindre des forces armées étrangères sans autorisation officielle.
Olexander Scherba, ambassadeur d’Ukraine en Afrique du Sud, déclare dans un reportage de l’Agence France-Presse (AFP) : « Nous espérons que cette situation dans laquelle la Russie enfreint la législation sud-africaine et force ou persuade ces jeunes gens à participer à cette guerre … ouvrira les yeux de la société sud-africaine. Depuis que ces nouvelles ont été diffusées, je reçois des e-mails des membres des familles de ces jeunes qui ont été induits à aller au front. Et ils sont désespérés. Ne faites pas ça à votre mère, votre père ou votre sœur. »
La Russie a intensifié son recrutement en Afrique et au Moyen-Orient à mesure qu’elle enregistre de lourdes pertes et une pénurie de personnel. Le groupe de renseignement à source ouverte Frontelligence Insight signale que les recruteurs russes prennent souvent pour cible les pays économiquement vulnérables en offrant des sommes d’argent importantes et en promettant faussement des emplois de non-combattant.
« Mon message immédiat aux citoyens d’Afrique du Sud est le suivant : ne soyez pas trompés et ne participez pas aux batailles de cette guerre barbare, inéquitable et injuste, déclare l’ambassadeur à l’AFP. Ce n’est pas votre guerre, ce n’est … pas la guerre de toute personne décente de la planète. »
Il ajoute que les hommes pris au piège ont été « dupés pour se battre dans une guerre … qui ne concerne aucunement l’Afrique, et c’est une guerre coloniale ; voir des Africains se battre dans une guerre coloniale contre un pays libre est particulièrement insensé ».