Les pays africains ont de plus en plus recours à la technologie spatiale pour faire face aux questions de résilience et de sécurité telles que les communications, le contrôle des frontières, la protection de la faune sauvage, la surveillance des océans et la gestion des ressources naturelles.
Chercher dans les étoiles les réponses aux problèmes terrestres n’est rien de nouveau sur le continent. Un groupe de nomades avait construit en Égypte le cercle de pierres de Nabta Playa il y a plus de 7.000 ans pour indiquer le solstice d’été et prévoir l’arrivée de la saison des pluies.
Nabta Playa, antérieur au site anglais de Stonehenge, est le plus ancien cercle de pierres et peut-être le premier observatoire astronomique de la planète. Il a été aujourd’hui réassemblé au musée de la Nubie à Assouan (Égypte). L’ouverture de l’Agence spatiale africaine (ASAf) au Caire en avril 2025 assure le rôle de l’Égypte dans l’histoire spatiale du continent.
L’ASAf témoigne d’une dépendance spatiale accrue des pays africains pour résoudre divers problèmes. « L’espace devient rapidement une frontière stratégique pour les pays africains, étant donné ses contributions concrètes à la sécurité nationale, au développement socio-économique et à la résilience contre les menaces transnationales », écrit le Dr Temidayo Oniosun, fondateur et directeur général de la société Space in Africa, pour le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA) en septembre 2025.
Au moins 21 pays africains ont un programme spatial. 18 d’entre eux ont lancé au moins un satellite, pour un total continental de 65. 120 satellites sont en développement et devraient être lancés avant la fin 2030.
L’ASAf offre la coordination stratégique, réduit les répétitions et encourage un accès commun à l’infrastructure et aux données. Le Programme de partenariat spatial Afrique-Union européenne lancé en 2025 avec un financement de l’UE à hauteur de 100 millions d’euros renforcera la capacité des pays africains pour surveiller la météo, améliorer l’agriculture, gérer les catastrophes et encourager le développement du secteur privé, le tout « en assurant que les données et les systèmes produits appartiennent à l’Afrique », écrit le Dr Oniosun.
Les pays font aussi avancer leurs initiatives individuelles, et les dépenses continentales annuelles liées à l’espace atteignent en moyenne 500 millions de dollars. Par exemple, le ministère tunisien de l’Agriculture, des Ressources d’eau et des Pêches déploie depuis 2021 un système de surveillance satellitaire pour les navires de plus de 15 mètres de long, selon Space in Africa.
L’Agence spatiale nationale sud-africaine (SANSA) a annoncé en avril 2025 qu’elle allait acquérir des images satellitaires hebdomadaires montrant la zone économique exclusive du pays, y compris l’île du Prince-Édouard et l’île Marion, dans le but de protéger son économie maritime. Cet effort fait partie d’une plus vaste opération sud-africaine appelée Phakisa, initiative gouvernementale visant au développement rapide d’une série d’éléments dans le plan de développement national. Phakisa signifie « dépêchez-vous » en sesotho.
« Le jeu de capteurs d’observation terrestre de la SANSA est conçu pour soutenir les décideurs du gouvernement et du secteur privé en fournissant des données satellitaires pour la gestion des ressources naturelles, la réponse aux catastrophes, la sécurité alimentaire et l’agriculture, les colonies humaines, les écosystèmes et la biodiversité, les activités marines et maritimes, et la planification de l’infrastructure », a annoncé SANSA.
En Afrique de l’Est, l’Agence spatiale du Kenya et la Réserve naturelle du mont Kenya ont conclu en 2023 un accord de partenariat de cinq ans pour employer la technologie géospatiale afin d’améliorer la protection des bongos de montagne, espèce d’antilope en danger critique d’extinction, selon Ghana News. Seulement quelques douzaines de ces animaux demeurent dans les forêts alpestres du Kenya.
« Le fil conducteur de ces exemples est le fait que les ressources de l’espace ne sont pas des symboles abstraits de prestige technologique, mais des instruments concrets de souveraineté et de sécurité », écrit le Dr Oniosun pour le CESA.
La possibilité d’amélioration de la sécurité contre le terrorisme, le trafic et autres menaces à l’aide de la technologie spatiale est évidente.
Le Dr Oniosun déclare dans une interview du 25 mai 2025 pour NPR : « Lorsque vous considérez la plupart des problèmes auxquels le continent fait face aujourd’hui, un grand nombre d’entre eux peuvent être affrontés avec de meilleures informations et de meilleures données. Vous pouvez surveiller les frontières avec la technologie satellitaire. La surveillance peut aider dans les conflits armés. Vous pouvez surveiller l’infrastructure. Vous savez, nous avons beaucoup de problèmes concernant l’extraction minière en Afrique aujourd’hui. Vous pouvez vraiment solutionner beaucoup d’entre eux avec de meilleures informations et de meilleures données. »
Mais en fin de compte, le Dr Oniosun déclare que la coopération et la mise en commun des ressources seront cruciales pour la sécurité continentale grâce à la technologie spatiale.
Il écrit pour le CESA : « La vraie mesure du succès n’est pas le nombre de satellites que chaque pays peut lancer, mais l’efficacité avec laquelle le continent dans son ensemble peut exploiter l’espace pour réaliser ses objectifs communs. La coordination, le développement des capacités et les institutions continentales telles que l’ASAf seront centraux pour éviter de fragmenter les investissements et assurer que l’espace devienne un facteur d’intégration plutôt que de répétition. »