Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) est un groupe terroriste qui a pris d’assaut une base militaire malienne et ouvert le feu à l’aube du 1er juin. Quelques heures plus tard, des vidéos en ligne ont montré la célébration des combattants du GSIM qui marchaient sur les cadavres des soldats mort.
Les terroristes affirment qu’ils ont tué plus de 100 soldats et capturé 20. Selon l’Arab Weekly, le massacre est l’une de plus d’une douzaine d’attaques conduites par le GSIM contre des avant-postes militaires et des localités du Burkina Faso, du Mali et du Niger en mai et juin. Le groupe dit qu’il a tué plus de 400 soldats dans ces attaques.
« L’offensive a produit l’une des périodes de trente jours les plus meurtrières du Sahel et fait du mois de mai la période la plus meurtrière au Sahel depuis août 2024 », écrit l’analyste Liam Karr pour l’Institut pour l’étude de la guerre.
En mai, les attaques du GSIM dans les trois pays gouvernés par des juntes ont tué plus de 850 personnes, y compris des forces de sécurité. Ceci est une hausse comparé à la moyenne de 600 morts au cours des mois précédents, selon le projet ACLED (Armed Conflict Location and Event Data).
Les experts déclarent à l’Arab Weekly que le GSIM change de stratégie : au lieu d’attaquer principalement les zones rurales, il souhaite contrôler un plus grand territoire autour des centres urbains tout en affirmant sa dominance politique au Sahel.
« Les attaques récentes indiquent un effort concret visant à encercler les capitales sahéliennes, aux fins de créer un état parallèle s’étendant de l’Ouest du Mali au Sud du Niger et au Nord du Bénin », déclare Mucahid Durmaz, analyste principal pour l’Afrique chez le groupe de renseignement des risques Verisk Maplecroft, au journal.
Le groupe était particulièrement affairé le 1er juillet : il a attaqué deux postes de l’armée malienne dans la région centrale du pays et cinq postes de l’armée dans l’Ouest, ainsi que des postes sur les frontières de la Mauritanie et du Sénégal. Il a aussi attaqué Kayes, chef-lieu de la région de Kayes, où 80 % de la production aurifère du Mali est située. Les militants ont aussi pris pour cible des postes de police, des bâtiments du gouvernement et des sites industriels. Ce même jour, une faction du GSIM appelée Katiba Macina a frappé des sites industriels et miniers de Bafoulabé, ainsi qu’un couloir principal de logistique et de commerce.
Bien que les Forces armées maliennes aient tué 80 militants dans les combats du 1er juillet, « l’échelle, la synchronisation et l’ampleur » de l’opération du GSIM a mis en lumière ses « capacités sophistiquées de coordination en hausse », écrivent les analystes du Soufan Center.
Le 1er août, le GSIM a tendu une embuscade à un convoi de mercenaires russes de l’Africa Corps dans la région malienne de Mopti avec des mitrailleuses et des lance-grenades, en tuant au moins trois mercenaires et blessant plusieurs autres.
Au Burkina Faso, le GSIM a intensifié la pression sur les centres administratifs et de population et les chef-lieu des communes pendant l’année. Ses attaques contre les communes burkinabés sont sur le point de conduire à autant de décès en 2025 que pendant les deux années 2023 et 2024 combinées, selon ACLED. Les attaques du GSIM contre les chef-lieu provinciaux du Faso en 2025 vont sans doute plus que doubler le nombre de décès des années 2023 et 2024 combinées.
« Le changement de focus vers les centres des communes et des provinces indique un effort d’augmentation de la pression contre ces cibles politiquement sensibles et moins vulnérables », écrit Liam Karr.
De nombreuses attaques conduites au Burkina Faso se sont déroulées près de la frontière malienne. Elles ont exposé les limites du soutien aérien des juntes du Sahel et souligné les adaptations tactiques du GSIM, qui parfois reste pendant des heures dans les localités saisies sans peur de frappes aériennes ou de drones. Une vidéo du GSIM montre ses combattants utilisant des canons anti-aériens de 14.5 mm volés, pour forcer le soutien aérien burkinabé à battre en retraite à Djibo.
« L’augmentation des attaques contre les centres de population politiquement plus sensibles met en lumière le fait que l’État ne peut pas protéger la population, ce qui conduit les responsables locaux à négocier avec le GSIM pour protéger leur communauté, écrit Liam Karr. Le GSIM a assiégé des centres de population dans tout le Sahel pour conclure ces accords locaux au cours de ces dernières années. »
Le GSIM est dirigé par le Touareg Iyad Ag Ghali, ex-diplomate malien. Les analystes pensent que le groupe pourrait avoir plusieurs milliers de combattants, pour la plupart des jeunes hommes et garçons qui n’ont pas d’opportunité économique. Il cherche à imposer son interprétation rigide des lois islamiques au Sahel. Bien que le GSIM soit affilié à Al-Qaïda, son approche dans la région est similaire aux efforts de l’État islamique en Syrie.
Dans certaines zones, le GSIM a imposé un code vestimentaire strict, interdit la musique et le tabagisme, ordonné aux hommes de laisser pousser leur barbe et empêché les femmes d’être seules dans les zones publiques. Selon Yvan Guichaoua, chercheur principal au Bonn International Centre for Conflict Studies, cette interprétation de l’islam est contraire aux pratiques normales de la religion dans les communautés sous le contrôle du GSIM.
« Ces pratiques sont clairement contraires aux pratiques établies et certaines ne [sont] pas très populaires, déclare le professeur Guichaoua à la BBC. Mais leur attrait dépend aussi de ce que l’état est capable de livrer, et ce que l’état a fait au cours des dernières années a suscité de grandes déceptions. »