La World Hongmen History and Culture Association est une organisation moderne qui se qualifie de cercle fraternel ethnique engagé dans la promotion de la culture chinoise à l’étranger. Établie en 2013, elle dérive son nom d’une société secrète chinoise qui remonte à plusieurs siècles, connue sous le nom des Hongmen.
Dans le passé, tout comme aujourd’hui, le groupe s’est révélé être une façade pour le crime organisé. Il est actif dans le monde entier et sa présence en Afrique est en hausse.
Wan Kuok Koi, chef mafieux parmi les plus puissants d’Asie, dirige la version moderne des Hongmen. Il a créé l’association après avoir passé près de 14 ans en prison à Macao pour tentative de meurtre, association criminelle, prêts usuraires et activités de jeu illégales.
Martin Purbrick écrit le 7 juin dans une analyse pour l’institut de recherche Fondation Jamestown : « Les Hongmen sont interconnectés depuis longtemps avec les réseaux chinois d’outre-mer, y compris les triades criminelles. L’identité des Hongmen continue de chevaucher la ligne de démarcation entre une organisation culturelle et une entreprise criminelle. »
Wan, dont le surnom est « Dent cassée », était l’ancien chef de la triade 14K, un des plus grands syndicats transnationaux chinois du crime organisé engagé dans le trafic de drogues, la cybercriminalité, la traite humaine, le jeu illégal, le racket et plusieurs autres crimes.
À mesure que les autorités d’Asie du Sud-Est répriment les crimes, les syndicats tournent leur attention vers l’Afrique à la recherche de nouveaux marchés et de vulnérabilités.
« On observe de plus en plus les réseaux criminels asiatiques majeurs qui établissent des connexions et des opérations sur le continent et qui exploitent des vulnérabilités semblables à celles existant en Asie du Sud-Est », déclare l’Office des Nations unies sur les drogues et le crime (ONUDC) dans un rapport du mois d’avril.
« On signale aussi que la World Hongmen History and Culture Association a intensifié ses activités en Ouganda et dans d’autres pays africains au cours des dernières années. »
On indique qu’il existe deux groupes 14K parmi les sept organisations criminelles chinoises actives en Afrique du Sud. 14K-Hau et 14K-Ngai conduisent des activités au Cap et à Johannesbourg, en se spécialisant dans l’extorsion et le trafic des ormeaux. En 2000, les groupes ont gagné un montant estimé à 32 millions de dollars dans l’exportation des ormeaux vers Hong Kong, selon l’Institut d’études de sécurité basé à Pretoria.
Le type d’entreprise criminelle transnationale de grande échelle que les Hongmen sont accusés de conduire en Asie du Sud-Est s’est manifesté l’an dernier au Nigeria. L’Ouganda a émergé comme source majeure de trafic des victimes et l’Afrique du Sud a développé une plateforme du crime financier en pleine croissance, selon les enquêteurs de l’ONUDC.
Ces opérations, souvent gérées par des ressortissants chinois, produisent des dizaines de milliards de dollars par an en ciblant les victimes du monde entier avec de faux investissements, des cryptomonnaies, des arnaques sentimentales et autres extorsions cyber. Elles sont bien connues pour acquérir et utiliser le travail des victimes de la traite humaine.
De nouveaux reportages montrent les liens croissants entre le gouvernement chinois et les groupes chinois du crime organisé. Une enquête du 24 juin conduite par le Washington Post a découvert que l’association des Hongmen était interconnectée avec le Parti communiste chinois (PCC) d’une façon qui était inconnue auparavant.
Nathan Paul Southern, chercheur du groupe indépendant Eyewitness Project qui enquête sur les industries illicites, déclare que les Hongmen ne sont pas comme les triades chinoises qui donnent priorité au contrôle d’un territoire.
L’association des Hongmen a formé une « constellation de structures d’affaires » qui lui a permis de se développer rapidement dans des régions de l’hémisphère Sud à la recherche d’investissements, dit-il au Post.
Purbrick déclare que le PCC a décidé de fermer les yeux sur les activités des Hongmen alors qu’ils se propagent dans les pays qui participent à l’initiative chinoise de la Nouvelle Route de la Soie, dans laquelle les Hongmen et les triades associées sont actifs. Ces entreprises géantes sont un outil dans la stratégie de front uni du PCC pour propager son influence au-delà de la portée officielle tout en minimisant l’importance d’une association directe avec le gouvernement chinois.
« Ces organisations soutiennent le but d’un travail de front uni, dit-il. Le PCC a toléré cet arrangement et en a même bénéficié, car les groupes de Hongmen associés aux triades appuient ses objectifs géopolitiques. »
Martin Thorley, analyse principal et spécialiste de la Chine à la Global Initiative Against Transnational Organized Crime, déclare que les liens entre l’association des Hongmen et le PCC ont été démontrés, notamment par les photos montrant l’octroi d’une récompense d’état à M. Wan pour son patriotisme.
Thorley déclare au Post : « Ceci dépasse la diplomatie clandestine. C’est la criminalité qui est profondément ancrée dans les rouages de l’État. »
Il dit que le PCC prend des décisions « précises et délibérées » concernant ses associations, et que M. Wan pourrait bien être « le criminel le plus notoire du continent. Pour qu’ils lui donnent un prix … c’est tout à fait catégorique. C’était une validation. »