Plusieurs décennies de conflit armé dans l’Est de la République démocratique du Congo ont créé un cycle familier d’espoir pour les pourparlers de paix et de déception lorsque les combats continuent.
Après l’accord concernant un cessez-le-feu temporaire entre le gouvernement congolais et les rebelles M23 soutenus par le Rwanda, conclu le 23 avril à Qatar, il n’a pas fallu longtemps pour que le renouvellement des combats brise la paix. Mais alors que les deux parties continuent à négocier un accord plus vaste, il existe un nouvel espoir.
« La situation n’a pas changé, les combats continuent et la situation humanitaire est aussi dramatique que jamais au Nord- et au Sud-Kivu », a déclaré la ministre des Affaires étrangères congolaise Thérèse Kayikwamba Wagner devant le Conseil de sécurité des Nations unies le 16 avril.
Depuis 2021, les deux belligérants ont conclu au moins six trêves qui se sont plus tard effondrées. La plus récente offensive du M23 a provoqué la mort d’au moins 7.000 personnes, forcé plus de 1,1 million de personnes de leur foyer et brandi le spectre d’une guerre régionale plus vaste.
Le 4 mai, les rebelles du M23 ont capturé la localité de Lunyasenge sur la côte Ouest du lac Édouard. Les Forces armées congolaises (FARDC) ont confirmé que sept soldats et dix rebelles avaient été tués dans les affrontements.
Les négociations ont redémarré à Doha (Qatar) le 3 mai, selon les déclarations à Reuters d’un responsable qui est au courant des pourparlers. « Les négociations ont lieu dans une atmosphère positive et les deux parties ont exprimé leur optimisme pour le dialogue. »
Les experts tels que Paul Nantulya, chercheur au Centre d’études stratégiques de l’Afrique, notent les antécédents de conflit armé de la région pour avertir des épreuves affrontés par toute négociation de paix.
Il écrit dans une analyse du 15 avril : « Le caractère multidimensionnel de la crise en RDC rend sa résolution particulièrement difficile. En plus des dimensions régionales, la nationalité et la citoyenneté disputées des Congolais d’origine rwandaise ou burundaise dans l’Est du Congo est une doléance majeure qui a alimenté toutes les rébellions principales en RDC. »
Les analystes Yale Ford et Liam Carr prédisent qu’il est probable que les pourparlers de paix limiteront l’ampleur de la violence mais ils anticipent que les combats « presque certainement continueront ». Ils déclarent que la mobilisation des groupes armés locaux appelés Wazalendo par le gouvernement congolais pourrait saper les négociations.
« Les combattants Wazalendo alliés au gouvernement et autres milices anti-Tutsi représentent un obstacle important aux efforts de construction de la paix et de la confiance, quel que soit le statut des négociations entre la RDC, le M23 et le Rwanda, parce que les milices ne participent pas à ces pourparlers et il est probable que la RDC ne pourra pas contrôler les milices », écrivent-ils dans la publication du dossier africain du projet des menaces critiques (Critical Threats Project’s Africa File) le 1er mai.
Les efforts de paix ont conduit à une baisse des combats entre les soldats congolais et les milliers de soldats rwandais dans l’Est de la RDC, selon le projet ACLED (Armed Conflict Location and Event Data) qui a signalé au début avril que les forces rwandaises avaient cessé leurs opérations directes après le cessez-le-feu. Les groupes Wazalendo ont continué à attaquer les positions rebelles dans les villes saisies par le M23 et autour de celles-ci. Toutefois, à cause de l’attaque du M23 contre Lunyasenge, tous les médiateurs retiennent leur souffle alors que les parties poursuivent leurs pourparlers de paix fragiles.
Le colonel Mak Hazukay, porte-parole des FARDC, a condamné l’attaque contre Lunyasenge en la qualifiant de « violation intentionnelle et flagrante du cessez-le-feu et de toutes les mesures établies pour se conformer aux négociations en cours à Doha (Qatar) et Washington ».
Les États-Unis sont devenus un autre médiateur tiers lorsque Mme Wagner et son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, ont conclu un accord à Washington le 25 avril, en s’engageant à respecter leur souveraineté mutuelle et à s’abstenir de fournir un soutien militaire aux groupes armés.
Après une réunion tendue sans se serrer la main, Mme Wagner a déclaré plus tard que l’accord équivalait à l’engagement d’un retrait des forces rwandaises, comme indiqué dans la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Les deux côtés ont soumis séparément des projets d’action de paix le 2 mai.
Elle a déclaré aux journalistes : « La bonne nouvelle, c’est qu’un espoir existe pour la paix. La vraie nouvelle, c’est que la paix doit être méritée et elle nécessitera le sérieux, la transparence et la sincérité. »