À la suite du succès des drones aériens, les forces navales explorent les possibilités d’utilisation de bateaux de surface sans équipage pour répondre aux menaces maritimes.
Les drones maritimes, appelés aussi DSN (drones de surface navals), ont une longueur qui varie entre 1 et 100 mètres. Ils sont contrôlés par des opérateurs terrestres ou naviguent de façon autonome à l’aide de capteurs. Ils offrent des avantages évidents comparé aux bateaux traditionnels : ils sont plus économiques, ils fonctionnent par tous les temps et ils ne mettent pas en danger les marins.
Matthew Ratsey de la société Zero USV déclare à la chaîne d’actualité sud-africaine Engineering News : « Ces avancées ont transformé les DSN en véritable multiplicateur de force. Ils étendent la portée des forces maritimes, permettent des missions sur de vastes zones sans port, plateforme énergétique offshore ou câble sous-marin et assurent la surveillance 24h/24 et la détection des menaces en temps réel. »
Les DSN de pointe contiennent des ensembles de capteurs avec des caméras, des sonars, des radars et des systèmes acoustiques pour donner aux opérateurs une image globale de l’environnement. Certains sont munis d’un processus de prise de décision basé sur l’IA qui peut traiter les données recueillies et identifier instantanément les problèmes ou les menaces. Les systèmes de communication permettent la mise en commun ininterrompue des données avec les centres de commandement, selon un reportage d’Engineering News.
Le secteur privé utilise déjà les DSN pour surveiller les ports, les installations pétrolières et les parcs éoliens en mer. Les marines nationales pensent que les bateaux peuvent aussi être utiles pour faire face à la pêche illégale, au trafic et autres menaces.
« De plus en plus de pays considèrent aujourd’hui que les DSN sont essentiels pour améliorer la surveillance, dissuader la piraterie et conduire des missions de collecte de renseignement », déclare M. Ratsey.
La valeur militaire des DSN a été démontrée dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie. L’Ukraine n’a pas de navire de guerre mais elle combat les attaques russes en mer Noire principalement à l’aide de drones maritimes. L’Ukraine a déployé un bateau produit localement et appelé le Magura V5 à des fins de surveillance, de reconnaissance, de guerre des mines et d’attaques kamikaze.
Viktor Lystopadov, directeur régional de la société ukrainienne SpetsTechnoExport, déclare à defenceWeb que les DSN ont changé les règles des conflits modernes. Il dit que son pays a été capable de détruire plus de 20 navires russes d’une valeur de 2 milliards de dollars à l’aide de drones maritimes qui sont beaucoup moins chers. L’an dernier, un DSN ukrainien a abattu un hélicoptère russe Mi-8 ; selon lui, on pense que c’est la première fois qu’un DSN abat un aéronef piloté.
Il déclare à defenceWeb : « Aujourd’hui, nous couvrons presque toute la surface de la mer Rouge avec nos drones. C’est un nouveau type de guerre que nous avons en Ukraine … nous nous améliorons sans cesse. »
Certains pays africains font de grands progrès dans l’emploi des DSN.
- En Afrique du Sud, le constructeur naval Legacy Marine construit un vaisseau de 9,5 m qui utilise l’IA et la robotique pour naviguer. On pense que c’est le premier DSN entièrement construit et testé en Afrique du Sud.
- La Marine nigériane a acquis deux DSN SwiftSea Stalker auprès du constructeur américain Swiftship. On anticipe que ces vaisseaux, d’une portée de 400 milles marins et une vitesse de 45 nœuds, seront utilisés dans le delta du Niger, sur le lac Tchad et sur d’autres voies navigables difficiles à patrouiller.
- L’an dernier à Obangame Express, exercice maritime le plus grand d’Afrique de l’Ouest, la Marine des États-Unis a déployé un véhicule sous-marin et de surface autonome appelé TRITON. Ce vaisseau de 4,4 m peur rester submergé jusqu’à 8 jours et serait utile pour les marines africaines à l’avenir, selon les organisateurs de l’exercice.
Étant donné que de nombreux pays africains côtiers possèdent de vastes domaines maritimes à patrouiller et des moyens limités pour le faire, certains observateurs pensent que le temps est venu d’investir dans les drones de surface et sous-marins.
Denys Reva de l’Institut d’études de sécurité écrit : « La sécurisation de l’espace maritime de l’Afrique est une entreprise majeure. La plupart des états n’ont pas de capacité suffisante pour la surveillance, que ce soit pour dissuader ou arrêter les contrevenants potentiels. Puisque leur coût est abordable et qu’ils sont relativement faciles à déployer, les drones peuvent aider les marines et les gardes côtières. »