Un jeune étudiant togolais a été attiré en Russie par une offre de bourse d’étude l’an dernier. Mais au lieu d’aller à l’université, il a été envoyé en première ligne à la guerre de la Russie en Ukraine. Il fut l’un de plusieurs ressortissants togolais à être capturés et détenus par les forces ukrainiennes.
Le Mouvement Martin Luther King (MMLK), organisation togolaise des droits de l’homme, a alerté les autorités de la situation du jeune homme en mars. Dans une déclaration, MMLK a dit que l’homme avait reçu son visa d’étudiant à l’ambassade russe de Cotonou (Bénin) et était parti pour la Russie le 21 août 2024.
Selon la déclaration, « à son arrivée en Russie, il a été forcé à s’enrôler dans l’armée pour aller au front ukrainien. C’est là qu’il a été sérieusement blessé, capturé et jeté en prison. »
En réponse, le ministère togolais des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais à l’étranger a émis une déclaration pour exhorter la population, en particulier les jeunes, à faire preuve de vigilance lorsqu’ils cherchent à aller étudier à l’étranger.
Le ministère a exhorté les résidents togolais à « vérifier l’authenticité des offres de bourse avant tout engagement, et de contacter les services compétents ou tout autre ministère pertinent, en particulier le ministère de l’Éducation supérieure et de la Recherche, afin d’obtenir des informations fiables et sûres avant de partir à l’étranger, en particulier en Russie ». Il a aussi dit que les diplomates togolais s’efforçaient d’aider les ressortissants togolais capturés par l’Ukraine.
En juin 2024, Bloomberg a signalé que les officiels russes disaient aux étudiants africains et aux jeunes travailleurs que leur visa ne serait pas prolongé s’ils n’acceptaient pas de rejoindre l’armée. La Russie a aussi recruté des jeunes des pays suivants : Burundi, Cameroun, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Sierra Leone, Somalie et Tanzanie.
Les recrues africaines sont fréquemment attirées par des salaires relativement élevés et la possibilité d’obtenir un passeport russe. En date de novembre 2024, la Russie avait octroyé la nationalité à plus de 3.000 étrangers en échange de leur service militaire. Certains combattants sont des détenus africains dans les prisons russes, à qui on promet de réduire la condamnation.
Le recrutement des combattants étrangers « permet au Kremlin d’acquérir du personnel supplémentaire pour ses efforts de guerre, face à la hausse du nombre de morts », selon le ministère de la Défense du Royaume-Uni. Les critiques ont condamné certaines pratiques de recrutement du Kremlin en les qualifiant de traite humaine.
Parmi les milliers de gens induits à quitter le continent, on compte le jeune Camerounais du nom de Samuel qui avait reçu une offre d’emploi comme gardien en Russie. Mais il avait été envoyé dans un camp militaire, reçu un uniforme et un fusil d’assaut AK-47, forcé de signer un contrat et envoyé au front. Il avait dit que les combattants africains étaient envoyés pour récupérer les cadavres ou marcher sur plusieurs kilomètres pour repérer les cibles.
Samuel, employant un pseudonyme, avait déclaré sur Radio France Internationale (RFI) : « Ici, dès que nous pouvons marcher, ils nous envoient au front. Les Africains sont en première ligne. Les Russes restent dans le camp ; ils envoient les Noirs et les étrangers au front pour occuper et avancer. »
Samuel a déclaré que les combattants étrangers étaient mal équipés et ceux qui battaient en retraite étaient torturés. Vers la mi-décembre 2024, Samuel récupérait d’une blessure lorsqu’il envoya un message à RFI disant qu’il avait reçu l’ordre de participer à une mission suicide le jour suivant. Il dit : « Je vais perdre mon fusil pour ne pas avoir à le faire. Je serai probablement torturé et emprisonné, mais je préfère sauver ma vie. »
C’est l’un des derniers messages que RFI a reçus de lui.
Les observateurs déclare que la Russie nécessite au moins 20.000 nouvelles recrues par mois pour compenser les pertes sur le champ de bataille. En novembre 2024, le mois de combat le plus meurtrier depuis le début de la guerre, on estime que 45.680 Russes sont morts, selon le ministère de la Défense du Royaume-Uni.
La BBC estime que 112.000 soldats russes sont morts à la guerre l’an dernier, tout en reconnaissant la difficulté de calculer le chiffre exact. « Le recrutement russe a aussi augmenté au cours du deuxième semestre 2024 et dépassé le nombre de morts à la guerre, ce qui a permis à Moscou de créer des unités supplémentaires », déclare l’analyste militaire Michael Kofman à la chaîne d’information.