L’assassinat de 31 civils dans le district de Salha à Omdourman à la fin avril a incité le gouvernement soudanais à demander à nouveau que la communauté internationale désigne les Forces de soutien rapide (FSR) comme organisation terroriste.
« Ce crime terroriste perpétré par la milice a secoué la conscience humaine », a déclaré le ministère soudanais des Affaires étrangères.
Bien que des commandants individuels des FSR soient sanctionnés internationalement, les FSR ne le sont pas.
La demande consistant à définir les FSR comme terroristes fait écho à celle du général Abdel Fattah al-Burhan, chef de facto du Soudan, faite en 2024. Ces deux demandes ont suscité peu de réaction chez les autres pays. Les critiques déclarent que les actions du général Burhan tentent de légitimer les actes des Forces armées soudanaises (FAS), qui ont aussi été accusées de crimes de guerre.
Les analystes déclarent que le manque d’attention internationale a créé un sentiment d’impunité parmi les combattants des deux côtés. Toutefois, les combattants des FSR se sont montrés particulièrement flagrants pour exécuter et attaquer sexuellement les civils et commettre d’autres violences contre eux dans les zones qu’ils contrôlent.
L’analyste soudanais El Bashir Idris a récemment déclaré à Ayin Network : « Ceci n’est pas un événement isolé. Les RSF emploient la terreur comme outil de gouvernance, en utilisant les exécutions et le ciblage ethnique pour instaurer la peur. »
Les assassinats de Salha ont eu lieu lorsque les FAS chassèrent les combattants FSR de Khartoum et d’autres parties d’Omdourman. Les combattants FSR ont affiché une vidéo sur X montrant un groupe de jeunes hommes et d’adolescents assis ensemble sur le sol.
Dans un segment de la vidéo, un milicien criait : « Ne les battez pas, tuez-les tout simplement ! » Un autre disait que les assassinats étaient exécutés « avec précision », selon le site pro-gouvernemental Sudanese Echo qui a réaffiché la vidéo sur son propre site X et a traduit le dialogue.
D’autres vidéos montrent les victimes mortes empilées l’une sur l’autre alors qu’un combattant FSR marche au milieu des cadavres et met même le pied sur la tête d’une victime.
« Ces vidéos, filmées avec fierté par les tueurs eux-mêmes, ne laissent aucune place au démenti. Les crimes sont réels. L’horreur est indéniable », affiche Sudanese Echo sur X.
Sudanese Echo note que les chefs des FSR ont récemment nommé le major-général Abdelrahman Juma Barkallah au commandement des sections d’Omdourman toujours contrôlées par les FSR. Ses antécédents de supervision de la violence contre les Masalit du Darfour-Occidental « signalent clairement l’intention de la milice pour intensifier la violence contre les civils », écrivent les contributeurs de Sudanese Echo.
Le conflit entre les FAS et les FSR est maintenant entré dans sa troisième année. Il a forcé 15 millions de personnes hors de leur foyer et laissé en ruine beaucoup de villes du pays.
Depuis décembre, les FAS ont réussi à chasser les FSR d’un vaste territoire dans le Sud-Est et le centre du Soudan, souvent avec l’aide des drones turcs. À mesure que les FSR perdent du terrain, elles deviennent plus brutales dans les zones qu’elles contrôlent, en accusant souvent les civils d’appartenir à des milices. Les tortures et les exécutions telles que celles de Salha sont fréquentes.
« Les exécutions ont été filmées pour une raison : envoyer un message selon lequel personne n’est en sécurité », déclare M. Idris à Ayin Network.
En diffusant les exécutions publiques dans les quartiers civils, les FSR affichent pleinement leur capacité d’agir avec impunité, selon lui.
Le gouvernement Burhan affirme que les vidéos des exécutions de Salha suffisent pour déclarer que les FSR sont une organisation terroriste. Les observateurs notent que, bien que le général Burhan accuse les FSR de terrorisme, ses propres forces et leurs alliés ont commis des atrocités similaires dans les territoires reconquis des mains des FSR.
La tuerie de Salha s’est produite après des rapports d’exécutions extrajudiciaires dans le Sud de Khartoum commises par la brigade Al-Baraa alliée aux FAS, selon Volker Türk, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. Les combattants FSR disent que les personnes qui ont été tuées faisaient partie d’Al-Baraa, accusation que les familles des morts ont niée.
L’analyste Hamid Khallafallah a déclaré à Ayin Network que les assassinats tels que ceux de Salha sont perpétrés pour saper la confiance du public dans les FAS à mesure qu’elles s’avancent dans les zones détenues par les FSR.
« Par exemple, autour de Khartoum aujourd’hui, l’armée affirme que la zone est sécurisée et les gens peuvent retourner, mais les FSR ont attaqué Salha et d’autres districts d’Omdourman pour envoyer un message : les FAS n’ont pas gagné », dit-il.