Le major-général Godwin Mutkut du Nigeria est le commandant de la force de la FMM (Force multinationale mixte), qui lutte contre l’extrémisme et le banditisme dans le bassin du lac Tchad. Il lui a été difficile de s’absenter de son poste pendant une semaine.
Il dit que les défis sont immenses. Les groupes terroristes se cachent dans des « forteresses » insulaires denses qui parsèment le lac. La force opérationnelle manque de matériel tel que les bateaux rapides et les ressources aériennes. Son alliance de cinq pays se dégradera si le Niger la quitte.
Mais le général pense que sa participation à la conférence au sommet des forces terrestres africaines à Accra (Ghana) n’a pas détourné le focus de ses responsabilités. En fait, elle a été essentielle pour ses efforts.
Il déclare à ADF : « Il ne pouvait pas exister de meilleur forum pour me donner l’opportunité de rencontrer les divers chefs des services de tous les pays contributeurs de soldats et de leur parler face à face. »
Il a décrit ses conversations avec les chefs d’état-major d’armée de terre du Bénin et du Tchad, qui se sont informés avec beaucoup de détails sur les progrès de la lutte contre le terrorisme et l’ont assuré de leur soutien. Il est parti de la conférence en pensant que ces conversations avaient aidé à renforcer l’alliance antiterroriste, qui remonte à plus de dix ans.
« La FMM est la quintessence de ce que nous essayons de combler ici, déclare-t-il. L’unité et la camaraderie que nous évoquons, la FMM les représente. »
Les commandants militaires de plus de 40 pays africains et d’autres régions du monde se sont réunis à Accra pour la 13ème conférence au sommet des forces terrestres africaines, du 7 au 10 avril.
Cet événement, accueilli par les Forces armées du Ghana et la Force opérationnelle américaine d’Europe du Sud pour l’Afrique (SETAF-AF), avait pour thème : « L’optimisation des forces terrestres pour l’environnement sécuritaire émergent. »
Lors des sessions plénières, les intervenants ont traité de divers sujets, depuis la sécurité des frontières jusqu’à l’éducation militaire professionnelle et aux cybermenaces. Les Forces armées du Ghana ont mis en valeur les forces des opérations spéciales du pays en présentant un abordage de navire, un débarquement sur la plage et une libération d’otage simulée.
Dans son allocution d’ouverture, le major-général Andrew Gainey, commandant de SETAF-AF, a exhorté les participants à tirer profit des « opportunités inégalées » pour aller de l’avant vers une « indépendance opérationnelle ». Il voulait par dessus tout que les commandants des forces terrestres africaines bâtissent des liens mutuels de confiance de façon à pouvoir les utiliser pour faire face aux menaces communes.
« Les menaces que nous affrontons aujourd’hui n’ont pas de limite, elles n’ont pas de frontière et exigent plus que de simples forces terrestres optimisées, a dit le général Gainey. C’est le bien-fondé de la conférence qui nous réunit ici aujourd’hui. Ensemble, nous renforçons les liens entre les forces terrestres africaines. Ensemble, nous fortifions la confiance et la collaboration nécessaires pour faire face à quelques-uns des défis de sécurité les plus urgents du monde. »
Le général de brigade Simon Ndour, chef d’état-major de l’armée de terre du Sénégal, a apprécié ces paroles. Bien qu’il soit entré en fonction seulement quatre mois auparavant, il a retrouvé des visages connus dans la salle de banquet de la conférence, des personnes qu’il avait connues durant ses décennies de service et ses rôles dans six missions de maintien de la paix. Il a qualifié les réunions de « satisfaction spéciale ».
« Nous nous sommes rencontrés dans les académies ; nous nous sommes rencontrés dans les missions au fil des ans. Les revoir maintenant, c’est donc un grand plaisir », a-t-il dit à propos de ses collègues.
Le général Ndour était particulièrement intéressé à partager les meilleures pratiques sur la sécurisation des régions frontalières. Sur le continent, les frontières poreuses et les communautés frontalières négligées sont devenues des foyers de trafic et d’extrémisme. En Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest, 23 % des événements violents se produisent à moins de 20 km d’une frontière.
Depuis 2003, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal ont en place un programme de gestion des frontières qui prévoit des patrouilles conjointes et d’autres types de collaboration. Le général Ndour a partagé son expérience avec ses collègues et a écouté en échange de nouvelles idées, par exemple des présentations sur l’emploi de la « technologie de frontière intelligente », la sensibilisation aux communautés frontalières et la modernisation des démarcations de frontière.
« Vous recevez des informations de fond auprès des autres pays et vous apprenez comment ils traitent leurs frontières, parce que certains pays font face à une insécurité beaucoup plus grave qu’au Sénégal, a-t-il déclaré à ADF. C’est donc une bonne chose de savoir comment ils gèrent leurs forces armées pour relever ces défis. »
Le Dr Edward Kofi Omane Boamah, ministre de la Défense du Ghana, déclare qu’il espérait voir « des solutions réalistes et économiques » qui émergeraient des discussions des participants à la conférence. Il les a exhortés à profiter au mieux de leur présence.
« Les opportunités telles que la conférence au sommet des forces terrestres africaines 2025 offrent un point de départ unique et une plateforme pour acquérir des solutions auprès de quelques-uns des meilleurs théoriciens du secteur mondial de la défense et la sécurité, dit-il. Je pense avec confiance que vos délibérations aboutiront à des idées révolutionnaires, des idées d’avant-garde qui fourniront des solutions à long terme pour relever nos défis communs. »