Le maréchal de l’air Hasan Abubakar a commencé sa carrière dans l’Armée de l’air nigériane (NAF) il y a plus de 30 ans. Il est pilote avec plus de 4.500 heures de vol. Il a été officier commandant l’escadre « B » et officier de l’aile des services de la base au 81ème groupe aéro-maritime. Il a passé une grande partie de sa carrière au 88ème groupe de transport aérien militaire à Ikeja. Il a aussi été officier des opérations de flotte, puis commandant de la flotte aérienne présidentielle 011 à Abuja. À l’international, il fut chef d’équipe pour la mission des Nations unies en République démocratique du Congo. En juin 2023, il a été nommé chef d’état-major. La NAF a diffusé cette interview du maréchal Abubakar par l’intermédiaire de Coral Coast Public Relations pendant le forum des armées de l’air africaines en mai 2024. Elle a été modifiée pour des raisons de longueur et de clarté.
Q : L’Armée de l’air nigériane célèbre son 60ème anniversaire. Quels sont certains de ses accomplissements notables ?
R : C’est vrai, l’Armée de l’air nigériane est parvenue à maturité, après avoir accompli une transformation importante dans son organisation, ses effectifs et son matériel. À ses débuts en 1964, le service pouvait à peine assumer ses responsabilités primaires de défense du pays par les airs, à cause du petit nombre de plateformes qui étaient disponibles. Jusqu’en 1970, le service dépendait uniquement de partenaires étrangers tels que le groupe d’assistance de l’Armée de l’air allemande pour la formation technique et non technique. Néanmoins, le service a tout de même été capable de participer à la guerre civile qui a commencé en 1967 et il a relevé ce défi malgré son jeune âge. Au fil des années, en particulier pendant sa période de formation dans les années 1970 et jusqu’à 1990, la NAF a subi des améliorations de plateforme et de matériel, alors que de nouveaux éléments ont aussi été acquis. Le service a aussi été sujet à une réorganisation de sa structure de force, tout en renforçant sa formation et sa capacité d’entretien des aéronefs. Entre 1990 et 2000, la NAF a eu une certaine expansion en établissant de nouveaux commandements et de nouvelles formations qui ont augmenté sa présence au Nigeria. Les accomplissements de la NAF qui sont peut-être les plus notables ont été constatés dans la période commençant en 2000. La NAF a fortement contribué au rétablissement de la paix au Liberia, en Sierra Leone, en Gambie et au Mali. Le service a acquis des capacités techniques et non techniques importantes, et il possède aujourd’hui la capacité de conduire la plupart de sa formation dans le pays. La première incursion du pays dans l’utilisation des systèmes aériens sans humain à bord (UAS) et l’utilisation accrue des munitions à guidage de précision ont révolutionné nos contributions aux efforts de contre-terrorisme et de contre-insurrection. Avec son éventail actuel de plateformes disponibles et anticipées, la NAF peut se vanter avec confiance d’être une force tactique équilibrée qui peut protéger efficacement la souveraineté du Nigeria, assurer sa sécurité nationale et contribuer aux missions de maintien de la paix, à la fois dans la région et dans le monde.
Q : Comment l’Armée de l’air du Nigeria s’est-elle adaptée à l’évolution des menaces de sécurité, en particulier concernant le contre-terrorisme et la sécurité des frontières ?
R : Jusqu’à présent, la NAF était en grande mesure entraînée et équipée pour conduire des guerres conventionnelles et des opérations dans l’exécution depuis les airs de sa fonction primaire de défense de l’intégrité territoriale d’un Nigeria uni. Toutefois, les événements de la participation de la NAF à la guerre asymétrique, depuis une dizaine d’années environ, ont dicté le besoin d’une évolution dans cette approche, pour affronter les menaces non conventionnelles des acteurs non étatiques. En s’adaptant à ces menaces, la NAF a dû repenser ses programmes de formation pour accommoder les tactiques utilisées par les acteurs non étatiques. Le service s’est aussi concentré sur la protection de force de ses troupes et son matériel en augmentant l’entraînement et l’emploi du personnel des régiments/forces des opérations spéciales de la NAF. Ce personnel bien formé a lancé des offensives terrestres pour rechercher, découvrir et neutraliser ces criminels en amenant la guerre chez eux. L’entrée de nouvelles plateformes telles que les hélicoptères, les plateformes de surveillance avec ou sans humain à bord, les véhicules aériens de combat sans humain à bord et les plateformes d’attaque terrestre telles que les aéronefs Super Tucano fait entièrement partie de notre stratégie d’adaptation qui donne à la NAF l’avantage technologique sur les acteurs non étatiques.
Q : Comment l’Armée de l’air nigériane priorise-t-elle l’innovation et emploie-t-elle la dernière technologie ?
R : Pour maintenir un avantage compétitif dans le panorama sécuritaire en évolution constante, la NAF a lancé un programme robuste de recherche et développement pour suivre les technologies émergentes et leur application à la guerre moderne. Dans ce but et par l’intermédiaire de l’Institut de technologie de l’Armée de l’air et du Centre de recherche et développement de l’Armée de l’air, la NAF collabore avec les institutions dans les secteurs de développement des UAV, des armes de petit calibre et des roquettes, ainsi que celui du développement radar. En ce moment, nous avons des partenariats avec certaines organisations pour établir un centre de développement des véhicules aériens. Ces initiatives visent à fournir à la NAF l’avantage technologique requis pour employer et maintenir de façon optimale les plateformes et les équipements sophistiqués de son inventaire.
Q : Quelles sont les stratégies de l’Armée de l’air nigériane concernant la simulation et la formation de vol ?
R : Nous avons plusieurs simulateurs de vol pour différents types d’aéronef dans notre inventaire. Au fil des années, l’emploi de ces simulateurs s’est avéré opérationnellement efficace et efficient, car la NAF a formé des pilotes qui ont démontré leur excellent professionnalisme. La simulation de vol économise aussi le temps et l’argent. En outre, l’utilisation des simulateurs de vol a amélioré la sécurité et renforcé le professionnalisme.
Q : Que met en œuvre la NAF pour s’adapter à l’évolution du panorama de la guerre et la défense aériennes, en particulier avec l’introduction des UAS et d’autres technologies déstabilisantes ?
R : La NAF a récemment redynamisé ses efforts d’acquisition de plateforme à cause de l’intensification de ses engagements pour combattre les défis contre la sécurité intérieure et du besoin de maintenir une armée de l’air équilibrée et moderne. En fonction de cela, j’ai défini ma philosophie de commandement pour transformer la NAF en force agile et résiliente qui satisfait efficacement aux exigences de puissance aérienne de la sécurité nationale dans tous les environnements opérationnels. La réalisation de cette agilité et cette résilience exige aussi une bonne combinaison de plateformes. En conséquence, certains changements ont été institués dans nos stratégies d’acquisition de plateformes, en tenant compte des leçons provenant des engagements en cours et en projetant pour l’avenir. Le service accueille davantage d’UAS avec des capacités de frappe de précision pour réduire au minimum les dommages collatéraux pendant les opérations de sécurité intérieure. L’intégration de plus d’hélicoptères d’attaque et de transport est un autre domaine où la NAF cherche à consolider ses efforts dans le but de satisfaire aux exigences de champ de bataille des forces terrestres, et aussi de conserver une agilité considérable et un avantage de combat sur les insurgés. Dans le domaine des plateformes de chasseur d’attaque terrestre, le service envisage la modernisation afin de repenser ses flottes vieillissantes pour le bénéfice d’une armée de l’air plus agile et puissante. Ceci est aussi suivi d’un investissement adéquat dans l’acquisition des ressources et des capacités de défense aérienne, nécessaires pour sécuriser le pays depuis les airs. Afin de maintenir la résilience requise et d’assurer la maintenance de l’éventail de plateformes modernes intégrées au service, nous avons prévu de mobiliser aussi les fabricants d’équipements d’origine pour assurer une livraison rapide des services afin d’obtenir un niveau élevé d’utilisation des aéronefs et des équipements de la NAF.
Q : Quelles sont les initiatives en cours pour le bien-être et l’avancement professionnel du personnel de la NAF, en particulier pour la formation et les opportunités de développement de carrière ?
R : La formation est un domaine considéré très important pour la NAF, parce que nous pensons que toute machine est seulement aussi performante que son opérateur. Pour ce faire, nous avons lancé un éventail d’initiatives robustes de formation. Ceci est soutenu par l’un des facteurs clés de ma philosophie de commandement : la formation délibérée et le développement de la force orienté vers la mission. Nous avons déjà assuré la formation de notre personnel, à la fois localement et internationalement. En ce moment, un grand nombre de nos membres ont complété récemment ou sont en train de suivre divers cours de formation dans le pays. En ce qui concerne la formation à l’étranger, des centaines de nos membres participent à une variété de classes dans les pays étrangers. Mis à part les cours liés au vol, ces personnes sont aussi bien formées dans des domaines qui incluent la logistique, la maintenance des aéronefs, la sécurité et les communications, entre autres. Dans le cadre de ces initiatives, nous avons demandé aux attachés de défense des pays étrangers au Nigeria de fournir davantage de créneaux de formation, en particulier pour la formation des pilotes, la formation de maintenance spécialisée et de pointe, ainsi que la formation militaire professionnelle continue, pour combler les lacunes d’aptitude identifiées dans la NAF. Une autre initiative concerne la complète réorganisation de notre formation militaire de base pour qu’elle se concentre sur la promotion d’aviateurs et d’aviatrices formés de haute qualité. Nous avons entrepris une évaluation holistique et un examen du programme d’enseignement, des installations de formation et de l’infrastructure pour identifier et combler les lacunes dans toutes les institutions de formation.
Q : Comment la NAF contribue-t-elle aux plus vastes initiatives visant à améliorer la coopération régionale et la sécurité collective en Afrique ?
R : La NAF a contribué aux initiatives de coopération régionales sous les auspices des organisations telles que les Nations unies, l’Union africaine et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest. Grâce à ses nombreux déploiements, la NAF a contribué à soutenir les engagements du gouvernement du Nigeria et son souhait de combattre les menaces nationales et régionales contre la paix et la sécurité au Nigeria, en Afrique de l’Ouest, dans le golfe de Guinée et sur l’ensemble du continent africain. La NAF coopère aussi avec ses voisins pour conduire des opérations en cours de contre-terrorisme et de contre-insurrection. Nous faisons cela dans le cadre du contingent nigérian de la Force multinationale mixte.