PERSONNEL D’ADF
L’ENTRAÎNEMENT AU COMBAT MODERNE peut être décrit ainsi : sur le champ de bataille, les soldats reçoivent un briefing des objectifs de la mission. Ils portent des armes réelles, souvent chargées de munitions à blanc. Des dispositifs laser codés sont connectés aux barillets pour « faire feu » lorsque la gâchette est tirée. Les soldats portent des capteurs sur leur casque et sur leur gilet qui détectent si le laser provenant de l’arme tirée les touche. Ils ont aussi des armes anti-char et des grenades à laser simulées.
La société suédoise d’aérospatiale et de défense Saab signale dans un scénario : « Dans le cas d’armes avec des mires électroniques, par exemple les chars d’assaut et les armes anti-char, des éléments virtuels peuvent déjà être intégrés dans la formation. Un ordinateur peut être utilisé pour créer des obstacles et des adversaires qui sont téléchargés dans la mire et auxquels l’utilisateur doit répondre. »
Des gyroscopes et un système informatique gèrent la simulation, en suivant les mouvements des participants, enregistrant les succès et contrôlant la progression du scénario. Ils tiennent aussi compte des variables telles que la distance de tir et la gravité pour déterminer si chaque tir aurait frappé sa cible dans des conditions réelles.
Dans certains cas, des projecteurs de haute définition affichent les environnements virtuels et les cibles sur des écrans ou des murs. Les formateurs utilisent un système de contrôle pour définir le scénario de la formation, notamment le terrain, les objectifs et les positions de l’ennemi. Le système enregistre instantanément les frappes en fournissant des réactions immédiates aux participants et aux formateurs.
Les simulations de champ de bataille par laser peuvent gérer la formation basique et avancée sur les armes à feu, depuis les armes de petit calibre jusqu’aux systèmes d’armement employant une équipe pour tirer. Elles peuvent être configurées pour soutenir la formation individuelle de tir de précision et des scénarios tactiques complexes avec des centaines de soldats. À mesure que la technologie progresse, il est probable que les systèmes de simulation deviendront encore plus réalistes et efficaces. Alors que le coût de la formation militaire avec simulation continue à diminuer, il est inévitable que les forces armées africaines adopteront en plus grand nombre certaines composantes de la technologie.
La formation militaire avec simulation existe sur le continent depuis des années : l’Afrique du Sud et l’Ouganda ont rapidement adopté la technologie laser. En 2021, le Kenya a conclu un accord avec Saab pour acheter un système laser. Saab a été engagée pour produire de nouveaux équipements de formation, notamment des dispositifs de détection de personnel, des systèmes de formation sur véhicule, des grenades laser et des applications de formation pour un éventail d’armements. Le matériel inclut des systèmes de contrôle et de communication d’exercice et des cours de formation pour les utilisateurs et le personnel de maintenance, selon un reportage de Military Africa. L’équipement est fourni avec environ 800 trousses pour équiper les soldats.
L’ANCIENNE TECHNOLOGIE DE LA SIMULATION
Lorsqu’on discute de la formation de simulation, on parle des simulateurs de vol, des jeux de guerre sur ordinateur, des salles de tir sophistiquées et des appareils à réalité virtuelle (RV). Mais la formation de simulation remonte à 5.000 ans, lorsque les chefs militaires ont commencé à utiliser des pierres colorées et des systèmes de grille sur un tableau pour cartographier les stratégies. Plus tard, les simulations ont inclus la désignation de certains soldats comme « ennemis » qui seraient attaqués et capturés à l’aide de stratégies conçues à l’avance. De telles simulations employant des adversaires désignés existent toujours aujourd’hui, sous la forme des vastes exercices militaires auxquels participent plusieurs pays.
Les avantages des exercices de simulation sont évidents. Le temps d’entraînement est réduit. Les soldats peuvent tester sur le terrain les nouveaux équipements et les nouvelles tactiques. Les soldats peuvent participer à des opérations conjointes pour résoudre les problèmes avant de se déployer sur le terrain. Les simulations préservent l’environnement et améliorent la sécurité. Les coûts baissent fortement et, ce qui est peut-être le plus important, les objectifs de formation peuvent être mesurés avec précision.
Les simulations peuvent être classées en trois catégories générales :
Les simulations constructives, appelées également simulations de dessus de table, sont purement hypothétiques et permettent d’innombrables scénarios du type « Que faire si ». Il y a plusieurs siècles, les chefs militaires participaient à des simulations constructives avec leurs marqueurs et leurs cartes.
Dans les simulations constructives, tout est imaginaire : les gens, l’équipement et le terrain. Les simulations constructives modernes sont employées pour le jeu de guerre pur, en utilisant la modélisation informatique pour faire avancer des soldats imaginaires à travers plusieurs scénarios de terrain, y compris les combats. Les simulations constructives modernes sont devenues incroyablement sophistiquées : les ordinateurs reçoivent des données telles que le type et le nombre de soldats, la météo, les positions des soldats ennemis, la puissance et le type d’armements et les conditions de terrain. Les invasions, les opérations de secours et autres manœuvres de terrain sont alors mises en « jeu » de façon répétée pour déterminer les approches qui fournissent les meilleurs résultats.
Les simulations en direct emploient des gens réels, des armes réelles ou factices, et des munitions à blanc. Dans un scénario typique, les soldats sur le terrain portent des capteurs à l’épaule ou au casque pour que leur lieu exact puisse être surveillé. Ce type de simulation offre l’environnement d’apprentissage le plus proche possible de la réalité. Les simulations en direct ont des avantages évidents, notamment en permettant aux soldats sur le terrain de s’habituer à porter leur équipement et de se déplacer avec lui. C’est une façon excellente pour les soldats de fournir leurs réactions aux formateurs. Les soldats formés avec des simulations en direct ont tendance à conserver leur formation plus longtemps qu’avec les autres types de simulation.
Les simulations virtuelles font participer des personnes réelles placées dans des environnements simulés. Les simulateurs de vol qui remontent à la Seconde Guerre mondiale étaient des simulateurs virtuels précoces. La simulation virtuelle peut utiliser des composantes en vente libre qui ont aussi des applications industrielles et civiles.
La simulation virtuelle est acceptée, et même accueillie, par les jeunes soldats qui jouaient à des jeux vidéo lorsqu’ils étaient enfants. Elle est très adaptable. Les armées utilisent la simulation virtuelle pour entraîner les personnes et les équipes. Toute une équipe peut être formée en même temps dans une seule installation. La simulation virtuelle offre le meilleur scénario possible pour les formateurs, qui donnent au personnel enseigné leurs réactions instantanées.
DES COÛTS RÉDUITS
Les méthodes traditionnelles de formation militaire telles que les exercices sous des conditions réelles coûtent cher. Une telle formation comporte des dépenses logistiques telles que le carburant, les munitions et la maintenance de l’équipement. La simple usure d’une zone physique d’entraînement peut être intense. 4Experience, société polonaise de logiciel RV, déclare que le coût de préparation des soldats pour leur première affectation opérationnelle de terrain pourrait être d’environ 36.000 dollars par personne. Les exercices d’entraînement de terrain nécessitent aussi de construire des emplacements physiques et d’engager des formateurs experts, ce qui fait augmenter encore plus les coûts, selon la société de logiciel.
À cause des coûts liés à la formation traditionnelle, la formation de simulation devient une nécessité. Un responsable sud-africain a déclaré à ADF que trente exercices militaires simulés pourraient coûter autant qu’un seul exercice traditionnel de brigade. Les simulations peuvent être utilisées pour une vaste gamme d’applications, notamment les premiers secours, le combat, le parachutisme et la formation de vol. Les simulations peuvent même être employées pour l’enseignement en salle de classe.
Les simulateurs de vol, depuis les ordinateurs de bureau à plusieurs écrans jusqu’aux cabines de taille réelle capables d’entraîner tout un équipage en même temps, sont devenus courants dans les armées de l’air africaines.
Mis à part l’entraînement de vol réel, les simulateurs du type cabine fournissent la façon la meilleure et la plus réaliste de former des pilotes et des équipages. Mais les simulations de vol RV sont moins onéreuses et continuent à être améliorées.
Lorsque la RV est mentionnée, la plupart des gens imaginent des écouteurs qui ressemblent à des lunettes volumineuses. Les écouteurs RV de formation peuvent inclure des accessoires tels que des contrôleurs, capteurs additionnels et gants. À l’extrême, les étudiants qui portent des gants de simulation sont attachés à une grande structure en mouvement qui simule une formation de parachutiste. Ces dispositifs sont connectés à un ordinateur et, lorsque l’ensemble du système fonctionne correctement, les utilisateurs peuvent voir des objets et des environnements simulés et interfacer avec eux en 3D.
Bien que le coût de la RV se compare favorablement aux autres types d’équipement de guerre de simulation, les frais initiaux peuvent être considérables. La société de logiciel cypriote Program Ace déclare que le développement d’une application de formation RV coûte typiquement entre 50.000 et 1 million de dollars, selon l’étendue et la complexité du projet. Les écouteurs RV coûtent entre 400 et 700 dollars l’unité. Malgré l’investissement initial, la formation RV peut devenir rapidement moins chère si les frais sont répartis sur un grand nombre de sessions de formation, selon la société de RV californienne Strivr. La réduction des coûts provient des capacités de réutilisation et de mise à l’échelle de l’équipement de formation RV, qui ne nécessite pas les dépenses répétitives des méthodes traditionnelles.
Certaines applications RV continuent à avoir un inconvénient grave : les effets secondaires dus à leur utilisation. Ils peuvent inclure l’étourdissement, la nausée, la fatigue oculaire, les vomissements, les maux de tête, la sueur et la désorientation, selon The Economist et d’autres sources. Dans une étude, plus de 60 % des utilisateurs ont été affectés.
Hans Lindgren, chef du développement commercial pour le service de formation et de simulation des unités commerciales de Saab, déclare que le temps de session de formation RV doit être limité.
Il a dit à ADF : « Considérez ces lunettes par exemple. Il existe certaines situations où ces lunettes peuvent être utilisées, mais selon les réactions des clients, vous vous sentez mal assez rapidement lorsque vous les portez. Vous ne pouvez pas vous entraîner longtemps. Et en particulier dans certains types de formation d’équipe, il y a toujours un besoin de mouvement avec les pieds et le corps, ce que la plupart des applications ne permettent pas. »
LA FORMATION DE SIMULATION POUR L’AFRIQUE
De nombreuses nations africaines participent à des formations de simulation :
L’Afrique du Sud a lancé la formation de simulation en Afrique en 1997 lorsqu’elle a converti une installation de réfectoire militaire en Centre sud-africain pour la simulation des conflits. À son point culminant, il conduisait 25 à 35 simulations chaque année. Depuis lors, l’Afrique du Sud a acquis un simulateur terrestre d’équipe de combat sous-marin pour sa Marine, ainsi que plusieurs simulateurs de périscopes de sous-marin, un concept de simulateur de poste de pilotage d’hélicoptère et un concept de simulateur de passerelle de navigation, selon defenceWeb.
Au Nigeria, l’Armée de terre a utilisé des programmes de formation de simulation pour préparer les soldats à combattre le groupe extrémiste Boko Haram.
La Marine kényane utilise aujourd’hui la technologie RV pour la formation sur la sécurité maritime. Le simulateur de passerelle de navigation multidisciplinaire au Collège de formation navale du Kenya offre une formation qui se conforme aux normes maritimes internationales. Le Kenya a aussi acquis des systèmes de formation et de simulation auprès de Saab, notamment des systèmes de formation sur véhicule, des applications de formation pour divers armements et des cours de formation pour la maintenance et l’opération.
L’hôpital militaire du Rwanda a inauguré son Centre de modélisation médicale et de simulation en 2017, où le personnel militaire, et en particulier les médecins et le personnel infirmier, sont formés pour traiter les soldats blessés sur le champ de bataille.
L’Armée de l’air tunisienne, l’une des plus petites armées de l’air du continent avec des effectifs de 4.500, a investi dans la formation de simulation des pilotes et la formation du contrôle du trafic aérien. L’Afrique du Sud et l’Algérie sont parmi les premiers pays du continent à adopter les simulateurs de vol. Il y a une dizaine d’années, l’Afrique du Sud en avait onze et l’Algérie dix, selon le reportage du magazine Military Simulation & Training.
L’Armée de l’air de Côte d’Ivoire a acquis un simulateur de vol en 2022 par l’intermédiaire d’une société de gestion de projet et d’assistance technique. Le simulateur permet au pays d’être plus autonome avec sa formation militaire. La Côte d’Ivoire a aussi conclu un contrat avec une société française afin que cette dernière fournisse et installe un système de simulateur de combat pour le ministère de la Défense.
Il y a des défis affectant certains pays africains qui adoptent des techniques de formation de simulation. Beaucoup de pays ont une infrastructure technique limitée. Le coût initial d’un investissement dans un équipement de simulation peut être élevé. Et il existe un manque persistant de personnel qualifié pour maintenir et utiliser l’équipement de formation de simulation. Comme le déclare un officier kényan à ADF, le personnel militaire en Afrique qui reçoit une formation technique exhaustive est difficile à conserver une fois que leur période de service prend fin, parce que des emplois civils avec des salaires élevés les attendent.
Mais la plupart des experts pensent que l’investissement dans la formation de simulation est nécessaire et inévitable, même pour les forces armées dont le budget est limité. Les pays africains devront suivre la technologie moderne pour maintenir un avantage concurrentiel dans tous les secteurs, y compris dans leurs forces armées. L’adoption de la technologie de simulation aidera les nations africaines à combler les vides technologiques entre leurs armées et celles de leurs homologues dans le monde. La formation de simulation s’avère améliorer l’état de préparation aux combats et l’efficacité d’ensemble, pour offrir des économies de coût considérables à long terme.