PERSONNEL D’ADF
Lorsque le cyclone Chido a touché terre dans le Nord du Mozambique le 15 décembre, ses vents atteignant entre 120 et 260 km/h ont détruit les maisons, les écoles et autre infrastructure clé de Nampula et du Cabo Delgado, tout en exposant ces deux provinces à de fortes pluies.
Cet assaut de six heures a dévasté une région déjà accablée par plus de sept années de violence provoquée par une insurrection conduite par Ahlu Sunna Wal Jammah (ASWJ), groupe affilié à l’État islamique (Daech) et appelé familièrement les chebabs. En date du 31 décembre, le cyclone avait tué au moins 120 personnes au Mozambique.
Bincha Jose Naquira, originaire de Pemba (Mozambique), déclare dans un reportage de Reuters : « Lorsque le cyclone a frappé, j’ai pensé que j’allais mourir. C’était très effrayant. Il y avait des gosses, des enfants autour de moi. Les enfants pleuraient et hurlaient. Ils étaient tous très effrayés et ils pensaient tous qu’ils allaient mourir. »
La violence de l’insurrection, qui a continué pendant toute l’année 2024, a laissé dans son sillage un grand nombre de déplacés internes (IDP). Les événements qui perturbent les conditions de vie et détruisent l’infrastructure et les services du gouvernement peuvent créer ou exacerber l’insécurité.
Isadora Zoni de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés déclare à ONU Info : « Près de 300.000 personnes sont des IDP dans la région, y compris un grand nombre d’entre eux déjà déplacé par le conflit au Mozambique. Ils avaient fui la violence, seulement pour affronter aujourd’hui une autre crise. Une fois de plus, ils ont été forcés de laisser derrière eux tous leurs biens. »
Dans le sillage immédiat de l’ouragan, la question de savoir si ASWJ exploitera la catastrophe, et comment il le fera, demeure incertaine. Mais les groupes extrémistes cherchent souvent à tirer profit des échecs des gouvernements dans la fourniture des services. La capacité de réponse aux catastrophes naturelles comme le cyclone est une façon pour le gouvernement d’établir sa légitimité aux yeux du public, déclare le Dr Daniel Eizenga, associé de recherche au Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA).
Il dit à ADF dans un e-mail : « Une réponse robuste qui traite les besoins de la population de façon transparente et responsable peut aider, ce faisant, à gagner la confiance et la coopération des communautés locales. Le développement de la confiance et la coopération entre les autorités nationales et les communautés vulnérables peut alors offrir de façon plus générale un avantage de stabilisation au pays. … La relation et la confiance entre les autorités nationales et les communautés qui sont les plus vulnérables face aux insurrections sont souvent un facteur clé de tout effort de contre-insurrection réussi. »
ASWJ a commencé à être actif sous l’égide de la Province d’Afrique centrale de Daech en 2019, selon le Soufan Center. Daech a officiellement reconnu l’insurrection du Mozambique comme branche officielle en 2022.
Cette reconnaissance s’est accompagnée d’une augmentation de 29 % du nombre d’incidents violents en 2022, à la suite d’une diminution de 23 % l’année précédente, selon un rapport de 2024 publié par le Middle East Africa Research Institute (MEARI). En 2023, on estimait que l’ASWJ avait seulement 300 combattants actifs, comparé à environ 2.500 trois ans avant.
Malgré la réduction de la violence liée à l’arrivée des forces de sécurité de la Communauté de développement d’Afrique australe et du Rwanda en juillet 2021, un rapport du CESA publié en août 2024 projetait 250 événements violents provoquant 460 décès au Mozambique à la fin de l’année, soit près du double des chiffres de l’année précédente. Le rapport précise : « Ceci souligne la résilience de ces groupes islamistes militants, qui ont avancé à l’intérieur des terres à partir de leur concentration précédente sur la côte. Ceci met aussi en évidence l’importance d’une présence sécuritaire et gouvernementale soutenue pour assurer que ces menaces soient affrontées en permanence. »
La menace d’une perturbation régionale plus vaste persiste, alors que l’ASWJ attire un soutien à l’extérieur du Mozambique. Avant et après l’établissement des liens entre l’ASWJ et Daech, le pays voisin d’Afrique du Sud a été le site de divers incidents d’association et de financement terroriste, souvent par l’intermédiaire des réseaux criminels sud-africains. Le rapport du MEARI précise que « l’Afrique du Sud reste un environnement laxiste dans lequel les terroristes et leurs réseaux continuent à prospérer ».
Le rapport indique que l’Afrique du Sud a été désignée « plateforme majeure du financement » de Daech au Mozambique. Plusieurs personnes ont été sanctionnées et le rapport ajoute que « le système financier d’Afrique du Sud a été considérablement exploité en vue de financer les branches et les réseaux de Daech dans toute l’Afrique ».
L’émergence et l’association de l’ASWJ offrent aux sympathisants sud-africains un moyen plus facile de s’engager dans un « militantisme actif » avec Daech sans avoir à se rendre au Moyen-Orient, selon un article de 2021 de l’Hudson Institute.
« En bref, des preuves apparaissent selon lesquelles des Sud-Africains qui ont des sympathies idéologiques actuelles avec le djihadisme ont commencé à offrir activement un soutien matériel à l’insurrection ASWJ. »
ADF is a professional military magazine published quarterly by U.S. Africa Command to provide an international forum for African security professionals. ADF covers topics such as counter terrorism strategies, security and defense operations, transnational crime, and all other issues affecting peace, stability, and good governance on the African continent.