PERSONNEL D’ADF
La violence communautaire est en hausse dans les états de Warab et d’Équatoria-Central au Soudan du Sud ; elle continue à être le facteur principal du conflit dans l’ensemble du pays, selon la mission de maintien de la paix des Nations unies appelée MINUSS.
Dans un rapport récent, Nicholas Haysom, chef de la MINUSS, note que le nombre le plus élevé de tués et de blessés se trouve dans l’État de Warab : 60 % de toutes les victimes civiles au troisième trimestre 2024. La majorité des victimes d’enlèvement, des hommes pour la plupart, provient de l’État d’Équatoria-Central, soit 69 % de tous les enlèvements documentés dans le pays. La violence sexuelle liée au conflit est aussi en hausse.
Le 6 janvier, M. Haysom a déclaré : « Cette tendance de violence en hausse contre les femmes et d’enlèvements est alarmante. »
Les rivalités ethniques, la faiblesse ou l’absence de gouvernance, la mésinformation et un afflux massif de réfugiés fuyant la guerre dans le pays voisin du Soudan sont tous des facteurs qui ont exacerbé l’instabilité chronique, la violence et la pauvreté extrême au Soudan du Sud. William Wol, ministre de l’Information de l’État de Warab, insiste que la violence est en baisse au cours des derniers mois à cause du déploiement des forces de sécurité, et aussi du fait des inondations, tout en reconnaissant les longs antécédents de violence communautaire.
Lors d’un entretien avec Radio Tamazuj le 8 janvier, il a déclaré : « Nous avons déployé des soldats de la 11ème division des Forces de défense du peuple sud-soudanais ; en conséquence, il y a aujourd’hui une paix relative dans la région de Tonj East. »
Mais la MINUSS a documenté une série d’attaques, d’assassinats de représailles et de discours haineux qui a balayé la région de Tonj dans l’État de Warab en 2024, et a forcé des milliers de personnes à s’enfuir de chez elles. Les gardiens de la paix de la MINUSS et les responsables du gouvernement de l’État ont lancé une investigation conjointe dans le village de Romich en août ; ils ont réuni des témoignages oculaires sur de jeunes gens armés qui avaient envahi les villages de la région pour conduire des attaques de représailles.
Mayen Malat, responsable de jeunesse d’un camp d’élevage, a déclaré à l’Agence de presse africaine (APA) du Sénégal : « C’est incroyablement alarmant. C’est choquant et affligeant de voir un enfant ou une femme enceinte gisant sans vie sur le sol. Les femmes, les enfants et les aînés devraient être les membres les mieux protégés de notre société. »
Aluel Garang Garang, vice-gouverneur de l’État de Warab, a écouté les préoccupations des communautés locales et mis l’accent sur l’importance du dialogue pour réduire les tensions et empêcher la hausse de violence.
Elle déclare à APA : « Nous devons nous unir et confronter nos doléances par le dialogue. C’est seulement grâce à des communications ouvertes que nous trouverons des solutions acceptables pour cette triste situation. Nous devons établir la paix dès maintenant pour empêcher que nos enfants souffrent davantage. »
Anastasie Nyirigira, chef du bureau régional de Kuajok, MINUSS, souligne le besoin de résoudre les conflits par des voies légales.
Elle déclare à APA : « Nous avons la responsabilité de fournir une assistance afin d’identifier les obstacles majeurs d’une stabilité durable. Il est crucial de défendre l’État de droit et le système judiciaire officiel pour protéger la vie, les biens et les droits. Les assassinats en représailles ne feront que perpétuer un cycle de destruction et conduiront à d’autres actes similaires et la mort de gens innocents. »
L’an dernier, les efforts de protection civile de la MINUSS dans le plus jeune pays du monde ont inclus des milliers de patrouilles terrestres, aériennes et sur plans d’eau conduites par les Casques bleus.
Depuis 2021, le mandat de la MINUSS consiste à « empêcher le retour à la guerre civile, bâtir une paix durable aux niveaux locaux et nationaux, et soutenir une gouvernance inclusive et responsable et des élections libres, équitables et pacifiques. »
La mission assiste les communautés grâce à la réconciliation et la construction de la paix par le dialogue, et soutient activement les processus politiques tels que la sécurité, la réforme du secteur judiciaire et la préparation aux élections. Mais les responsables onusiens et gouvernementaux et les experts de la sécurité savent bien que le Soudan du Sud est toujours loin d’établir une paix stable.
Le Council on Foreign Relations a écrit le 9 janvier dans une évaluation : « De nombreuses questions restent sans réponse, notamment les dispositions de sécurité, les réformes institutionnelles et les préparatifs électoraux. Bien que le gouvernement d’union demeure intact, les réformes du secteur de la sécurité stagnent parce que les sceptiques ne se font pas mutuellement confiance et gardent en réserve leurs meilleurs combattants dans l’anticipation d’un retour possible des combats. »
Haysom a exhorté toutes les parties prenantes à trouver un terrain d’entente et résoudre leurs différences pacifiquement :
« Bien que la MINUSS continue à protéger les civils proactivement, je fais appel aux efforts concertés des autorités nationales, d’état et locales ainsi qu’aux chefs de la communauté pour résoudre les doléances de longue date et trouver des solutions localement soutenables aux facteurs de conflit. »
Akur Bol Duop, résidente du village de Romich, a constaté en première ligne l’impact dévastateur des affrontements communaux et intercommunaux.
Elle dit à APA : « La violence n’est jamais une réponse et notre conflit prolongé a seulement approfondi nos divisions alors que nous devrions nous unir. Il est temps de nous réunir pour la paix. »