PERSONNEL D’ADF
Les autorités de la province du Sud-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo, ont arrêté 17 Chinois à la mi-décembre lors de la visite imprévue d’une mine d’or dans le village de Karhembo.
Environ 60 ressortissants chinois étaient présents dans la mine et les responsables ont détenu ceux qui semblaient diriger les opérations.
Bernard Muhindo, ministre des Finances et ministre par intérim des Mines du Sud-Kivu, déclare à Reuters : « Nous leur avons demandé de nous montrer les documents de la société. Il n’y avait pas de document, rien du tout. Aucun certificat, aucun document d’état, aucune identification nationale, rien. »
Moins d’une semaine plus tard, quatorze des hommes arrêtés ont été libérés et sont retournés en Chine. Jean-Jacques Purusi Sadiki, gouverneur du Sud-Kivu, déclare qu’il avait été scandalisé d’apprendre les nouvelles de leur libération, puisqu’ils devaient au gouvernement des taxes et des amendes impayées à hauteur de 10 millions de dollars.
M. Muhindo déclare qu’il avait l’intention d’améliorer le système : « Le but n’est pas de traquer les gens, mais plutôt de mettre de l’ordre dans le secteur minier pour que les partenaires fiables puissent travailler correctement et légalement. »
Les autorités congolaises ont depuis plusieurs années des difficultés pour contrôler l’extraction illégale, qui contamine l’environnement et s’empare de quantités vastes et incalculables d’argent dans la région.
M. Sadiki déclare à la chaîne congolaise d’actualité WION : « Selon des études, ces sociétés extraient chacune au moins 100 kilos d’or par mois. En calculant qu’un kilo d’or coûte sur le marché mondial entre 65.000 et 80.000 dollars, vous pouvez immédiatement comprendre la quantité d’or que les 500 sociétés extraient chaque mois, chaque année, ainsi de suite. Et tout cet or ne passe pas par ici. Il va directement [au] Rwanda. »
En 2023, le ministre des Finances Nicolas Kazadi a déclaré que la RDC avait perdu annuellement près d’un milliard de dollars, seulement pour le minerai passé en contrebande au Rwanda, selon un rapport d’ENACT qui traque le crime organisé en Afrique centrale. La plupart des opérations minières illégales au Sud-Kivu appartiennent à des Chinois.
Augustin Matenda, directeur de la coopérative congolaise Mwenga force, déclare sur WION : « Les sociétés chinoises viennent ici avec beaucoup plus d’argent que nous et ce sont elles qui ne respectent pas les conditions instaurées par l’État. »
In July 2024, les autorités du Sud-Kivu ont suspendu les opérations d’extraction aurifère illégales pour empêcher des centaines de sociétés étrangères, surtout chinoises, de pratiquer l’extraction sans permis et de manquer de déclarer leurs revenus.
En vertu de la législation, les sociétés devaient renouveler leur permis d’extraction, dont certains avaient expiré depuis des dizaines d’années, selon un reportage de l’Agence France-Presse (AFP). Depuis lors, les sociétés qui agissaient autrefois illégalement ont essayé d’obtenir l’autorisation de continuer leurs opérations par l’intermédiaire du bureau du gouverneur.
M. Sadiki déclare à l’AFP : « Au lieu des 117 sociétés illégales que nous avions invitées, 540 sont venues ici du jour au lendemain. »
Dans la localité de Kitutu au Sud-Kivu, le prêtre italien Davide Marcheselli est l’un de ceux qui se plaignent depuis des années des sociétés chinoises qui extraient l’or illégalement. Avec d’autres, il déclare que cette pratique contamine les fleuves, détruit les champs et vole l’argent des mineurs artisanaux légitimes. Il dit aussi que les gérants de ces sociétés ont de bonnes connexions.
Il déclare à l’AFP : « Depuis les députés jusqu’aux chefs de village, tout le monde reçoit quelque chose, de l’argent ou des actions. »
Dans la localité voisine de Kamituga, les sociétés chinoises d’extraction aurifère sont restées actives malgré l’interdiction. Félicien Mikalano, président d’une association de mineurs artisanaux, dit que les opérateurs locaux « n’ont pas les mêmes moyens » que les sociétés chinoises, notamment la machinerie et l’argent.
L’inspecteur des mines Ghislain Chivundu Mutalemba déclare qu’il est difficile de surveiller les activités minières parce qu’elles sont fortement gardées et que les responsables refusent souvent l’accès.
Il dit à l’AFP : « Ces partenaires chinois extraient (et) les coopératives vendent le produit librement. Nous ne savons pas le pourcentage pris par les Chinois, ni la quantité produite. »
La situation attise les frustrations et la colère d’un grand nombre des quelque 427.500 mineurs artisanaux dans l’Est de la RDC.
Déogratias Mutekulwa, mineur artisanal de Kamituga, déclare sur WION : « Nous minons et, ce faisant, nous mourons. Mais nous ne constatons aucun bénéfice pour la société, pas seulement ici à Kamituga mais dans tout le pays, nulle part au Congo. Nous ne voyons pas comment le minerai peut aider le développement. »
ADF is a professional military magazine published quarterly by U.S. Africa Command to provide an international forum for African security professionals. ADF covers topics such as counter terrorism strategies, security and defense operations, transnational crime, and all other issues affecting peace, stability, and good governance on the African continent.