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Le banditisme déstabilise la région nigériane du Nord-Ouest

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PERSONNEL D’ADF

Le 12 septembre, dans le cadre de l’opération Hadarin Daji, l’Armée de l’air nigériane a tué Kachalla Halilu Sububu, chef de bande basé à Zamfara, en vengeant ainsi l’attaque meurtrière conduite par ce dernier en 2021 contre une base militaire de Katsina.

Selon un reportage du journal nigérian Punch, le capitaine de groupe Kabiru Ali de l’Armée de l’air a déclaré : « Dans une opération conjointe décisive conduite par trois membres des forces spéciales de l’Armée de l’air du Nigeria [NAF], le bandit notoire Halilu Sububu et plus de 38 terroristes ont été neutralisés lors d’un engagement près de Mayanchi le 12 septembre 2024. L’opération s’inscrit dans le cadre d’un effort en cours entrepris par la NAF et les forces terrestres pour exploiter les renseignements et sécuriser la région à la suite du contact avec des éléments hostiles. »

Les autorités ont aussi saisi trois mitrailleuses lourdes, deux tubes lance-roquettes, cinq fusils AK-47, 29 chargeurs et plus de 1.000 munitions.

Le capitaine Ali a dit : « Cette opération souligne l’efficacité et le professionnalisme des forces spéciales de la NAF dans la conduite de missions critiques de concert avec les autres services, afin de neutraliser les menaces et de préserver la sécurité nationale. »

La mort de Halilu Sububu est seulement une victoire en présence d’une menace sécuritaire croissante. Depuis 2021, les bandes criminelles sont responsables pour plus de décès dans la région du Nord-Ouest du Nigeria que les groupes islamistes militants dans la région rétive du Nord-Est, selon un article du 21 octobre par Kunle Adebajo et Hamza Ibrahim pour le Centre d’études stratégiques de l’Afrique.

On estime qu’il y a au moins 30.000 bandits appartenant à plus de 24 groupes criminels majeurs et des centaines d’opérations plus petites dans la région. Les bandits sont principalement actifs dans les états de Kaduna, Katsina et Zamfara. Les états de Jigawa, Kebbi, Niger et Sokoto ont aussi constaté des éruptions de violence, tout comme le Territoire de la capitale fédérale d’Abuja.

Kunle Adebajo et Hamza Ibrahim estiment qu’à la fin 2024 les bandits auront assassiné 3.980 personnes au cours de 1.380 incidents violents. Ce sera la pire année d’insécurité dans l’histoire récente de la région du Nord-Ouest. La violence a aussi déplacé environ 700.000 personnes dans la région. D’autres estimations calculent un total de 1.3 million de déplacés.

L’article déclare : « Motivés par le désir de contrôler les flux de revenu, ces groupes criminels violents menacent les communautés en pratiquant les vols et l’extorsion routière, les enlèvements contre rançon, les vols de bétail et les activités d’exploitation agricole et minière. On estime que ces groupes armés ont enlevé et tué 9.200 civils dans la région depuis 2019, lorsque la violence des bandes criminelles a commencé à s’intensifier. Ce faisant, ils ont détruit des centaines d’entreprises commerciales, économiques et agricoles. »

Halilu Sububu avait débuté comme voleur de bétail mais il est passé au trafic d’armes et aux enlèvements en 2019, selon un rapport publié en octobre par l’Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale. À partir de 2022, il contrôlait plus de mines d’or que tout autre chef de bande. Un an plus tard, il était devenu le plus grand fournisseur d’armes aux autres chefs de bande.

Selon l’initiative mondiale, sa mort pourrait avoir deux types de conséquence. D’un côté, son élimination pourrait provoquer une hausse de violence alors que ses rivaux se précipitent pour contrôler le flux de revenu de son groupe. Toutefois, son décès pourrait aussi perturber les opérations des autres bandes. « L’élimination de Sububu en tant que fournisseur d’armes proéminent peut limiter l’accès aux armes des bandits, ce qui affaiblirait davantage leur capacité de conduire des attaques. Les forces de l’État pourraient tirer profit de ce gain pour lancer des opérations plus ciblées. »

Les autorités nigérianes devront s’assurer que les renseignements recueillis auprès des communautés collaboratrices ne conduisent pas à des représailles contre les habitants. Sinon, cela ébrécherait la confiance et rendrait les opérations futures plus difficiles, selon l’initiative mondiale.

Dans un article publié en mai pour l’IPI Global Observatory, le coordinateur régional pour l’Afrique centrale à l’Institut d’études de sécurité Oluwole Ojewale écrit que le Nigeria doit affronter plusieurs enjeux. « Le point de départ consiste à promouvoir et encourager des règlements négociés entre les bergers peuls et les cultivateurs haoussas dans les zones rurales. » Ces groupes s’affrontent depuis des années pour l’accès à l’eau et à la terre.

Le renforcement de la sécurité des frontières, notamment grâce à la collecte des renseignements et la surveillance et la détection électroniques, pourrait entraver l’afflux des armes nécessitées par les bandits, écrit M. Ojewale. L’État devrait aussi faire face aux besoins socio-économiques pour réduire la pauvreté et le chômage qui poussent les jeunes vers la criminalité. Les solutions pourraient inclure des programmes de travail, des investissements dans l’agriculture, l’éducation et l’infrastructure, et des prestations sociales pour les ménages vulnérables.

Finalement, les autorités de l’État devraient mener à bien les plans visant à relâcher les pratiques qui investissent le pouvoir policier dans le gouvernement fédéral. Un modèle de police plus local et orienté vers les communautés serait plus efficace. « La décentralisation policière peut créer un système de police localisé et axé sur la communauté qui permettra de prendre en compte les données de la communauté sur les ressources organisationnelles, opérationnelles et humaines. »

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