PERSONNEL D’ADF
Sur un continent où la violence extrémiste a augmenté de 60 % depuis 2021, le pays du Malawi, historiquement pacifique, a attiré peu d’attention depuis l’étranger.
Mais les dangers présentés par les groupes terroristes cherchant à se propager au Malawi sont réels, selon Scott Morgan, analyste indépendant de la sécurité africaine.
Il écrit dans un briefing du 19 septembre sur le site web Militant Wire : « L’évaluation correcte serait que la menace contre le Malawi est externe plutôt qu’interne. La porosité des frontières, la géographie et la limitation des capacités liée à un faible soutien étranger font du Malawi un pays hautement vulnérable face aux mouvements militants. »
À l’Est et à l’Ouest, le pays est à environ 200 km de distance de deux points sensibles du terrorisme, extrêmement actifs et meurtriers : la province du Cabo Delgado dans le Nord du Mozambique et l’Est de la République démocratique du Congo.
Les deux régions abritent des groupes terroristes qui se sont liés à l’État islamique (Daech).
En septembre, un officiel du Service national du renseignement (NIS) a présenté des preuves d’activités terroristes au Malawi au Comité des affaires publiques du Parlement, lors d’un forum à Mangochi. L’officiel, intervenant dans l’anonymat, a déclaré que le NIS avait pris connaissance de plusieurs incidents qui s’étaient produits récemment, y compris des tentatives par l’État islamique de recruter des combattants du Malawi et de la région environnante. L’officiel a présenté des communications et des vidéos censément partagées entre les recruteurs, notamment une qui parlait d’utiliser les forêts du Malawi aux fins d’entraînement.
Un groupe d’experts onusiens sur la RDC a révélé des liens organisationnels entre les insurgés du Cabo Delgado et un groupe affilié à Daech appelé les Forces démocratiques alliées, basé dans l’Est de la RDC. Dans un rapport de 2023, les experts ont déclaré que les groupes avaient tenu plusieurs réunions « depuis la fin 2021… pour discuter de la stratégie et des tactiques opérationnelles. »
Scott Morgan, notant l’importance croissante de Daech-Somalie pour le leadership mondial du groupe terroriste, déclare que tous les affiliés africains projettent leur croissance.
« Il est clair que les branches africaines importantes de l’État islamique cherchent à propager leur influence sur le continent. Nous sommes disposés à inclure le Malawi sur la liste des lieux où l’État islamique souhaite propager son influence. »
Lors du briefing du Malawi en septembre, l’officiel du NIS a souligné la condamnation de l’Ougandais Mwenyi Abdullah en janvier 2023 comme un exemple de menace terroriste. Ce dernier a été condamné à neuf ans de prison, suivis par la déportation, pour être entré illégalement dans le pays et posséder deux armes à feu et des munitions. Il avait été découvert dans la ville orientale de Mangochi avec deux drapeaux de Daech.
« Avant sa capture, nous avons découvert qu’il était lié à [Daech] et que sa mission consistait à recruter des jeunes. Il s’est révélé être un affilié actif de [Daech] », a déclaré l’officiel, selon le journal The Daily Times du Malawi.
Les autorités du Malawi sont particulièrement préoccupées par l’afflux récent des étrangers dans les forêts de Mangochi comme celle de Namizimu.
L’officiel du NIS a dit : « Ils cherchent des ressources pour financer leurs activités et cherchent toujours de l’argent pour acheter des munitions. Dans notre cas, nous savons qu’il y a un conflit au Cabo Delgado (Mozambique), près de notre frontière de l’Est, et la menace des terroristes qui s’infiltrent au Malawi reste présente. »
Patrick Thawale, président du Comité des affaires publiques, a averti les Malawiens de ne pas ignorer les risques du terrorisme dans les pays membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (CDAA).
Il a déclaré lors de la réunion : « Aucun pays n’est à l’abri de la menace du terrorisme. Elle crée des défis fondamentaux pour le Malawi, la région de la CDAA et la communauté internationale. Elle sape les valeurs de base telles que la constitution, l’état de droit, le respect des droits de l’homme, la protection des civils, la tolérance et la résolution pacifique des conflits. »