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Alors que la Chine achète moins de pétrole, l’Angola a des difficultés pour rembourser sa dette

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PERSONNEL D’ADF

La relation financière de longue date entre l’Angola et la Chine a été bâtie sur une formule simple : l’Angola utilise le pétrole pour rembourser sa dette croissante envers la Chine. Cette stratégie est connue sous le nom du modèle angolais.

Toutefois, la stratégie est défaillante car la Chine commence à importer moins de pétrole de l’Angola et d’autres pays africains et plus de pétrole de la Russie, du golfe Persique et de l’Asie. Ce changement est en partie dû à un manque d’investissement des pays africains dans les nouveaux champs de pétrole et la nouvelle infrastructure. L’équipement vieillissant et les champs de pétrole en contraction rendent les producteurs de pétrole du continent, y compris l’Angola, moins fiables à l’exportation, selon les chercheurs du Carnegie Endowment for International Peace.

L’évolution reflète aussi la relation asymétrique entre la Chine et les pays africains. Bien que la Chine reste le plus grand marché d’exportation de l’Angola et d’autres pays africains, l’Afrique dans son ensemble représente moins de 5 % des importations chinoises, selon les chercheurs du Carnegie Endowment.

Ces chercheurs ont écrit récemment dans un rapport sur l’évolution des relations entre la Chine et les pays africains : « Le cas de l’Angola est particulièrement frappant. » En 2010, l’Angola était le deuxième exportateur de pétrole du marché chinois, derrière l’Arabie saoudite. En 2023, l’Angola est passée en huitième place. Entre 2019 et 2023, les exportations de l’Angola vers la Chine ont baissé de 20 %, selon le rapport de Carnegie.

« Sans stabilité et sans investissement important dans la récupération secondaire des champs de pétrole matures, c’est une tendance qui va continuer », déclare Luke Patey, chercheur à l’Institut danois pour les études internationales, au South China Morning Post.

Pendant cette même période de 2019 à 2023, la production angolaise de pétrole a chuté de 22 %, passant de 1,42 million de barils par jour à 1,1 million.

La Chine est destinataire de près de 72 % des exportations de pétrole angolaises, ce qui en fait le plus grand importateur de pétrole de l’Angola. Toutefois, la baisse commerciale récente entrave la capacité de l’Angola pour rembourser sa dette chinoise. Depuis 2002, l’Angola a emprunté plus de 45 milliards de dollars auprès de la Chine, plus de la moitié de cette somme pour le secteur énergétique, selon l’université de Boston.

L’Angola doit toujours aux prêteurs chinois 17 milliards de dollars. Les prêts chinois représentent environ 40 % de la dette totale de l’Angola. Dans l’ensemble, les remboursements de la dette consomment environ la moitié du budget national annuel du pays, ce qui en fait l’un des pays africains les plus vulnérables en cas de crise d’endettement potentielle, selon l’agence internationale de notation S&P Global.

Les prêteurs chinois ont accordé à l’Angola un sursis de trois ans sur le remboursement des prêts, lequel a pris fin en 2023, juste au moment où l’économie angolaise entrait en récession. À mesure que les revenus du pétrole diminuent, l’Angola est forcée de couvrir les paiements de l’intérêt sur sa dette en ayant recours à un fonds-séquestre de 1,5 milliard de dollars détenu par la Chine qui avait été imposé dans le cadre des prêts. Cette année, le remboursement de la dette envers les prêteurs chinois est estimé à 10,1 milliards de dollars.

L’Angola a récemment quitté l’OPEP (cartel des pays producteurs de pétrole) à la suite d’un désaccord sur les quotas. Les autorités angolaises espèrent que cette étape encouragera davantage d’investissements directs de la Chine et d’autres pays dans son secteur du pétrole. Entre-temps, les responsables du pays cherchent à diversifier l’économie pour réduire l’impact de la fluctuation du cours du pétrole.

La ministre angolaise des Finances Vera Daves de Sousa a récemment déclaré au Financial Times que l’Angola avait convenu avec son plus gros créancier, la China Development Bank, de débloquer une somme détenue comme garantie pour ses prêts de plusieurs milliards de dollars.

Elle a dit que le fonds-séquestre débloquera entre 150 et 200 millions de dollars par mois pour satisfaire à ces obligations de dette. Le plan n’inclut pas de restructuration de la dette, ce que d’autres pays africains ont demandé. Une telle restructuration prolonge souvent la période de remboursement et augmente finalement le montant à rembourser, à mesure que les intérêts continuent à s’accumuler.

Au lieu de ça, déclare-t-elle, le plan est conçu pour rembourser la dette chinoise plus rapidement et éviter le non-paiement.

« Nous comprenons que ce n’est pas une restructuration parce que nous n’avons pas demandé de changement des échéances et nous n’avons pas demandé de changement des paiements », selon elle.

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