Les chebabs continuent à développer leurs opérations médiatiques
PERSONNEL D’ADF
En Somalie, le groupe terroriste des chebabs a passé des années à gagner et perdre du terrain. Mais dans le domaine du numérique, ils peuvent se déployer sur un terrain illimité. C’est là que l’un des groupes terroristes les mieux financés du monde répand sa propagande, sa désinformation et ses messages de recrutement dans la région, le continent et la planète.
L’Agence de presse Shahada, parmi les messagers en ligne les plus proéminents des chebabs, a récemment annoncé qu’elle étendrait sa couverture « pour inclure tous les pays du monde islamique ».
En allongeant leur portée numérique, les chebabs signalent leur souhait de faire concurrence aux autres organisations extrémistes violentes du continent en termes de proéminence. Plusieurs groupes terroristes régionaux en Afrique sont affiliés à l’État islamique et ont leurs propres opérations médiatiques robustes.
Le 9 juillet, l’Agence Shahada a annoncé le lancement de ses comptes sur Facebook et X (anciennement Twitter) et publié le message suivant :
« [Nous] ne serons plus limités à la Somalie et l’Afrique de l’Est comme nous l’étions toujours, pour essayer de fournir un service de presse qui accommode mieux les besoins de l’accélération et la complexité des événements, et le caractère exhaustif du conflit. »
En général, le site web de Shahada publie plusieurs articles par jour en langue arabe. La plupart sont des traductions des rapports en anglais publiés par les sources médiatiques traditionnelles, mais ils ne sont pas des rapports originaux ou des analyses. Jusqu’à récemment, les sujets de ces articles étaient surtout des événements en Somalie, au Kenya et en Afrique de l’Est.
Selon le Cyber & Jihad Lab de l’Institut de recherche des médias du Moyen-Orient, l’Agence de presse Shahada avait périodiquement ouvert des comptes sur Facebook et Twitter auparavant mais ils avaient été supprimés après quelques jours.
Shahada affiche aussi des communications officielles des chebabs, notamment des revendications de responsabilité pour des attaques. Ces rapports en langue arabe sont traduits à partir de déclarations en somali, qui sont initialement affichées sur une autre chaîne médiatique appelée Al-Kataib. Cette dernière est active principalement sur la plateforme de messages cryptés Telegram avec plusieurs canaux en plusieurs langues.
Les chercheurs ont découvert que la messagerie des chebabs était contrôlée centralement et restait cohérente à travers tous les médias
Georgia Gilroy écrit dans CTC Sentinel : « La vitesse à laquelle les récits se propagent d’une plateforme médiatique à la suivante, puis vers la radio et les agences de presse, suggère un haut degré de coordination dans l’infrastructure de communication du groupe. ».
Dans une enquête de 2023, l’organisme sans but lucratif Code for Africa a établi une connexion claire entre Al-Kataib et l’Agence de presse Shahada, en révélant leur affiliation avec un partage de contenu sophistiqué entre les deux branches médiatiques, ce qui représente une menace croissante de sécurité.
Cette menace se propage aujourd’hui sur le continent et au Moyen-Orient, où les chebabs diffusent leurs messages vers un auditoire plus vaste.
Le rapport indique : « Il devient de plus en plus évident que le décodage des opérations d’Al-Kataib et de l’Agence de presse Shahada est crucial pour démanteler le réseau d’influence extrémiste des chebabs. Cette révélation souligne l’urgence de surveiller et contrer la présence du groupe terroriste en ligne. »
« En outre, elle met en évidence l’importance critique de la coopération mondiale pour neutraliser la menace posée par ces manipulateurs adroits du cyberespace à mesure qu’ils utilisent leur influence pour étendre leur portée extrémiste au Sahel et au-delà. »
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