Africa Defense Forum

L’engagement communautaire peut aider la police à repousser l’extrémisme

PERSONNEL D’ADF

La mission de transition de l’Union africaine en Somalie priorise les techniques de police de proximité en préparant les forces de sécurité somaliennes à assumer le plein contrôle du pays lorsque la mission prendra fin en décembre 2024.

La mission, dont l’acronyme est Atmis, soutient les « partenariats entre la police et le public » afin de renforcer la résilience contre la radicalisation et l’extrémisme violent, grâce aux pratiques de police de proximité. Cette politique justifie la réalisation selon laquelle la police de proximité est un outil efficace contre l’extrémisme.

La commissaire de police de l’Atmis Hillary Sao Kanu a déclaré aux membres de la Force de police somalienne (SPF) après leur formation à l’académie de police du général Kahiye à Mogadiscio en janvier dernier : « Je veux que vous utilisiez ces aptitudes comme critère lorsque vous irez combattre les militants chebabs et autres criminels, parce que la police de proximité concerne pleinement l’inclusion, la cohésion et le travail conjoint pour combattre le crime. »

Ce cours de formation des formateurs faisait partie d’une série organisée par l’Atmis visant à équiper les SPF pour qu’elles s’engagent dans les pratiques efficaces de police de proximité. Ces travaux ont continué toute l’année. Le 20 mai, les responsables de l’Atmis se sont réunis avec le capitaine Faliye Farxaan, directeur adjoint de la police de proximité des SPF, à Mogadiscio pour prévoir une nouvelle salle de conférence de police de proximité.

Environ un mois plus tard, la commissaire Kanu a loué les efforts pour offrir une formation et un mentorat aux officier somaliens du Jubaland. « Nous avons fourni une formation extensive dans des domaines tels que le relevé des empreintes digitales, la police de proximité et la gestion du trafic, et nous espérons fournir d’autres formations à nos homologues somaliens », a-t-elle dit dans une annonce de presse.

Les groupes extrémistes violents gagnent souvent de l’argent grâce à la contrebande et la taxation des entreprises illicites en échange de la sécurité. En bref, la criminalité attise et renforce l’extrémisme. Un article de blog du Wilson Center écrit en juin 2024 par Meressa Kahsu Dessu, chercheur principal de l’Institut d’études de sécurité à Addis-Abeba (Éthiopie), déclare que ces conditions rendent essentielle une police de proximité efficace dans les missions de soutien à la paix.

Toutefois, les missions de l’UA omettent souvent une composante policière, écrit-il. Ce manque d’une « approche douce » peut conduire à « une réduction de l’efficacité du respect des droits de l’homme, du développement des capacités locales de police, du soutien aux investigations criminelles et de la surveillance des syndicats du crime ».

Les composantes militaires aident les missions à affaiblir les capacités de combat des extrémistes mais les policiers sont essentiels pour préserver les gains durement gagnés en bâtissant des relations avec les populations locales, écrit-il.

La police de proximité utilise cinq éléments pour rallier les habitants locaux et repousser l’extrémisme, selon le Dr Neil Jarman, associé de recherche dans les études de conflit à l’université Queen’s de Belfast (Irlande du Nord). Ces éléments employés aujourd’hui par le service de police d’Irlande du Nord, ont été adaptés à partir d’un modèle développé par le service de police d’Afrique du Sud après la fin de l’apartheid, écrit le Dr Jarman pour le Conseil des relations communautaires.

La résolution des problèmes, la responsabilisation, le partenariat, la livraison des services et la prise de responsabilité changent la posture réactive de la police à une posture « de discussion et de dialogue » dans et entre les communautés. Selon le Dr Jarman, ces principes responsabilisent les personnes et les groupes pour qu’ils traitent eux-mêmes des problèmes et œuvrent avec diverses agences.

Dessu écrit pour le Wilson Center : « Les membres des communautés sont les mieux placés pour reconnaître les activités suspectes dans leur communauté, notamment les activités liées à la radicalisation et à l’extrémisme, et pour en informer rapidement les agents de police. Grâce à de tels partenariats de police de proximité plus robustes, la police peut proactivement déceler les activités suspectes, résoudre les problèmes liés au crime et à la violence, et développer la résilience des communautés face à l’extrémisme violent. »

Le Conseil de sécurité des Nations unies a reconnu la valeur de la police de proximité pour les missions de maintien de la paix dans une résolution de novembre 2014. Le conseil a noté « que des institutions de police impartiales, réceptives, responsables et orientées vers les communautés avec un personnel bien formé peuvent aider à contrer l’extrémisme violent, notamment en développant la confiance et le dialogue entre les autorités de l’état et les communautés ».

Toutefois, les missions n’ont pas toujours des ressources adéquates affectées aux composantes de police. C’est le cas pour la Force multinationale mixte (MNJTF) qui continue à prendre pour cible les extrémistes de Boko Haram et de l’État islamique dans le bassin du lac Tchad. Un rapport de 2023 pour l’Institut norvégien des affaires internationales indique que le manque de capacité policière de la mission a endommagé ses fonctions de protection et de maintien des zones dégagées pour soutenir les opérations de stabilité, bien que les soldats de cette force opérationnelle aient bien dégagé les zones et restauré la stabilité.

Ceci force « les soldats à rester présents dans certaines zones une fois que la sécurité est restaurée pour exécuter des tâches de police et assurer la sécurité d’entrée et la conduite des activités de stabilisation et humanitaires », selon le rapport. « Toutefois, les soldats ne possèdent pas les capacités suffisantes pour agir à ce niveau car cela cause l’épuisement des ressources déjà limitées qui pourraient être utilisées ailleurs dans d’autres opérations offensives. »

L’UA et ses états membres doivent prioriser la police orientée vers les communautés dans les opérations de paix, selon M. Dessu. Des partenariats plus robustes de police de proximité aideront les officiers à déceler les comportements suspects plus tôt et à « renforcer la résilience des communautés face à l’extrémisme violent. »

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