PERSONNEL D’ADF
Le conflit apparemment insoluble entre le groupe rebelle M23 et les forces de sécurité dans l’Est de la République démocratique du Congo incite certains observateurs à recommander une alternative pour éviter une guerre régionale au cœur de l’Afrique.
Anthoni van Nieuwkerk de l’école africaine Thabo Mbeki des affaires publiques et internationales à l’université d’Afrique du Sud a récemment écrit dans The Conversation : « Une option militaire est clairement inadéquate pour traiter les lignes de clivage profondes, historiques, ethniques et basées sur les ressources, en Afrique centrale, telles qu’elles se manifestent en RDC. Pour parfaire les mesures de stabilisation, les responsables africains doivent chercher des options diplomatiques. »
En haut de la liste des options diplomatiques se trouve un cessez-le-feu entre le M23, l’armée congolaise et les forces de maintien de la paix, y compris celles des Nations unies et de la mission de la Communauté de développement d’Afrique australe (CDAA) dirigée par l’Afrique du Sud.
Le M23 est le plus proéminent parmi des dizaines de groupes qui luttent pour la terre et les ressources dans l’Est de la RDC, riche en minéraux. Les habitants des provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sont pris entre deux feux.
Joyce Msuya, sous-secrétaire générale adjointe des Nations unies pour les affaires humanitaires et coordinatrice adjointe de l’assistance d’urgence, a déclaré devant le Conseil de sécurité en avril : « Le peuple de la RDC est extraordinairement résilient. Mais il est poussé au bord de la catastrophe par des défis paralysants. »
Un cessez-le-feu de quinze jours déclaré le 5 juillet a été enfreint une semaine plus tard lorsque des frappes d’artillerie, provenant des positions du M23 selon des témoins, ont tué deux enfants et blessés d’autres à Bweremana, localité située à environ 15 km à l’Ouest de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu.
Après l’annonce d’une extension de quinze jours du cessez-le-feu à la mi-juillet, les autorités ougandaises ont indiqué qu’elles accueilleraient des pourparlers de haut niveau entre la RDC et le M23. Le M23 l’a confirmé mais les responsables congolais ont nié cette affirmation.
Patrick Muyaya, ministre des Communications de RDC, a affiché sur X : « Personne n’a été mandaté par le gouvernement pour une discussion quelconque avec les terroristes de la RDF (Force de défense du Rwanda) ou du M23 à Kampala. »
Le soutien du Rwanda pour le M23 a creusé un fossé entre les responsables du Rwanda et de la RDC ; les observateurs craignent que cela ne provoque une conflagration plus forte. La situation a récemment provoqué des paroles brutales entre les représentants du Rwanda et du Congo aux Nations unies ; le représentant congolais a accusé le Rwanda d’avoir déjoué les efforts de paix afin d’établir une zone d’influence dans l’Est de la RDC.
Les responsables du continent et du monde entier font appel à une désescalade du conflit dans l’Est de la RDC et à la recherche d’un accord négocié pour mettre fin aux combats. La solution doit commencer avec les leaders, selon le professeur van Nieuwkerk.
Il écrit : « La réticence des élites au pouvoir dans toute l’Afrique centrale à prendre responsabilité pour la guerre soulève la question de savoir ce qui pourrait être fait afin de promouvoir la paix et le développement. »
Dans ce sens, l’Union africaine a envoyé le président angolais João Lourenço pour conduire une médiation entre les responsables de la RDC et du Rwanda. Il s’est réuni séparément avec chaque partie à Luanda et les a réunies ensemble dans les coulisses de la conférence au sommet de l’Union africaine en février.
La RDC, le Rwanda et leurs voisins régionaux ont tous convenus de reconnaître les processus de paix de Luanda et de Nairobi créés en 2022 pour montrer la voie vers la sécurisation de l’Est de la RDC. Les deux processus font appel à un cessez-le-feu supervisé et à l’élimination des Forces démocratiques de libération du Rwanda, dont les chefs veulent renverser le gouvernement rwandais.
Entre-temps, les experts recommandent de renforcer la mission de la CDAA aux prises avec des difficultés financières pour donner aux médiateurs une marge de manœuvre. La mission de la CDAA sera la seule présence de maintien de la paix dans la région lorsque l’ONU se retirera à la fin de l’année. Depuis son déploiement dans la région, la mission a été tourmentée par des problèmes d’équipement et plusieurs de ses membres ont été tués par les attaques du M23.
Même si les négociateurs peuvent trouver une résolution pacifique au conflit avec le M23, ceci résoudra un seul des nombreux problèmes confrontant l’Est de la RDC, selon Andrew McGregor de la Jamestown Foundation.
Il écrit : « Comme la plupart des conflits à long terme, un grand nombre de participants différents au conflit du Nord-Kivu ont découvert des façons de profiter de sa prolongation, plutôt que de sa résolution, ce qui décourage toute amélioration prévisible de la sécurité. ».