Le Kenya va traduire en justice les pirates arrêtés lors de l’opération Atalanta
PERSONNEL D’ADF
Le Kenya a confirmé son intention de traduire en justice les pirates présumés et autres criminels des mers alors que l’insécurité s’aggrave à cause d’une hausse récente des attaques par les pirates somaliens et les rebelles houthistes du Yémen.
Le Kenya traduira en justice les pirates capturés lors de l’opération Atalanta de la Force navale de l’Union européenne (EUNAVFOR). Plusieurs pirates somaliens présumés ont été arrêtés au cours des derniers mois, lors d’opérations dans l’océan Indien et le golfe d’Aden. EUNAVFOR n’a pas l’autorité d’intenter des poursuites ou de détenir des suspects pendant une longue période sans inculpation officielle.
Le vice-amiral José M. Núñez, commandant opérationnel de l’EUNAVFOR, déclare qu’un « aboutissement juridique » fiable peut avoir un « énorme effet de dissuasion » sur la piraterie.
La reprise des activités des pirates somaliens a commencé à la fin 2023 après une accalmie de six ans attribuée à la coordination des opérations navales anti-piraterie, aux mesures de sécurité telles que le positionnement de gardes armés sur les navires, et à l’intensification des poursuites judiciaires et de l’emprisonnement des pirates.
Le lieutenant-colonel Rodrigo Lorenzo, conseiller juridique de l’EUNAVFOR, déclare : « L’aboutissement juridique fait partie de notre ADN, notre ADN opérationnel. Depuis le tout début, lorsque nous avons commencé à affronter la piraterie et les autres activités illicites, nous avons toujours été engagés dans l’aboutissement juridique. Ce concept peut être défini de la façon suivante : si notre marine constate des activités ou des cargaisons illégales, non seulement elle perturbe, non seulement elle interdit, mais nous saisissons aussi la cargaison, nous détenons les suspects, puis nous les remettons à tout état côtier désireux de traduire les suspects en justice. »
Les Seychelles ont aussi convenu de traduire en justice les criminels de la mer détenus par EUNAVFOR.
Vers la mi-mai, un navire de guerre de l’opération Atalanta a transféré aux Seychelles six pirates présumés pour leur procès, à la suite d’un incident de piraterie dans le golfe d’Aden. Les pirates présumés ont attaqué le pétrolier Chrystal Arctic battant pavillon des îles Marshall, avec des fusils de style kalachnikov et des lance-roquettes. Ils ont été arrêtés après une fusillade avec la frégate italienne Federico Martinego qui était aussi rattachée à l’opération Atalanta, selon EUNAVFOR.
Les incidents de piraterie en Somalie sont en hausse alors que les marines internationales partent des eaux somaliennes pour contrer les attaques répétées de la milice houthiste du Yémen en mer Rouge et autres eaux régionales. On a compté cinq incidents de piraterie dans les eaux somaliennes au premier trimestre 2024, comparé à zéro pendant la même période l’an dernier, selon le Bureau maritime international de la Chambre de commerce internationale.
La convergence des attaques par les pirates somaliens et les Houthis perturbe le commerce mondial. Chaque année, 20.000 navires traversent le golfe d’Aden pour se rendre en mer Rouge et dans le canal de Suez, voie maritime la plus courte entre l’Europe et l’Asie.
Isaiah Nakoru, chef du département des Transports et des Affaires maritimes du Kenya, déclare que son pays est très désireux de promouvoir la sécurité et le libre mouvement des biens et des personnes.
« Nous devons œuvrer ensemble pour nous assurer de réaliser les aspirations de durabilité et de sécurité, et toutes les activités qui menacent les moyens de subsistance des gens et le mouvement des personnes doivent être affrontées en partenariat avec toutes les parties prenantes », a-t-il dit à Voice of America.
Ian Ralby, expert en matière de sécurité maritime, note que cet accord n’est pas nouveau car il s’inscrit dans le cadre du programme anti-piraterie de la Commission européenne et l’Office des Nations unies sur les drogues et le crime, créé en 2009. Il déclare penser qu’il est probable que les efforts seront publiés à nouveau, étant donné les attaques récentes des pirates. Il pense aussi que les poursuites intentées contre les pirates présumés servent de dissuasion efficace.
En tant que président-directeur général d’I.R. Consilium, Ian Ralby déclare à ADF : « Rien ne change l’équation risque/bénéfice comme les poursuites judiciaires et les condamnations à de longues peines de prison, en ce qui concerne la piraterie. C’est un risque que la plupart des gens ne veulent pas assumer, et les bénéfices sont difficiles à réaliser si des forces navales sont continuellement présentes et souhaitent soit vous prendre pour cible avec un fusil, soit vous capturer et vous traduire en justice. »
Depuis 2012, les Seychelles ont poursuivi en justice 17 affaires de piraterie et le Kenya 19 environ, selon l’Institut danois pour les études internationales.
À la fin mai pour la première fois, l’opération Atalanta a mené un exercice conjoint multi-agences avec la Marine et la Garde côtière du Kenya. L’objet de l’exercice était d’améliorer le partage des informations, la sécurité maritime, la coopération et le dialogue concernant les questions régionales de paix et de sécurité.
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