Les Seychelles démontrent comment les pays de petite taille peuvent combattre efficacement la piraterie
PERSONNEL D’ADF
Le Topaz, navire de la Garde côtière des Seychelles, changea brusquement de cap en janvier en recevant l’alerte d’une attaque contre un chalutier de pêche srilankais par des pirates somaliens, juste à l’extérieur de la zone économique exclusive des Seychelles.
Le bateau seychellois avait rencontré les pirates près de l’île de Denis, au Nord-Est des Seychelles, lorsque les pirates ont fait feu. L’équipage de gardes côtes du Topaz n’avait jamais essuyé de tirs auparavant, mais des membres des forces spéciales des Seychelles étaient aussi à bord.
Les pirates se sont rendus après plusieurs minutes ; ils ont été arrêtés par la Marine indienne, qui les poursuivait aussi.
Le major Hans Radegonde, porte-parole des Forces de défense des Seychelles, a déclaré sur gCaptain, plateforme d’actualités maritimes : « Nous nous sommes rapprochés de l’embarcation avec prudence et avons découvert trois pirates somaliens à bord. Malgré leur résistance et le barrage de tirs qui nous a pris pour cible, six minutes ont été nécessaires pour gagner le contrôle de la situation. Depuis l’an dernier, il y a une recrudescence de la piraterie. Les pirates sont actifs plus près des eaux du pays. »
Francis Milroy Perera, propriétaire du bateau srilankais, a exprimé ses remerciements pour les actes des forces seychelloises et indiennes alertées par le Centre de sécurité maritime – Corne de l’Afrique (MSCHOA) de l’Union européenne. Les pirates somaliens ont la réputation de saisir les vaisseaux de pêche et de les utiliser comme « vaisseaux-mères » pour lancer d’autres attaques.
« Nos marins et le vaisseau ont été secourus après un grand combat », a-t-il déclaré sur gCaptain.
Les pirates somaliens ont effectué un retour en force en décembre 2023 après six années d’inactivité. Les officiels ont enregistré au total 33 incidents de piraterie et d’attaques à main armée contre des navires par les pirates somaliens au cours des trois premiers mois de 2024, comparé à 27 incidents pendant la même période en 2023, selon un rapport du Bureau maritime international.
Les experts de la sécurité maritime ont écrit pour War on the Rocks que le rôle de la Garde Côtière des Seychelles dans l’arrestation des pirates illustre comment les états régionaux, même ceux de très petite taille, peuvent avoir un effet profond pour riposter à la piraterie et aux autres crimes en mer.
« Cela prouve qu’un état de petite taille avec une capacité limitée peut faire la différence s’il possède une bonne formation, s’il agit de façon professionnelle et s’il souhaite assumer la responsabilité de ces missions. Cela montre aussi l’importance de la mise en commun des informations et la façon dont peut fonctionner une bonne coordination dans l’océan Indien occidental s’il existe une volonté d’agir ensemble. »
Les auteurs ajoutent qu’un soutien continu de la part du MSCHOA et des Forces maritimes combinées (partenariat de sécurité maritime conduit par les États-Unis qui assiste la coordination des opérations navales dans la région) est crucial pour contrer efficacement la piraterie somalienne .
Ils exhortent aussi les états de petite taille à mieux apprécier l’importance des océans, à reconnaître les avantages du développement durable pour leur économie des océans et à s’armer de la volonté politique pour mieux comprendre la sécurité maritime tout en utilisant efficacement le soutien externe en matière de sécurité.
Autre outil important dans la lutte contre la piraterie : le Centre régional des opérations de coordination (RCOC) des Seychelles, qui organise régulièrement des opérations de sécurité maritime.
En décembre, le RCOC a élargi sa zone de responsabilité et coordonne désormais les opérations pour contrer les crimes en mer de 21 pays.
L’expert maritime Ian Ralby, président-directeur général d’I.R. Consilium, déclare à ADF : « C’est un mécanisme très robuste qui n’existait pas auparavant ; nous devrions donc constater une meilleure dissuasion et nous espérons que toute activité opérationnelle en mer s’accompagnera d’une résolution juridique devant les tribunaux afin d’assurer que les pirates soient vraiment tenus responsables au lieu d’être simplement attrapés, puis relâchés. »
Le RCOC et le Centre régional de fusion des informations maritimes de Madagascar mettent aussi en commun leurs informations entre eux et avec tout pays faisant face à une menace maritime. Leurs informations aident souvent les alliés locaux, régionaux et internationaux à collaborer dans les arrestations en mer. Si le pays menacé n’est pas capable de conduire une interdiction, il peut demander l’aide du RCOC.
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