Alors que la guerre perdure au Soudan, les divisions ethniques fractionnent les combats au Darfour
PERSONNEL D’ADF
Alors que la bataille pour le contrôle de la région soudanaise du Darfour fait rage, les Forces de soutien rapide (RSF) concentrent de plus en plus leurs attaques sur un groupe ethnique particulier : les Masalits, qui ne sont pas arabes. Ce groupe constitue une partie importante de la population de la région et se bat aux côtés d’autres groupes pour garder la région hors du contrôle des RSF dans la guerre civile du pays.
Le Darfour du Nord et El-Fasher, sa capitale, sont les seules parties de la grande région du Darfour qui ne sont pas sous contrôlées par les RSF. Leur conquête fournirait aux RSF une avenue pour attaquer les positions des Forces armées soudanaises (SAF) dans le Nord du Soudan et pour être ravitaillées par la Libye avec l’aide des mercenaires russes.
El-Fasher héberge actuellement 1,5 million de personnes, dont beaucoup ont fui la violence dans d’autres régions du Darfour. Le 19 mai, les tirs de roquette des RSF ont frappé l’hôpital des femmes, de maternité et néo-natal d’El-Fasher, en blessant neuf personnes et endommageant sévèrement les systèmes d’eau et d’électricité du bâtiment.
Les attaques contre El-Fasher ressemblent aux assauts similaires des RSF à Al-Genaïna, la capitale du Darfour-Occidental, conduite pendant une grande partie de 2023. La population masalit du Soudan est concentrée au Darfour-Occidental.
« Les attaquants ont détruit méthodiquement l’infrastructure civile cruciale, en prenant pour cible des quartiers et des sites, y compris les écoles, principalement dans les communautés des Masalits déplacés, indiquent les enquêteurs de Human Rights Watch (HRW). Commettre des violations graves contre les Masalits dans le but apparent, au minimum, de les faire partir de façon permanente de la région constitue un nettoyage ethnique. »
Les Masalits, les Zaghawa et les Fours, qui ne sont pas arabes, sont pris pour cible par les RSF et leurs prédécesseurs, les Janjawids, depuis plus de vingt ans.
Lorsque les affrontements se sont déclenchés en avril 2023 entre les Forces armées du Soudan (SAF) et les RSF, le groupe paramilitaire RSF basé au Darfour a repris rapidement ses assauts historiques contre les résidents non arabes de la région.
Les milices locales ont formé la Force conjointe du Darfour en avril 2023, un organisme neutre chargé de protéger El-Fasher. Le gouverneur du Darfour, Minni Minnawi de l’ethnie Zaghawa, a dirigé le groupe, qui a inclus son propre Mouvement de libération du Soudan, le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), l’Alliance soudanaise et le Rassemblement des forces de libération du Soudan.
Aujourd’hui, plus d’un an plus tard, les combats au Darfour se sont fractionnés selon l’ethnicité, alors que les animosités de plusieurs décennies se sont transformées en violence et destruction à très grande échelle.
En novembre 2023, Minni Minnawi et Gibril Ibrahim, chef du JEM, se sont alliés aux SAF sous l’égide des Forces conjointes du Darfour. Les deux milices sont engagées dans le combat pour El-Fasher.
L’Alliance soudanaise, le Rassemblement des forces de libération du Soudan et le Mouvement de libération du Soudan-Conseil transitionnel sont restés neutres dans le conflit et se sont engagés à protéger les civils d’El-Fasher contre les assauts.
Les enquêteurs de HRW déclarent que des dizaines de milliers de personnes, notamment de nombreux Masalits, sont mortes depuis le début des combats en 2023. Ceux qui ne se sont pas enfuis dans des camps du Tchad rencontrent parfois des combattants des RSF à leur porte.
Une survivante appelée Karima a dit aux investigateurs que les combattants des RSF ont fait du porte à porte pour tuer les hommes massalits. Plus tard, ils l’ont violée à plusieurs reprises.
Les résidents d’Al-Genaïna ont raconté à Reuters des récits similaires aux sujets des hommes masalits, depuis les bébés jusqu’aux adultes, tués par balles par les combattants des RSF.
Les Masalits qui ont fui vers le Tchad pour raison de sécurité ont été assaillis en chemin. Les combattants des RSF et leurs milices arabes alliées ont violé les femmes en série, coupé la gorge des bébés et écrasé les gens avec leur véhicule. Par exemple, les témoins déclarent que les combattants RSF ont attaqué un convoi qui fuyait ; ils ont séparé les enfants de leurs parents, tué les parent, puis tué les enfants à coups de balle et jeté les corps dans un fleuve. D’autres atrocités relevées incluent les gens brûlés vifs chez eux ou tués par balle dans la rue par des tireurs embusqués. Les combattants ont détruit les écoles et les hôpitaux.
« L’imagerie satellitaire confirme que, depuis que les RSF et les milices alliées ont pris le contrôle d’Al-Genaïna en juin dernier, les quartiers principalement masalits ont été systématiquement démantelés, beaucoup d’entre eux au bulldozer, ce qui empêche les civils en fuite de retourner chez eux », signalent les enquêteurs de HRW.
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