PERSONNEL D’ADF
Les Nigériens se sont répandus dans les rues de leur capitale pour célébrer l’annonce du gouvernement militaire selon laquelle il quittait la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en janvier.
Mais tout n’est pas parfait dans la république du Niger. Le non-paiement récent de 22 millions de dollars sur sa dette est l’un des nombreux effets secondaires préjudiciables du coup d’État militaire de juillet 2023.
L’analyste nigérian Bulama Bukarti a écrit sur le site de réseaux sociaux X (ex-Twitter) le 28 janvier : « Le retrait de la CEDEAO par le Niger, le Mali et le Burkina Faso équivaut à un acte colossal d’auto-sabotage économique. »
« Cette décision imprudente est uniquement due au petit amour-propre narcissiste des juntes militaires qui détiennent ces pays en otage. »
Le Niger a constamment manqué les paiements sur sa dette depuis le coup d’État, et ses non-paiements se sont accumulés aujourd’hui à hauteur de près de 520 millions de dollars, selon une déclaration du 19 février par l’agence de gestion de dette ouest-africaine UMOA Titres.
La CEDEAO et l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) ont sanctionné le Niger, bien que la CEDEAO ait depuis lors révoqué les sanctions qui incluaient la fermeture des frontières, le gel des avoirs et la suspension des transactions commerciales, selon un reportage de Reuters.
L’économie du Niger est paralysée depuis le coup d’État. Les services de base sont rares. Le Niger, qui était déjà l’un des pays les moins électrifiés de l’Afrique subsaharienne, a subi une chute de 70 % de l’électricité qu’il obtenait précédemment du Nigeria.
« Les sanctions économiques et financières imposées actuellement ont des conséquences extrêmement négatives pour la vie de la population », déclare l’employé de la Croix-Rouge Abdallah Togola au magazine The New Humanitarian.
La réponse de la junte gouvernante aux conséquences financières régionales et internationales est l’établissement d’une austérité extrême. Le gouvernement militaire a déclaré qu’il avait réduit de 40 % ses dépenses projetées pour 2023 du fait des sanctions internationales. Le budget, estimé initialement à 5,4 milliards de dollars, a été réduit à 3,3 milliards. Les autorités n’ont fourni aucun détail sur la nature des réductions.
« Il est profondément imprudent de s’isoler de ses plus proches voisins au milieu d’une crise économique épique, déclare M. Bukarti. Malheureusement, les citoyens ordinaires qui sont conduits à croire que cette action est dans leur intérêt seront les principales victimes. »
Un homme d’affaires proéminent qui a demandé l’anonymat a déclaré à Al Jazeera : « Le coup d’État du Niger s’est produit il y a quelque sept mois. Je pense que les responsables maliens et burkinabés sont aux prises avec ces réalités de gouvernance depuis plus longtemps et ils ne sont pas aussi fougueux qu’ils l’étaient… au moins en ce qui concerne l’UEMOA évidemment. »
Dans un nouvel effort de dialogue, la CEDEAO a annoncé le 24 février la levée de la plupart des sanctions imposées contre le Niger, et a immédiatement mis fin à la zone d’exclusion aérienne et à la fermeture des frontières.
« Il y a eu un changement de ton, de langage, et aussi de l’approche de la CEDEAO consistant entièrement à imposer des sanctions et des embargos sur ces trois pays d’Afrique de l’Ouest », selon un reportage du journaliste Ahmed Idris d’Al Jazeera sur la conférence au sommet du bloc régional.
La CEDEAO a aussi invité le Burkina Faso, le Mali et le Niger à participer aux « discussions techniques du bloc de la CEDEAO », sans restaurer leur participation à part entière.
Idris déclare que « l’on craint que, si la CEDEAO ne ramène pas ces gens au bercail, d’autres coups d’État ne se produisent en Afrique de l’Ouest. »