L’avenir de l’Atmis demeure incertain parmi les attaques répétées en Somalie
PERSONNEL D’ADF
La mission de transition de l’Union africaine en Somalie (Atmis) a été inaugurée le 1er avril 2022. Elle prévoit de commencer à réduire ses effectifs dès la fin de l’année en cours.
Mais certains réévaluent cette stratégie alors que le pays continue à être tourmenté par des attaques presque continuelles par les extrémistes. La date actuellement prévue pour que la mission parte du pays est en décembre 2024.
Fiona Lortan, chef intérimaire de l’Atmis, a déclaré au Nation Media Group du Kenya : « Nous ne pouvons pas simplement plier bagages et partir. En sécurisant la Somalie, nous sécurisons les pays de la région. »
Les décès des civils sont en hausse en 2022 à cause du groupe terroriste al-Shebab lié à al-Qaïda, qui est enraciné en Somalie depuis 2006.
Selon les Nations unies, au moins 613 civils ont été tués et 948 blessés depuis le début de l’année, soit près d’un tiers de plus que l’an dernier. Ces chiffres sont les plus élevés depuis 2017.
Al-Shebab a détruit des maisons, des antennes de télécommunication, onze bâtiments scolaires et un pont.
Ils ont détruit et empoisonné des puits à un moment où les Somaliens font face à une sécheresse extrême dans le pays et des centaines de milliers affrontent la famine.
Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a déclaré le 14 novembre : « Une telle destruction aveugle est répréhensible, tout spécialement du fait de la situation humanitaire difficile, des mauvaises récoltes pendant cinq saisons de pluie consécutives et des déplacements à grande échelle dans le pays. »
« Le ciblage délibéré des civils et la destruction réelle des ressources indispensables à la population civile constituent des crimes de guerre selon le droit international. »
L’Atmis a été créée pour remplacer la mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), dont le mandat avait expiré en début d’année après quinze ans d’activité.
La nouvelle mission vise à encourager l’autonomie militaire, policière et institutionnelle de la Somalie alors que l’UA se retire graduellement. Conformément au Plan de transition de la Somalie et ses révisions de mars 2022, les forces de sécurité somaliennes devront prendre complètement la relève en décembre 2024.
La mission est dans la première de quatre phases, qui dureront chacune neuf mois, sauf pour la phase finale dont la durée est prévue pour six mois.
La première phase sera clôturée à la fin 2022. Elle a inclus une reconfiguration de l’AMISOM à l’Atmis ainsi que des déploiements de soldats et une meilleure coordination des pays d’Afrique de l’Est, y compris le Burundi, Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya et l’Ouganda.
Au cours de la deuxième phase, l’Atmis et les forces somaliennes concevront et conduiront conjointement des opérations de nettoyage. Certaines bases seront transférées à l’armée somalienne.
Dans la troisième phase, l’Atmis remettra les bases opérationnelles restantes aux forces de sécurité somaliennes, et dans la quatrième l’Atmis se retirera complètement.
« En fin de compte, la Somalie doit assumer sa propre responsabilité, déclare Mme Lortan. Le Plan de transition de la Somalie conçu principalement par le gouvernement somalien est le plan directeur. »
Mais les plus récentes attaques des combattants d’al-Shebab et les réponses des forces armées somaliennes (SNA) et des forces régionales de l’Atmis ont incité les autorités somaliennes à demander la suspension du retrait des troupes cette année.
Lors d’une allocution télévisée le 23 août, le président somalien Hassan Sheikh Mohamoud a déclaré une « guerre totale » contre al-Shebab après le siège meurtrier d’un hôtel pendant 30 heures dans la capitale de Mogadiscio par les militants.
Le 29 octobre, deux voitures piégées ont explosé à quelques minutes d’intervalle, suivies par une fusillade. Al-Shebab a revendiqué cette attaque qui a tué au moins 121 personnes et blessé 333 à Mogadiscio. C’était l’attaque la plus meurtrière commise en Somalie depuis cinq ans.
Assistées par les forces de l’Atmis et le personnel militaire américain récemment déployé, les SNA ont répondu par une offensive pour reprendre le territoire contrôlé précédemment par al-Shebab dans le centre et le Sud de la Somalie.
Les communautés locales ont aussi prêté assistance.
Le colonel kényan J. Maiyo, commandant adjoint de secteur, a employé une variété de tactiques de sensibilisation, notamment la fourniture de nourriture et de médicaments.
« Nous offrons une formation pour les armes, des soins pour les victimes des combats, ainsi qu’une formation sur les aptitudes d’infirmier et de sage-femme aux soldats et aux policiers, ainsi qu’aux civils souhaitant les apprendre », a-t-il déclaré au Nation Media Group.
« Le gouvernement somalien essaie mais il manque de ressources, notamment les effectifs militaires, les armes et même les ressources logistiques pour faciliter la mobilité de ses forces. »
Bien que personne ne puisse savoir de façon sûre quand la transition entre l’Atmis et les forces de sécurité somaliennes sera achevée, il existe un renouveau d’optimisme malgré les effusions de sang actuelles.
Lors de son discours d’adieu le 29 octobre, le lieutenant-général Diomède Ndegeya, commandant sortant de l’Atmis, a déclaré que la reconquête des communes et des villes est une indication claire des capacités croissantes des SNA.
« Je me félicite que la population locale, à partir de septembre de cette année et sous l’égide du nouveau gouvernement, ait rejoint la lutte contre al-Shebab, a-t-il dit. Il est certain qu’il existe en Somalie une volonté politique de vaincre le terrorisme. »
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