Africa Defense Forum

Les communautés obtiennent une voix dans la réforme du secteur de la sécurité

PERSONNEL D’ADF

Après plusieurs années de service avec l’armée sénégalaise, le général Mbaye Cissé souhaite appliquer les leçons qu’il a apprises et faire mieux participer le public dans la résolution des problèmes d’insécurité.

Il est directeur général du Centre des hautes études de Défense et de Sécurité (CHEDS) depuis juillet 2020. Il était auparavant commandant de section dans la région de Casamance, où le conflit couve depuis 1982.

Il a participé récemment à un webinaire conduit par le Centre africain pour les études stratégiques et le CHEDS qui s’est focalisé sur l’importance stratégique de l’emploi des approches citoyennes pour faire face aux défis sécuritaires.

Il a décrit le programme d’autorité locale du CHEDS, qui vise à décentraliser les informations en réunissant les élus, les forces de sécurité et de défense, et les chefs de village.

« Nous les réunissons pour créer des passerelles, parce que le problème concerne le manque de plateforme formelle où les communautés peuvent se réunir régulièrement avec les forces de sécurité pour déterminer ce qui peut être fait au niveau local, non seulement dans les périodes d’insécurité mais aussi en temps de paix », a-t-il déclaré lors du webinaire du 28 juillet à Dakar.

Il dit que le programme sera introduit dans le Sud-Est du Sénégal dans deux mois.

Les chefs traditionnels et religieux de Gorouol, commune du Sud-Ouest du Niger près de la frontière avec le Burkina Faso, se préparent à une réunion avec les responsables gouvernementaux en juin 2022. AFP/GETTY IMAGES

« Nous devons suivre cette approche plus intensément. Ceci concerne les citoyens. Elle nécessite la participation complète de toutes les communautés, et les forces de défense et de sécurité sont de plus en plus ouvertes à ce type d’activité. »

En principe, la politique du secteur de la sécurité est influencée par les responsables de la sécurité au niveau de l’état qui travaillent avec les chefs de la communauté et les groupes de la société civile, les autorités conventionnelles et traditionnelles, les organisations de femmes et les groupes de jeunes.

Les experts déclarent que l’interaction directe avec les citoyens et le développement des relations avec les leaders communautaires renforcent la confiance et sont cruciaux pour la bonne gouvernance.

’Kemi Okenyodo, fondatrice et directrice exécutive de Partners West Africa Nigeria (PWAN) basé à Abuja, a partagé ses expériences de directrice d’une organisation non gouvernementale engagée dans l’amélioration de la participation citoyenne et le perfectionnement de la gouvernance de sécurité au Nigeria et en Afrique de l’Ouest.

Elle a déclaré pendant le webinaire : « L’une des choses que nous avons apprises à faire chez PWAN est de commencer nos interventions avec une cartographie des acteurs non étatiques. Qui sont-ils, quels sont leurs objectifs, comment sont-ils financés, quelle est leur structure, ont-ils des liens avec le gouvernement à un niveau quelconque ? »

« Au Nigeria, nous avions constaté la prolifération des acteurs de sécurité non étatiques qui émergeaient du fait des lacunes dans les activités des agences de sécurité officielles. Nous n’avons jamais découvert de façon de régulariser ou de structurer cela pour l’ajouter au système de sécurité officiel. »

« Toutes les parties prenantes doivent avoir un siège autour de la table. Les gouvernements doivent s’assurer que toutes les démographies, et les deux sexes, soient représentés. »

Le Dr Abdou Ndao, socio-anthropologue et chercheur sur le terrain, est un autre panéliste qui a étudié les relations complexes entre les professionnels de la sécurité et les citoyens qu’ils servent.

Il déclare que les chefs du secteur de la sécurité sont rarement proactifs pour développer des stratégies locales afin de renforcer la confiance avec les citoyens, mais qu’il est important pour eux d’être ouverts aux nouveaux concepts.

« Dans la Casamance, il y a beaucoup de questions liées à la résolution de cette crise de conflit à long terme. Il est vraiment nécessaire que les forces sénégalaises examinent le contexte. Il est très difficile d’introduire des changements quelconques sans avoir de dialogue plus inclusif et plus ouvert. »

« Si nous pouvions inclure davantage ces communautés dans le développement des politiques publiques, je pense que nous aurions un meilleur rapport avec elles. »

Mme Okenyodo encourage une approche hybride contenant des systèmes de sécurité officiels et officieux qui se chevauchent, qui sont coordonnés et qui collaborent.

Elle déclare que les groupes de défense communautaires ont aussi le potentiel de former des relations coopératives plus efficaces avec les institutions de sécurité de l’état.

« Pouvons-nous concevoir une structure qui permette une entente hybride sans permettre au secteur informel de se séparer de l’état mais d’agir de façon tout à fait complémentaire afin d’obtenir une sécurité conjointe qui inclurait le développement des capacités ? », demande-t-elle.

« Si nous suivons cette route, nous pourrions bien élaborer un modèle de police de proximité qui soit unique et efficace. »

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