PERSONNEL D’ADF
Les états côtiers font sonner l’alarme : le manque de ressources pour conduire des patrouilles maritimes, combiné à la surveillance limitée des activités des navires, encourage la pêche illégale et conduit à l’insécurité alimentaire et la perte de revenus pour des millions de personnes.
Ces faits ont été soulignés lors d’un séminaire organisé par la COMHAFAT (conférence ministérielle sur la coopération halieutique entre les États africains riverains de l’océan Atlantique) au Maroc en mai dernier.
Abdennaji Laamrich, chef de la coopération et des systèmes d’information de la COMHAFAT, a déclaré dans un reportage du journal ghanéen Daily Graphic que la pêche illégale « affecte négativement les moyens de subsistance des gens qui dépendent de la pêche dans les pays côtiers africains. Quels que soient le lieu où nous vivons, la nourriture que nous mangeons et la langue que nous parlons, nous dépendons tous des océans pour rester en vie. La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) menace cette ressource vitale. »
La COMHAFAT est une organisation inter-gouvernementale qui réunit 22 pays membres couvrant la distance entre le Maroc et la Namibie. L’organisation souhaite renforcer la coopération entre les pays membres pour préserver et développer les ressources de pêche.
Depuis des dizaines d’années, les flottes de pêche étrangères ciblent les eaux africaines.
La Chine est de loin le pire contrevenant de la pêche INN en Afrique de l’Ouest, où 40 à 60 % de tous les poissons sont pêchés illégalement. La Chine régit la flotte de pêche en eaux distantes la plus grande du monde et elle est le premier contrevenant mondial pour la pêche INN, selon l’Indice de pêche INN.
Les experts déclarent que les défis maritimes sont aggravés par la gouvernance impotente, le manque de transparence et les structures administratives et juridiques limitées pour affronter la pêche INN. Le manque de navires patrouilleurs et de systèmes de surveillance rend difficile la surveillance des eaux régionales par les autorités, en particulier sur le littoral du golfe de Guinée dont la longueur totale est supérieure à 6.000 km.
Le commerce maritime illégal fait perdre à l’Afrique de l’Ouest près de 1,95 milliard de dollars sur la chaîne de valeur des poissons et fait perdre aux foyers 593 millions de dollars de revenus annuels. La pêche illégale détruit aussi les écosystèmes et a été liée à la piraterie, aux enlèvements et au trafic de stupéfiants.
Abdelouahed Benabbou, secrétaire exécutif de la COMHAFAT, a fait appel à des efforts régionaux coordonnés pour combattre la pêche illégale pendant le séminaire. M. Benabbou a évoqué pour le Daily Graphic l’exemple du Maroc, qui s’est engagé à aider les pays membres de la COMHAFAT à éliminer la pêche illégale.
D’autres efforts sont menés dans l’océan Indien.
Au cours du temps, les Seychelles et d’autres états insulaires de l’océan Indien occidental, notamment les Comores, Madagascar, Maurice et l’île française de la Réunion, ont renforcé la sécurité maritime par leur appartenance à la Commission de l’océan Indien (COI). La commission les aide à améliorer la coopération en matière d’application de la loi, de partage des renseignements et de coordination transfrontalière pour lutter contre la criminalité en mer.
En 2019, le Centre des opérations de coordination régionale (RCOC) des Seychelles, qui conduit principalement des actions conjointes pour faire appliquer le droit maritime, travaillait sans relâche avec le Centre régional de fusion des informations maritimes basé à Madagascar, qui diffuse les informations maritimes et donne l’alerte au RCOC concernant les activités suspectes en mer.
Par l’intermédiaire des centres créés par la COI, sept pays ont signé des accords pour échanger et partager les informations maritimes et pour participer aux actions maritimes conjointes. Ils sont les Comores, Djibouti, le Kenya, Madagascar, Maurice, la Réunion et les Seychelles.
Le Comité des pêcheries pour le golfe de Guinée Centre-Ouest a établi en mai 2021 un centre régional de surveillance, contrôle et vigilance pour aider à combattre la pêche illégale.
Le centre aide ses pays membres (Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Liberia, Nigeria et Togo) à gérer leur secteur de la pêche. Il est équipé de systèmes de suivi des navires et peut recueillir des données sur les vaisseaux de pêche autorisés dans la région.