PERSONNEL D’ADF
L’Union africaine, tirant profit des leçons apprises pendant la pandémie du Covid-19, a approuvé un plan visant à améliorer la capacité du continent pour une approche forte, unifiée et indépendante aux épidémies futures de maladie.
Lors de leur conférence au sommet d’Addis-Abeba (Éthiopie), les leaders continentaux ont suivi une approche double pour améliorer la riposte du continent contre les urgences futures : ils ont élevé les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC africains) au niveau d’une agence indépendante. Ils ont aussi approuvé la création de l’Autorité africaine pour la préparation et la réponse aux pandémies (AAPRP) afin de coordonner et mettre en application les efforts visant à contrôler les pandémies futures.
Le Dr John Nkengasong, directeur des CDC africains, a déclaré dans un briefing de presse : « Il y aura certainement une autre pandémie, mais je ne sais pas quand. Il est préférable de nous organiser pour ne pas être surpris. »
En vertu du plan approuvé par l’UA, les CDC africains détiendront une plus grande autonomie pour agir sans obtenir l’approbation des responsables de l’UA. Cette nouvelle autorité sera conférée au Dr Nkengasong, directeur fondateur des CDC africains, qui deviendra directeur général.
Les comités de l’UA doivent élaborer des plans détaillés avant que cela n’entre en vigueur, peut-être dès le mois de juillet.
Leur nouveau statut donnera aux CDC africains la capacité de répondre aux urgences de santé régionales dans un minimum de deux jours. En vertu du statut actuel, le processus d’approbation pourrait durer plus longtemps.
L’AAPRP sera créée par traité entre les 55 états membres de l’UA. Le Dr Nkengasong déclare que la négociation et l’approbation du traité pourraient nécessiter jusqu’à la fin 2022.
Le président Cyril Ramaphosa d’Afrique du Sud qui a lancé la riposte de l’UA au Covid-19 pendant deux ans a déclaré que l’autorité et les fonds de secours associés « assureraient la capacité de la région à répondre aux vagues suivantes de Covid-19 et aux pandémies futures ».
En tant que traité, la structure de l’AAPRP sera contraignante pour les pays africains, quel que soit leur gouvernement ou leur politique, déclare le professeur Olive Shisana, conseillère spéciale du président.
Elle dit que l’autorité de réponse à la pandémie « assurera un mécanisme entièrement prévisible et structuré pour arrêter et déployer les contre-mesures médicales, les ressources financières, le personnel nécessaire et les stratégies préétablies en cas d’urgence de santé sur une échelle régionale ».
« C’est quelque chose à long terme, a-t-elle dit lors d’un briefing de presse. C’est une étape visionnaire qu’ils ont suivie. »
Les changements dans les stratégies africaines de santé publique s’appuient sur d’autres agences telles que la Plateforme africaine de l’approvisionnement en médicaments, créée pour faire face au Covid-19. Cette agence et d’autres dépendent de la générosité et de la coopération des membres de l’UA plutôt que de l’application d’un traité pour les soutenir.
L’AAPRP recevra un soutien financier d’un fonds de réponse à la pandémie qui sera une mise à niveau du fonds de réponse au Covid-19 de l’UA. Ce dernier a obtenu 200 millions de dollars pour soutenir la lutte contre le Covid sur le continent.
« Je suis absolument certain que quiconque a vu la dévastation provoquée par ce virus sur le continent n’hésitera pas à contribuer à un tel fonds, un fonds qui pourra être utilisé à l’avenir », a dit le Dr Nkengasong.
Cyril Ramaphosa a déclaré que le nouveau système formait une stratégie cohérente pour l’Afrique, qui l’aidera à protéger ses propres citoyens contre les épidémies futures plutôt que de dépendre d’une assistance étrangère.
« Alors que la collaboration mondiale proposée concernant la préparation à la pandémie est une bonne chose en principe, la pandémie du Covid-19 a exposé de profondes inégalités entre les pays riches et les pays aux revenus faibles ou moyens, lesquelles n’ont pas été résolues par le multilatéralisme. »