La pêche illégale menace « l’économie des océans » en Afrique
PERSONNEL D’ADF
Les experts en sécurité maritime avisent que la pêche illégale peut saper « l’économie des océans » en Afrique, qui inclut les zones de pêche, le tourisme, l’aquaculture, les transports, les ports et le forage de pétrole du continent. L’agence de développement de l’Union africaine (AUDA) a indiqué que le développement de l’économie des océans est crucial pour la prospérité du continent.
Seleman Yusuph Kitenge a écrit à propos de l’AUDA : « L’Afrique est l’un des continents les plus favorisés du monde en ce qui concerne les ressources naturelles marines et terrestres potentielles. Toutefois, la plupart de ces richesses, en particulier les ressources marines qui contribuent à l’économie des océans, manquent toujours d’être utilisées de façon responsable pour encourager la transformation économique d’un continent riche, mais pauvre. »
Selon l’Ocean Science Foundation, les pays africains perdent une somme annuelle estimée à 10 milliards de dollars à cause des chalutiers illégaux, dont la majorité sont chinois.
Au Ghana, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (IUU) a conduit à une réduction de 80 % des espèces de petits poissons telles que la sardinelle au cours des vingt dernières années. Les responsables essaient de combattre la pêche illégale et les autres crimes maritimes tout en développant l’économie des océans du pays grâce à la nouvelle Stratégie maritime nationale intégrée (NIMS).
Cette stratégie a été développée avec le soutien du Centre africain pour le droit maritime et la sécurité (CEMLAWS) et l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, avec un financement du Danemark. Elle vise à renforcer la gouvernance et la sécurité maritime, protéger les environnements marins et côtiers, et développer la coopération régionale et internationale pour les questions maritimes.
Godfred Sowah Khartey, associé de CEMLAWS, déclare que la pêche IUU doit être solutionnée pour renforcer l’économie des océans du pays.
M. Khartey a déclaré à la publication en ligne GhanaWeb : « Tout comme nous identifions les défis provenant des activités marines, nous identifions leur avenir. La NIMS souhaite développer l’économie des océans. Parce que, avec une économie des océans florissante, les emplois sont créés, la pauvreté est éliminée et les crimes tels que la piraterie diminuent. »
En Sierra Leone, la pêche illégale fait perdre au pays environ 29 millions de dollars par an. Ces crimes sont principalement commis par les gros chalutiers industriels, dont 75 % sont liés à la Chine, selon les estimations de China Dialogue Ocean. En 2016, l’Union européenne (UE) avait remis à la Sierra Leone un carton jaune après avoir conclu que le niveau de développement et d’engagement du pays contre la pêche IUU était insuffisant.
Cette année, les responsables de Sierra Leone ont signé un accord controversé avec la Chine pour développer un port de pêche industriel sur 100 hectares de plage et de forêt protégée. Les conservationnistes déclarent que personne n’a conduit d’évaluation de l’impact social ou écologique du projet.
Les résidents craignent que le port n’attire encore plus de chalutiers industriels étrangers, qui s’empareront des poissons et des revenus et chasseront les touristes.
L’un de ces résidents est Kadiatu Sesay, mère célibataire de trois enfants, qui travaille au complexe touristique Tito’s Paradise Eco Lodge.
« C’est là que je travaille pour prendre soin de ma famille et envoyer mes enfants à l’école, déclare Mme Sesay à China Dialogue Ocean. S’ils ferment ce lieu, je perdrai mon emploi et ma famille souffrira. »
Les experts maritimes avertissent depuis longtemps du lien entre la pêche IUU et l’augmentation de la piraterie. C’est certainement le cas dans le golfe de Guinée, où des décennies de pêche illégale en hausse ont précédé une forte augmentation des attaques de pirates. L’an dernier, la région a enregistré plus de 95 % de tous les enlèvements en mer dans le monde, selon le Bureau international maritime.
C’est un énorme problème parce que plus de 90 % des importations et exportations africaines sont expédiées par voie maritime, selon l’AUDA.
Dans d’autres régions d’Afrique, l’amélioration de la communication des informations maritimes régionales renforce les efforts de lutte contre la pêche IUU et d’autres crimes maritimes.
Les Seychelles, archipel de 115 îles minuscules dans l’océan Indien occidental, ont reçu des applaudissements pour les efforts de l’Institut pour les études de sécurité et de l’Observer Research Foundation, groupe de réflexion mondial indépendant basé en Inde.
Les plages de corail des îles et leur faune sauvage abondante, y compris les tortues géantes et de nombreuses espèces d’oiseaux, en font une destination touristique populaire. Les Seychelles sont situées à environ 1.800 km au Nord-Est de Madagascar.
Aux Seychelles, le Centre des opérations de coordination régional (RCOC), qui coordonne principalement les actions conjointes de mise en application de la loi maritime, travaille nuit et jour de concert avec le Centre régional de fusion des informations maritimes basé à Madagascar, qui partage les informations et donne l’alerte au RCOC concernant les activités anormales en mer. Le centre est géré sous l’égide de la Commission de l’océan Indien (IOC) avec un financement de l’UE.
Raj Mohabeer, officiel responsable de l’IOC, a déclaré à ADF : « Les Seychelles dépendent principalement de la pêche et du tourisme. Si ces secteurs baissent sensiblement, comme c’était le cas lorsque la piraterie avait grimpé il y a dix ans, les autres secteurs de l’économie des Seychelles seront fortement impactés. Il est normal d’accorder une telle importance à l’IUU, et il en est de même pour la plupart des îles » de la région.
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