PERSONNEL D’ADF
Le président sénégalais Macky Sall a imploré les pays du G20 de prolonger le moratoire des dettes de l’Afrique jusqu’à la fin 2021 alors que le continent lutte contre la propagation du Covid-19. M. Sall a lancé son appel lors d’une récente visite à la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) à Paris, où il a décrit la pandémie comme une « situation exceptionnelle » qui exige des « mesures exceptionnelles ».
À cause des épreuves financières subies pendant la pandémie, le groupe G20 composé des nations les plus riches du monde, dont la Chine qui est le plus grand créancier de l’Afrique, a convenu en avril dernier de suspendre jusqu’à fin 2020 le remboursement des dettes de 73 pays à faibles revenus, y compris 37 pays africains.
« Pour la plupart, et pour tous les pays africains, les efforts intérieurs ne seront pas suffisants pour atténuer le choc du [Covid-19] et raviver la croissance économique, déclare M. Sall. Nous avons besoin de davantage de capacité financière. C’est pourquoi j’ai soumis une demande, en compagnie d’autres collègues, pour un allègement substantiel des dettes publiques et des dettes privées de l’Afrique, selon des conditions à convenir. »
« Avec un montant de 365 milliards de dollars, l’endettement africain représente seulement 2 % de l’endettement mondial », ajoute-t-il.
Une grande portion de l’endettement africain est liée à l’initiative chinoise de la Nouvelle route de la soie (BRI), qui est sujette à controverse à cause du manque de transparence concernant les emprunts.
Les mesures de confinement du Covid-19 au Sénégal ont sérieusement affecté le tourisme, les transports, la pêche et l’industrie de la volaille. Elles ont aussi mis en difficulté son système de santé vulnérable.
Le président tanzanien John Magufuli et le président kényan Uhuru Kenyatta ont fait récemment écho à la demande du président Sall pour prolonger le programme d’allègement des dettes du G20. Les responsables africains ont des alliés parmi les leaders de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui ont aussi demandé l’extension de la suspension jusqu’à la fin 2021. Il est anticipé qu’un vote sur cette mesure aura lieu plus tard en automne.
Oxfam, groupe qui œuvre pour mettre fin à la pauvreté mondiale, est une de plusieurs organisations caritatives qui ont fait pression pour que le programme d’allègement des dettes du G20 soit prolongé plus encore, jusqu’à la fin 2022, pour éviter « une catastrophe affectant des centaines de millions de personnes », selon la déclaration du groupe lors d’une conférence de presse.
Des mesures séparées d’allègement des dettes pour le bénéfice de plus de 25 pays africains ont été approuvées fin juillet par le G20, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, la Banque africaine de développement et tous les créanciers du Club de Paris. Ces mesures offriraient plus de 20 milliards de dollars pour que les gouvernements renforcent leurs services de santé.
Le Sénégal est l’un de seulement 4 pays d’Afrique qui ont demandé une telle assistance, selon un reportage de Quartz Africa. Les autres sont le Cameroun, la Côte d’Ivoire et l’Éthiopie. D’autres pays ont refusé de faire demande par peur d’être punis par les créanciers existants, tels que la Chine, les investisseurs potentiels et les organismes de notation.
La Chine a annoncé un allègement des dettes dérivées des prêts sans intérêt, mais pas celles provenant des prêts à risque élevé ou des énormes prêts associés à la BRI. Selon le site Web The Diplomat, les prêts sans intérêt représentent moins de 5 % de la valeur totale des emprunts chinois.