Africa Defense Forum

La menace croissante du Covid-19 force la Namibie à prendre des mesures d’austérité sans précédent

PERSONNEL D’ADF

La Namibie, qui se désespère d’enrayer une hausse des infections de Covid-19 tout en affrontant des niveaux record d’endettement, a pris des mesures agressives pour financer sa réponse à la pandémie.

En mai, le président Hage Geingob a réduit la taille de son cabinet de 26 à 19 ministres et éliminé certains de leurs privilèges, notamment les véhicules neufs. Un plafond a même été instauré sur leur allocation mensuelle de carburant, selon son porte-parole Alfredo Hengari.

En juin, le président a déclaré lors de son allocution sur l’état du pays qu’Air Namibia ne pourrait plus être soutenue. Il a recommandé la liquidation de la ligne aérienne nationale.

En août, M. Geingob a exhorté les entreprises et les personnes à ne pas placer d’annonces lui souhaitant un joyeux 79ème anniversaire, mais à faire plutôt don de cet argent à l’état pour combattre le Covid-19, selon la déclaration de M. Hengari.

Une vente aux enchères sans précédent des droits de pêche représente la plus récente tentative de collecte de fonds, mais elle a fait l’objet d’une désapprobation publique générale. Un éditorial du journal The Namibian a hurlé : « Quelle farce ! »

« L’état nécessite d’urgence des ressources financières afin d’atténuer les effets du Covid-19 », déclare Albert Kawana, ministre des Pêcheries et des Ressources marines, selon Reuters. « Nous ne fabriquons pas de médicaments ou de matériel clinique en Namibie. … Afin d’obtenir ces articles, nous devons les acheter avec des devises étrangères. »

C’est la raison pour la vente au plus offrant de 60 % des quotas annuels du pays pour le saurel, le colin et la lotte. La Namibie dépend des revenus à l’exportation des poissons, à hauteur de 783 millions de dollars par an, soit la troisième source de revenus pour son produit national brut (PNB).

Mises à part les inquiétudes concernant la perte d’emplois en Namibie, un autre facteur contribuant au désarroi du public est le fait que 60 % des quotas alloués à la vente aux enchères sont en général réservés à Fishcor, société de pêche détenue par l’état qui a été accablée par des accusations de pots-de-vin, blanchiment d’argent et corruption.

Seaflower Pelagic Processing, filiale de Fishcor qui a déclaré ne pas être associée au scandale, a récemment intenté des poursuites contre Fishcor et le ministère pour empêcher la vente aux enchères. Une décision est anticipée à la fin août.

Quels que soient les événements d’actualité dans l’industrie des pêches, les deux problèmes majeurs de la Namibie continuent à être la propagation du Covid-19 et l’impossibilité de l’enrayer à cause d’un endettement paralysant.

Avec une moyenne quotidienne de 8 cas pour 100.000 personnes, la Namibie a désormais le taux de propagation le plus élevé des pays africains, selon la déclaration de Kalumbi Shangula, ministre de la Santé.

Comme l’indiquent les statistiques publiées le 25 août par les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies, le pays a enregistré 6.341 cas positifs, 57 décès et 53.387 tests de dépistage effectués sur une population de plus de 2,5 millions.

Le gouvernement a imposé des mesures strictes, notamment un couvre-feu du lever au coucher du soleil, des postes de contrôle et des permis de déplacement. Le pays a fermé ses écoles au mois d’août, la deuxième fois en quatre mois.

« Notre expérience nous a montré qu’un confinement complet visant les activités sociales et économiques a un coût tout aussi élevé et ne peut pas être maintenu pendant une période prolongée », a déclaré M. Geingob lors d’une allocution télévisée sur le virus. « Alors que le taux d’infection s’accélère, nous continuons à investir dans nos capacités de réponse et à adapter nos mesures nationales de réponse. »

Toutefois, la Namibie possède de moins en moins de sources de financement pour ces investissements.

Avec une chute importante des revenus et l’anticipation que l’économie se contractera de 6,6 % cette année, le ministre des Finances Iipumbu Shiimi a annoncé le 31 mai que l’endettement de la Namibie atteindrait 68,7 % du PNB.

L’influence de la Chine et l’endettement envers cette dernière pèsent lourd sur la confluence présente des crises.

  1. Geingob, qui fait référence à la Chine comme « notre meilleure amie », a approuvé les nombreux projets d’infrastructure dans le cadre de l’initiative chinoise, vaste et controversée, de la Nouvelle route de la soie. Mais puisque son administration assume la charge de rembourser des prêts à hauteur de plus de 134 millions de dollars, des mesures plus extrêmes telles que la vente aux enchères des ressources naturelles sont devenues nécessaires.

« Ceci n’est pas acceptable, déclare M. Geingob dans son allocution. Nous n‘anticipions pas le ralentissement économique, la sécheresse et le Covid-19. »

« Maintenant, nous devons changer l’allocation des fonds. Cette dette n’est pas viable. J’admets que la dette n’est pas gérable. Nous devons faire quelque chose pour la réduire. »

Comments are closed.