PERSONNEL D’ADF
Les officiers des forces armées nationales somaliennes (SNA) portaient un uniforme de camouflage et un masque de protection alors qu’ils s’avançaient et entraient dans un camp bondé pour déplacés internes (IDP).
Leur mission consistait à enseigner à des centaines de milliers de personnes au camp pour migrants de Mogadiscio des façons d’assurer leur propre sécurité et d’empêcher la propagation du Covid-19. Les soldats ont administré des tests de dépistage du virus mortel et ont distribué des masques, des gants et des kits de lavage des mains. On estime que 2,6 millions de personnes vivent dans les camps IDP de Somalie, selon les Nations unies.
La forte densité de population dans le camp de Mogadiscio signifie que les résidents doivent partager les toilettes, les lavabos et les réfectoires, ce qui fournit des conditions parfaites pour la propagation de ce virus hautement contagieux.
« Vous nous voyez normalement en première ligne en train de défendre le pays », déclare un soldat des SNA dans une vidéo produite par les Nations unies, qui soutiennent cet effort. « Mais ce que nous faisons [ici] n’est pas différent, puisque nous offrons des informations salvatrices à notre peuple somalien. »
Les SNA ont fait face à un défi.
Bien que le Covid-19 ait durement frappé Mogadiscio et d’autres régions fortement peuplées du pays, beaucoup de Somaliens déplacés, ainsi que de jeunes migrants venus du Kenya et de l’Éthiopie, ont refusé de croire qu’ils seraient infectés, selon un rapport de l’ONU. Certains ne connaissaient même pas l’existence de la maladie.
Dans d’autres grands centres urbains, certains Somaliens pensaient que le virus pouvait se propager uniquement par les piqûres de moustique ou les transfusions sanguines.
« Les messages de sensibilisation sont retransmis par les réseaux sociaux et les chaînes de télévision mais les gens n’ont pas accès à cela, déclare le soldat des SNA pendant la visite. Nous devons aller les voir là où ils vivent et leur dire de façon plus efficace ce qu’ils doivent faire et comment se protéger. Donc ils n’ont plus besoin maintenant de télé ou de réseau social : nous sommes ici avec eux. »
Dans les camps IDP, la désinformation a conduit à de fausses suppositions : les gens croyaient souvent que ceux qui portaient un masque pour empêcher la propagation de la maladie étaient eux-mêmes porteurs du virus, selon un rapport de l’Organisation internationale pour les migrants (OIM) en Somalie.
« Si vous portez un masque, les gens… partent en courant », déclare Mohamed, homme âgé de 45 ans qui vit dans un camp de Kismaayo, à l’OIM. « J’ai entendu des gens qui disaient : “le coronavirus attaque seulement les chefs de la communauté, les gens riches et blancs” ».
« Certains pensent même que les masques faciaux provoquent l’infection parce qu’ils sont importés de l’étranger. »
Le gouvernement somalien a fait face à l’épidémie de Covid-19 en même temps qu’il affrontait la pire infestation de locustes depuis 25 ans, des inondations historiques et des attaques terroristes continues.
Selon les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies, en date du 16 août le Covid-19 avait infecté 3.250 Somaliens et tué 93, y compris Khalif Mumin Tohow, ministre de la Justice de l’État de Hirshabelle. Il est probable que les chiffres réels sont plus élevés à cause d’un manque de dépistage dans les systèmes de santé fragilisés par plusieurs décennies de guerre civile.
Les Somaliens qui se sentent malades ou souhaitent de plus amples informations sur le Covid-19 peuvent appeler le 449, numéro sans frais établi par le gouvernement.