PERSONNEL D’ADF
Le braconnage des rhinocéros dans la province du Nord-Ouest d’Afrique du Sud a augmenté depuis que les dirigeants ont instauré les confinements pour empêcher la propagation du Covid-19.
Avec la paralysie du tourisme, les criminels qui souhaitent voler et vendre les parties des animaux sauvages ciblent les fermes vulnérables de la région. Les cornes de rhinocéros peuvent se vendre à un prix de 65.000 dollars le kilo et la demande augmente, en particulier en Asie où elles sont considérées comme un symbole de prestige et utilisées dans la médecine traditionnelle chinoise.
Cette situation conduit parfois à la violence entre les criminels et les unités anti-braconnage. Un braconnier potentiel a été tué et deux autres ont été blessés lors d’un échange récent de coups de feu avec les autorités, qui ont confisqué plusieurs armes à feu et des munitions.
« Dès que le confinement a été mis en place en Afrique du Sud, nous avons commencé à constater des incursions presque chaque jour », déclare Nico Jacobs, fondateur de Rhino 911 (organisation locale de sauvetage), au South African.
Les conditions sont similaires au Kenya où les braconniers abattent de plus en plus les éléphants, les lions, les léopards, les girafes, les zèbres, les impalas et autres animaux. Les conservationnistes déclarent que la faune sauvage est massacrée pour la nourriture par les gens qui sont affectés par le chômage provoqué par la pandémie, ou pour le commerce illégal.
Le braconnage a aussi augmenté au Zimbabwe dès qu’un confinement a été mis en place, et les criminels ont exploité la crise pour abattre les éléphants, les lions, les rhinocéros et les buffles.
Dans toute l’Afrique australe, centrale et orientale, les pangolins, qui sont déjà les mammifères les plus sujets au trafic mondial, sont de plus en plus capturés par les braconniers, qui en massacrent jusqu’à 2,7 millions chaque année, selon l’African Wildlife Foundation (fondation pour la faune sauvage africaine).
Comme d’autres animaux africains victimes du braconnage, un grand nombre de pangolins sont vendus illégalement sur le marché noir chinois. Leur viande est considérée comme une gourmandise et leurs écailles sont utilisées dans la médecine traditionnelle chinoise. Bien qu’il n’existe aucune preuve que ces écailles aient une valeur médicinale quelconque (elles sont à base de kératine, comme les ongles des humains), certains croient qu’elles peuvent guérir l’arthrite et le cancer, améliorer la circulation sanguine et accroître la virilité, entre autres.
L’augmentation du braconnage n’est pas seulement un danger pour les animaux : les experts déclarent que cette pratique pourrait provoquer des pandémies à l’avenir. La destruction associée des écosystèmes a réduit la taille des habitats naturels, ce qui force les animaux à vivre plus près les uns des autres et plus près des humains, écrit Marie Quinney, spécialiste de l’Agenda Action-Nature du Forum économique mondial, sur le site Web de l’organisation. Elle cite des analyses qui montrent que 70 % des nouvelles maladies infectieuses, y compris le SRAS et le sida, proviennent de la faune sauvage.
Alors que le monde a des difficultés pour enrayer la propagation du Covid-19, on constate des demandes croissantes pour éliminer la vente des animaux sauvages aux fins de consommation, parce qu’on pense que la pandémie est apparue à l’origine dans un marché humide de Chine à la fin de l’an dernier. Les pandémies telles que le SRAS et la grippe aviaire sont aussi apparues dans les marchés humides chinois.
En avril, 339 groupes de protection et de conservation des animaux ont signé une lettre exhortant l’Organisation mondiale de la santé à soutenir une interdiction internationale des marchés d’animaux sauvages. Parmi ceux qui ont signé cette lettre, on compte Yvette Taylor, directrice de la Lawrence Anthony Earth Organization, groupe de conservation sans but lucratif de Durban (Afrique du Sud).
« Le pillage systématique de l’Afrique pour approvisionner ces marchés doit cesser. Il transforme en criminels les Africains qui participent au braconnage et il conduira à l’effondrement de l’écosystème, ce qui menacera encore plus la sécurité alimentaire », déclare Mme Taylor à l’Independent Online d’Afrique du Sud. « Le commerce de la faune sauvage affecte désormais toute la planète et il est probable qu’il aura pour conséquences la pauvreté et la souffrance. Le temps est venu pour que le monde s’unisse et mette fin à cette pratique barbare. »