Africa Defense Forum

Le virus freine les projets d’infrastructure

PERSONNEL D’ADF

Un grand nombre de projets liés à la Nouvelle route de la soie (OBOR) chinoise ont cessé de progresser à cause de la détresse économique provoquée par la transmission du Covid-19.

Les responsables chinois ont récemment reconnus qu’environ le cinquième de tous les projets OBOR étaient « sérieusement affectés » par les restrictions des voyages et du commerce. Certains projets sont aussi au point mort à cause de la quarantaine ou d’autres mesures de sûreté liées au Covid-19. OBOR est une initiative d’infrastructure du gouvernement chinois visant à développer le commerce en construisant des routes, des ports, des barrages et des chemins de fer en Afrique.

Sur le continent, les projets OBOR en Algérie, en Égypte, au Nigeria, en Zambie et au Zimbabwe ont été suspendus alors que les pays se précipitent pour enrayer la propagation de la pandémie. Le projet nigérian concernant une voie ferrée de 150 kilomètres reliant Lagos à Ibadan a affronté de multiples retards depuis 2012. Ce projet de 1,5 milliard de dollars était supposé être achevé au mois de mai.

« La plupart des employés chinois qui sont partis pour les fêtes du Nouvel An ne sont pas encore revenus à cause du coronavirus, et cela a retardé les travaux », a déclaré Rotimi Amaechi, ministre des Transports du Nigeria, à Agence France-Presse.

En mai, les législateurs nigérians ont voté pour réexaminer tous les prêts chinois depuis l’an 2000, en craignant qu’ils aient été sujets à des conditions financières défavorables. Le législateur Ben Igbakpa a déclaré à la Chambre des représentants du Nigeria qu’une préoccupation mondiale existe sur le manque de transparence et la corruption associés aux prêts accordés par la Chine aux pays africains.

« Selon le dernier bilan, le Nigeria a obtenu 17 prêts chinois pour financer différentes catégories de projets d’immobilisation et le Nigeria devrait continuer à repayer les prêts chinois jusqu’en 2038 environ, date de maturité des derniers prêts accordés en 2018 », déclare M. Igbakpa, selon Sahara Reporters.

En 2015, des sociétés chinoises ont convenu de construire deux centrales solaires au Zimbabwe. En date de 2017, une étude de faisabilité avait été achevée par l’une d’elles, mais aucune annonce de l’un ou l’autre projet n’a jamais été faite, selon un reportage du Zimbabwean. En juillet 2019, le ministère de l’Information, de la Publicité et de la Radiodiffusion a annoncé sur Twitter qu’il avait demandé à l’Autorité réglementaire de l’énergie d’« examiner le statut de chaque projet homologué pour savoir exactement où nous en sommes avec chacun ».

Dans le pays voisin de la Zambie, plusieurs projets de construction routière liés à des contrats chinois ont été suspendus à la fin de l’an dernier pour cause de non-paiement des dettes, selon un rapport d’EXX Africa, société qui prédit les risques politiques et économiques des entreprises.

En février, au moment où l’Égypte signalait le premier cas positif confirmé de Covid-19 sur le continent, le pays reporta indéfiniment la construction d’une gigantesque centrale au charbon à Hamrawein. OBOR devait produire la deuxième plus grande centrale du monde à un coût de 4,4 milliards de dollars, à l’encontre des recommandations des experts de l’énergie qui disaient que le projet serait obsolète dans 20 ans et nuirait à l’environnement.

Certains projets font face à des retards parce que les pays africains s’inquiètent de plus en plus des conditions des prêts chinois liés à OBOR. En avril, le président tanzanien a annulé un projet portuaire de 10 milliards de dollars qui aurait permis à la Chine de contrôler le port grâce à un bail de 99 ans. L’accord avait été signé par son prédécesseur.

La Chine a prêté à 49 pays africains 152 milliards de dollars entre 2000 et 2018, selon une étude conduite par l’Initiative de recherche Chine-Afrique de Johns Hopkins University.

La Chine essaie d’atténuer les arrêts des projets d’infrastructure OBOR en faisant la promotion du projet associé de la Route de la soie de la santé, qui vise à améliorer la santé publique dans les pays participant aux projets OBOR.  Les critiques à l’extérieur de la Chine dénoncent le plan comme étant un outil de propagande mal défini, brandi pour positionner la Chine comme leader mondial de la santé pendant une pandémie mondiale.

Dans une analyse effectuée pour le Forum économique mondial, les experts financiers Bee Chun Boo, Martin David et Ben Simpfendorfer ont déclaré que, au cours des 12 à 24 prochains mois, la Chine va plutôt concentrer son énergie sur les questions nationales en cherchant à soutenir ses petites et moyennes entreprises en difficulté. Bien qu’OBOR reste une priorité à long terme pour la Chine, le virus « pourrait susciter une attitude moins enthousiaste concernant [OBOR] au cours des 12 à 24 prochains mois, alors que les priorités chinoises s’orientent vers l’obtention de résultats dans le pays plutôt qu’à l’étranger », écrivent les auteurs.

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