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Le « Bonhomme Corona » offre un message à propos du virus aux réfugiés somaliens

PERSONNEL D’ADF

Dans un studio d’occasion au camp de réfugiés de Dadaab (Kenya), la voix d’Abdullahi Mire est diffusée pendant une heure tous les matins en semaine sur Radio Gargar, afin d’enseigner aux résidents du camp les risques liés au Covid-19 et la façon d’empêcher sa transmission.

30 ans après la création de Dadaab par les Nations unies pour héberger les Somaliens qui échappaient la guerre civile dans leur pays, le complexe s’est développé pour abriter plus de 217.000 résidents, ce qui en fait le lieu le plus peuplé du Kenya, à l’exception de 4 villes du pays. Comme les villes, il a des rues, des magasins et une source d’électricité. Mais il reste un lieu qui est tout à fait en bordure de la société kényane.

L’isolement physique et social a fait de Dadaab une zone sans coronavirus pendant les mois suivant la première infection confirmée du Kenya au mois de mars. Le 18 mai, le Covid-19 s’est déclaré à Dadaab, accompagné de beaucoup de confusion, de rumeurs et de désinformation.

C’est à ce moment que M. Mire, journaliste indépendant âgé de 33 ans qui avait passé son enfance à Dadaab, est intervenu. Il vivait alors à près de 500 kilomètres de distance, dans la capitale de Nairobi.

Il avait vécu à Dadaab à partir de l’âge de 3 ans. Ses deux frères y sont nés. Sa mère y a travaillé comme infirmière avec Médecins sans frontières. Son père y est décédé trois ans après avoir fui la Somalie avec sa famille lors du déclenchement des hostilités en 1991. M. Mire a reçu ses diplômes de baccalauréat et d’études supérieures lorsqu’il y vivait. Malgré les problèmes de Dadaab, c’était son foyer.

« Dès que le coronavirus s’est annoncé à Nairobi, j’ai décidé de faire la valise et de retourner au camp de réfugiés de Dadaab pour aider ma communauté », déclare M. Mire à Internews, service international d’actualité sans but lucratif.

Il a commencé à diffuser son émission le matin entre 10 et 11 heures, dans un conteneur d’expédition de l’ONU qui avait été reconverti. Sa mission consiste à réfuter l’incertitude et à fournir à son auditoire de Dadaab et des zones environnantes du Comté de Garissa des informations valides et utiles pour assurer leur protection. Ses supporteurs l’appellent le « Bonhomme Corona ».

Le message principal du Bonhomme Corona est : « Pas de panique ».

Son second message est clair sur sa page de Twitter : « Stoppez le coronavirus. Lavez-vous les mains ».

  1. Mire travaille avec la Croix-Rouge du Kenya et les autres groupes d’assistance, les chefs communautaires et les sources d’information de Dadaab, qui lui fournissent des nouvelles concernant la santé publique, les changements de politique et les rapports sur les rumeurs qui circulent dans les trois camps du complexe. Il ajoute des informations du Kenya et de la Somalie sur le Covid-19, et il répond aussi aux questions des appelants sur le virus, en essayant toujours de réfuter les rumeurs.

Sur les ondes et sur les chaînes de réseaux sociaux, M. Mire fournit à son auditoire des informations qu’ils peuvent utiliser pour prévenir la propagation de cette maladie respiratoire potentiellement mortelle. Dans une communauté sans Internet et avec des ressources limitées, la seule station radio de Dadaab est devenue le meilleur véhicule pour diffuser le message, selon la déclaration de M. Mire à Coda Media, plateforme d’actualité en ligne axée sur les reportages de crise.

Afin de bien faire comprendre ce message, M. Mire invite des experts à son programme, pour qu’ils parlent avec autorité.

« La plupart des résidents de la communauté ne sont même pas préoccupés par le virus, déclare M. Mire à Coda. Les gens disent : “Nous sommes des Noirs, notre soleil est chaud”, en pensant que ces deux facteurs offrent une certaine protection contre l’infection. »

Avec des habitations qui manquent d’espace, de longues files pour obtenir les provisions de base et une disponibilité d’eau courante limitée, Dadaab offre un environnement propice pour une épidémie majeure de Covid-19 si les résidents ne prennent pas de précautions, déclare le Dr John Kiogora à Coda.

En bref, Dadaab n’est pas construit pour la distanciation sociale.

« Vous faites la file pour tout, déclare M. Mire à Coda. La distanciation sociale n’est pas quelque chose que vous pouvez pratiquer ici, lorsque des centaines de personnes partagent le même robinet d’eau. »

L’émission radio de M. Mire sur le Covid-19 n’est pas sa première initiative axée sur la communauté. En 2018, il avait créé Refugee Youth Education Hub (Centre éducatif pour les jeunes réfugiés) qui cible les jeunes de Dadaab, soit plus de 50 % de sa population totale. L’un des projets du centre est la Collecte de livres de Dadaab, lancée pour combattre l’analphabétisme et, espère M. Mire, pour lutter contre la radicalisation des jeunes gens de Dadaab.

« Je pense qu’il est de mon devoir de vous aider de toutes les façons possibles », a-t-il déclaré à Coda.

  1. Mire estime que son heure de radiodiffusion à Dadaab et l’éducation qu’elle fournit sont vitales pour vaincre le Covid-19. Il déclare que l’information est l’arme la plus puissante de la communauté.

« Avec des informations correctes et opportunes, je crois que nous pouvons surmonter le virus et le Covid-19 », déclare M. Mire à Internews.

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