Les innovateurs éthiopiens utilisent la technologie du téléphone intelligent pour assurer le suivi des cas positifs de Covid-19
PERSONNEL D’ADF
Dans sa lutte en cours pour enrayer la transmission du Covid-19, l’Éthiopie combine des efforts épidémiologiques éprouvés, appelés la recherche des contacts, à la technologie moderne des portables pour avertir les gens lorsqu’ils s’approchent de quelqu’un qui s’est révélé positif pour le virus.
L’institut éthiopien de la santé publique a approuvé deux nouvelles applis mobiles pour téléphone portable, appelées Debo et COVID-19 Ethiopia. Ces nouvelles applis visent à maîtriser l’un des aspects les plus notoires de l’infection : le fait que les gens peuvent transmettre le Covid-19 sans aucun signe extérieur d’infection, ce qui permet à l’infection de se propager trop rapidement pour que la recherche conventionnelle des contacts puisse la tracer.
Dans cette perspective, Debo utilise la création d’une liaison Bluetooth pour communiquer avec des téléphones à proximité, en saisissant l’identité de tous ceux qui se rapprochent à moins de 1,8 m de l’utilisateur du téléphone, dans le cadre de la stratégie de la recherche des contacts, au cas où l’un d’eux se révélait positif plus tard.
COVID-19 Ethiopia permet aux personnes de signaler leur propre infection ou d’alerter les autorités de la santé publique si elles constatent des gens qui présentent des symptômes.
La startup technologique éthiopienne Ewenet Communication a développé Debo.
« Nous sommes heureux de cette opportunité ; elle est très importante pour une startup comme Ewenet », a déclaré le directeur général Addis Alemayehu à ADF. « L’honnêteté, la gentillesse et le professionnalisme [sont] les valeurs noyaux selon lesquelles nous vivons. C’est pourquoi, avec chacun de nos projets, l’intérêt public passe avant tout. »
Ewenet a aussi développé un site Web pour informer les gens sur le Covid-19, ainsi qu’un système de gestion de centre d’appels pour répondre aux questions du public au sujet du virus, grâce au numéro de téléphone 8335 du pays.
Avec un nombre d’utilisateurs de téléphone intelligent estimé à 14 millions, l’Éthiopie compte beaucoup sur la technologie mobile dans sa campagne de prévention de la propagation du Covid-19. Les téléphones mobiles jouent des refrains pour rappeler aux gens de se laver les mains et de porter un masque facial. Le réseau mobile diffuse les services religieux, en permettant ainsi aux fidèles de prier à distance.
« Ce n’est pas une maladie qu’on combat avec des respirateurs ou des unités de soins intensifs », a déclaré Arkebe Oqubay, ministre principal et conseiller spécial du Premier ministre Abiy Ahmed Ali, au Financial Times. « 90 % de la solution consiste à pratiquer le lavage des mains et la distanciation sociale. La seule façon de gagner est de nous concentrer sur la prévention. »
Les critiques de la recherche des contacts par téléphone intelligent notent que les applis recueillent fréquemment de grandes quantités de données qui pourraient enfreindre le droit de confidentialité des personnes si ces données étaient partagées avec le gouvernement.
« On a vraiment peur que ces données aboutiront entre les mains du gouvernement », déclare Deborah Cameron chez Human Rights Watch. « Certaines applis cherchent les données de localisation des personnes. Elles utilisent l’accès aux données de portable, l’accès aux informations d’appels, même les contacts et dans certains cas la caméra. Toutes ces informations réunies ensemble peuvent révéler des indications très sensibles sur la vie des gens. »
Des applis similaires ont été développées dans le monde entier, notamment à Singapour, en Australie et en France, entre autres. Selon la chaîne de télévision France 24, le succès des applis de recherche des contacts dépend du nombre de personnes qui les utilisent. Dans beaucoup de cas, elles produisent les meilleurs résultats lorsque 60 à 80 % de la population y participent.
Les chercheurs de l’université d’Oxford au Royaume-Uni ont découvert que, si environ 80 % de tous les utilisateurs de téléphone intelligent utilisaient une appli de recherche des contacts, cela suffirait pour contrôler les taux d’infection, même si des règles de distanciation sociale généralisée n’existaient pas.
Il n’est pas clair non plus que la technologie soit suffisamment précise pour déterminer si les gens ont des interactions d’une façon qui pourrait propager le virus, selon le magazine Science. Les chercheurs étudient comment les murs et les autres obstacles peuvent affecter la force du signal Bluetooth.
Sans politique stricte de confinement, l’Éthiopie dépend des applis telles que Debo et COVID-19 Ethiopia pour avoir un moyen économique de conduire des enquêtes épidémiologiques en assurant le suivi des personnes positives.
« C’est un travail très important pour le pays, en réponse au Covid-19 », déclare Biruhtesfa Abere du ministère de la Santé à Voice of America.
Les décideurs essaient de prédire le potentiel de propagation du virus et d’identifier les points sensibles, déclare M. Abere.
« Ils ont donc besoin de données, déclare-t-il. Ils ont besoin de données de base. »
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