PERSONNEL D’ADF
L’Angola, le Kenya, la Zambie et le Zimbabwe sont parmi les pays africains qui demandent un allègement des dettes détenues par la Chine, à cause de la crise économique provoquée par le Covid-19.
Ce sont quelques-uns des nombreux pays qui participent au grand projet d’infrastructure chinois de la Nouvelle route de la soie, et qui font face à un endettement de plusieurs milliards de dollars alors que leur économie se contracte pendant la pandémie mondiale.
L’ancien ministre Gorden Moyo du Zimbabwe est aujourd’hui directeur de l’institut de politique publique et de recherche du pays. Il a récemment demandé une transparence concernant toutes les subventions et donations et tous les emprunts accordés par la Chine, dont les leaders sont bien connus pour profiter de l’endettement des pays plus pauvres aux fins de gagner une influence dans les secteurs du commerce, de la politique nationale et autres.
« Si la Chine est le grand ami du Zimbabwe, et non pas un nouvel état impérialiste qui saisit les ressources, investit malhonnêtement, escroque avec ses donations et conduit une course effrénée, elle doit annuler les dettes illégitimes qui ont été contractées sans l’approbation du Parlement du Zimbabwe », a déclaré M. Moyo en juin 2020 lors d’une allocution préparée. « Ces dettes incluent les prêts offerts aux services de sécurité, aux “parastatals” (organisations politiques) et aux autres organismes d’état. »
La Chine a annoncé récemment un allègement des dettes dérivées des prêts sans intérêt, mais pas celles provenant des prêts à risque élevé ou des énormes prêts associés à la Nouvelle route de la soie. Selon le site Web The Diplomat, les prêts sans intérêt représentent moins de 5 % de la valeur totale des emprunts chinois.
L’Angola est le premier bénéficiaire africain des prêts chinois, ayant reçu 43 milliards de dollars entre 2000 et 2017. À la fin de l’an dernier, la somme que l’Angola devait à la Chine s’élevait à 22,4 milliards de dollars. L’Angola rembourse ses dettes avec du pétrole brut, mais le pays a récemment réduit la quantité de pétrole expédié aux entreprises chinoises et souhaite renégocier les conditions du remboursement.
Ce pays d’Afrique australe négocie des conditions financières avec certains pays qui importent son pétrole, et pourrait largement bénéficier d’un plan du Groupe des 20 visant à alléger temporairement les paiements de la dette des pays les plus pauvres du monde. Pour l’Angola, cela pourrait se traduire par des économies de 3,4 milliards de dollars, selon un rapport de la Banque mondiale. 28 % de la somme que l’Angola doit au G20, soit 3 milliards de dollars, sont au bénéfice de la Chine.
Lors d’une récente conférence au sommet Chine-Afrique concernant la solidarité contre le Covid-19, le président kényan Uhuru Kenyatta a demandé à la Chine de renforcer ses mesures d’allègement des dettes à l’égard des pays africains. En 2018, le Kenya devait 5,3 milliards de dollars à la Chine, soit 110 dollars pour chaque Kényan. Cette somme est dix fois plus que ce qu’il devait à la Chine en 2013. En 2019, l’endettement chinois du Kenya a gonflé à près de 6,2 milliards de dollars, principalement à cause des prêts liés à la construction du Standard Gauge Railway (chemin de fer à écartement normal).
« Étant donné l’ampleur de la dévastation économique sur le continent, je souhaite demander à la Chine d’intensifier plus encore ses mesures d’allègement des dettes et de considérer des concessions commerciales, afin de fournir aux pays africains le sursis dont ils ont besoin pour leur reprise économique », a déclaré M. Kenyatta.
Les leaders zambiens avaient souhaité restructurer, renégocier ou refinancer les fortes dettes chinoises avant le début de la pandémie. La dette extérieure de la Zambie est estimée à 11,2 milliards de dollars, dont une grande portion est due à la Chine.
« L’économie zambienne… suffoquait à cause du surendettement, de la chute du cours international du cuivre, de l’épuisement de ses réserves de change, d’une sécheresse qui provoquait depuis longtemps [un] déficit de production d’électricité et l’insécurité alimentaire », a déclaré Trevor Hambayi, économiste et associé principal chez Development Finance Associates de Lusaka (capitale de la Zambie), à Quartz Africa.
Mais la Chine résiste aux demandes d’annulation des dettes pour le bénéfice des pays les plus pauvres d’Afrique, et insiste sur la poursuite de négociations séparées avec chaque pays.