PERSONNEL D’ADF
Alors que le Covid-19 continue son périple mortel à travers le monde, les demandes d’interdiction des « marchés humides », tels que celui de Wuhan (Chine) où l’on pense que la pandémie globale est apparue, s’intensifient.
Les marchés humides, où les animaux sauvages sont vendus et abattus sur place, ont provoqué des épidémies dans le passé. La pandémie du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003 provenait d’un marché humide chinois. Le SRAS, qui est une maladie respiratoire virale, avait frappé plus de 8.000 personnes et tué près de 800 dans le monde.
Le Covid-19, qui est la maladie provoquée par le nouveau coronavirus, a infecté près de 3,8 millions de personnes et tué près de 260.000 depuis que les premiers cas ont été signalés vers la fin de l’an dernier.
La Chine a interdit temporairement les marchés humides mais beaucoup de personnes du monde entier pensent que cette interdiction devrait être permanente. Parmi celles-ci, on compte Zhou Jinfeng, secrétaire général de la China Biodiversity Conservation and Green Development Foundation.
« Je suis d’accord que l’interdiction des marchés humides devrait être mondiale ; cela aiderait beaucoup la conservation de la vie sauvage et la protection contre les contacts inappropriés que nous avons avec les animaux sauvages », déclare M. Zhou au journal britannique The Guardian. « Plus de 70 % des maladies humaines proviennent des animaux sauvages et beaucoup d’espèces sont menacées parce qu’elles servent de nourriture. »
Dans les marchés humides, les animaux sont en général entassés dans des cages insalubres et placés les uns sur les autres, a déclaré Jan Vertefeuille, conseillère principale pour la mobilisation au Fonds mondial pour la nature, à la National Public Radio aux États-Unis. Son organisation soutient l’interdiction des marchés humides.
« Il peut y avoir des chauves-souris sur des porcs, sur des pangolins, sur des civettes, et tous les fluides corporels se mélangent les uns aux autres », déclare-t-elle, en ajoutant que les animaux sont chroniquement stressés, ce qui affaiblit leur système immunitaire. Les virus qu’ils transportent peuvent se mélanger et se propager d’une espèce à l’autre, y compris chez les êtres humains.
« C’est la recette idéale pour qu’une épidémie, comme celle du Covid-19, apparaisse dans un marché similaire », déclare Mme Vertefeuille.
Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses, et premier expert américain sur les maladies infectieuses, a déclaré à la chaîne Fox News qu’il pensait que les marchés humides devraient être immédiatement éliminés.
« Alors que nous avons tant de maladies qui proviennent de cette interface bizarre entre les humains et les animaux, je ne peux pas comprendre pourquoi nous ne les fermons pas, déclare M. Fauci. Je ne sais pas quoi d’autre doit se produire pour que pouvoir réaliser cela. »
Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire exécutive intérimaire de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique, constate aussi qu’une interdiction permanente est justifiée.
« Le message que nous recevons, c’est que si nous ne prenons pas soin de la nature, elle prendra soin de nous », déclare-t-elle.
Selon Peter Li, professeur associé de politique d’Asie de l’Est à l’université de Houston-Downtown, l’élevage des animaux sauvages en Chine a commencé vers la fin des années soixante-dix. Le pays avait souffert pendant deux décennies de problèmes économiques graves, y compris la famine et les carences alimentaires, sous le régime communiste de Mao Zedong. Dans le cadre des réformes rurales radicales, le système de collectivisation agricole avait été abandonné.
Le but était de libéraliser et d’industrialiser l’économie agricole, mais la Chine avait peu d’argent à investir dans le développement de l’élevage. Au lieu de ça, les agriculteurs ont été encouragés à capturer des animaux sauvages tels que les rats, les civettes, les serpents, les chauves-souris et autres et à les élever pour leur consommation à la maison et pour les marchés commerciaux.
Plus récemment, ces aliments basés sur les animaux sauvages ont coïncidé avec des croyances culturelles très répandues concernant le pouvoir curatif de la bile d’ours, des écailles de pangolin et autres produits employés dans la médecine chinoise traditionnelle.
Malgré les demandes de changement, un grand nombre de marchés fermés par la Chine durant la première vague de pandémie ont été rouverts, y compris le marché de gros de fruits de mer de Huanan à Wuhan, où l’on pense que le virus provoquant le Covid-19 est apparu.
Un reportage du Daily Mail a décrit les marchés rouverts comme étant « sordides » et a signalé l’absence de toute indication que les marchés avaient essayé « d’élever les normes d’hygiène pour empêcher les épidémies futures ».
Le premier ministre australien Scott Morrison a exhorté les Nations unies et l’Organisation mondiale de la santé à maintenir ces marchés fermés, en les appelant « un problème tout à fait réel et important, où qu’ils existent ».