AGENCE FRANCE-PRESSE
Un avocat nigérian qui a aidé à assurer la libération de plus de 100 lycéennes kidnappées par Boko Haram à Chibok a reçu l’un des premiers prix des Nations unies.
Zannah Mustapha a reçu le prix annuel Nansen Refugee Award pour son rôle de « médiateur crucial » et ses efforts pour aider les enfants affectés par le conflit persistant. M. Mustapha, 58 ans, a déclaré que le prix était une surprise mais qu’il était « extrêmement heureux » d’avoir été choisi. « J’espère être un ambassadeur digne d’un prix si noble », a-t-il déclaré lors d’une interview à Abuja, la capitale.
M. Mustapha a créé en 2007 la Future Prowess Islamic Foundation School, qui depuis lors s’est avérée être une planche de salut pour les enfants du Nord-Est du Nigeria, région déchirée par les conflits et appauvrie. Cette école primaire, qui avait commencé avec seulement 36 élèves et une salle de classe, s’est développée pour atteindre 540 élèves, dont plus de la moitié sont des filles, avec une liste d’attente quatre fois plus longue. En 2016, une deuxième école s’est ouverte près de la première à Maiduguri, capitale de l’État de Borno, pour fournir un enseignement gratuit à 88 élèves déplacés de leur foyer à cause de la violence.
Parmi les élèves, on compte des enfants des combattants de Boko Haram et ceux des soldats nigérians. « C’est le lieu où chaque enfant est importante, quels que soient sa religion, ses antécédents ou sa culture. Notre but est d’apporter des changements positifs dans leur vie », a-t-il déclaré à HCR, l’agence des réfugiées de l’ONU.
M. Mustapha est bien connu dans le Nord-Est du Nigeria, ayant auparavant représenté la famille de Mohamed Yusuf, fondateur de Boko Haram qui est mort sous garde à vue en 2009. Cet avocat a participé à des pourparlers de paix avec le groupe, dont l’insurrection a fait au moins 20.000 morts et a déplacé plus de 2,6 millions de personnes au cours des huit dernières années.
C’est en avril 2014 que Boko Haram kidnappe 276 lycéennes dans leur pensionnat de Chibok. Plusieurs s’échappent ou sont secourues, et des négociations ultérieures conduisent à la libération de 21 jeunes filles en octobre 2016 et de 82 de plus en mai 2017. À l’époque, il est estimé que 113 restent en captivité.
M. Mustapha a déclaré que lorsque l’accord a été conclu, ce fut « le point culminant » de sa vie, et que, puisqu’il était originaire de la région, les kidnappings qui ont attiré l’attention du monde sur le conflit avec Boko Haram étaient comme si sa propre fille avait été enlevée.
M. Mustapha déclare qu’il est « optimiste à 100 pour cent » pour que le reste des lycéennes soient libérées et que l’insurrection prenne fin. Après tant de violence, « tous les habitants de mon état aspirent à la paix », déclare-t-il.
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