AGENCE FRANCE-PRESSE
Ils ont prouvé leur valeur dans la détection des mines terrestres. Maintenant les cricétomes d’Afrique démontrent un autre talent surprenant : celui de sauver des vies en aidant à déceler la tuberculose.
Tout est dans le nez, déclare l’organisation non gouvernementale belge APOPO. Ses fondateurs ont vu en 1997 le potentiel de ces rongeurs abondants qui possèdent un odorat aussi développé que celui des chiens mais qui sont considérés comme nuisibles.
« L’obstacle majeur est la perception négative que les gens ont du rat », déclare le directeur d’APOPO Christophe Cox, dont l’ONG est basée à Morogoro dans les régions montagneuses de l’est de la Tanzanie depuis 2000.
Cela change depuis que 83.000 mines terrestres ont été neutralisées en Afrique et en Asie grâce aux rongeurs, contribuant à sauver d’innombrables vies.
Quelques froncements de sourcils ont accueilli la
nouvelle lorsque le groupe, dont l’acronyme néerlandais signifie « Développement d’un produit de détection anti-mines terrestres », s’était diversifié en 2007 pour utiliser les rats dans la détection de la tuberculose, dans le cadre de contrats avec les autorités locales.
« La première fois que j’ai entendu parler de cette technique, j’étais un peu choqué, mais elle s’est révélée très efficace, plus efficace en fait que la microscopie que nous utilisons », déclare Daniel Magesa, médecin de la clinique Pasada Upendano de Dar es Salam, la capitale.
La clinique envoie environ 200 échantillons d’expectorations humaines chaque mois au labo d’APOPO à Morogoro. Les rats sont mis en présence des échantillons, dont certains contiennent des traces de tuberculose. Les rats indiquent qu’ils détectent la maladie en faisant une pause plus longue sur l’échantillon. L’échantillon est ensuite marqué pour subir des tests additionnels et une confirmation.
Plus d’un million de personnes meurent chaque année de la tuberculose, la plupart en Afrique. Les porteurs non traités peuvent infecter des douzaines d’autres, ce qui rend essentielle la détection rapide.
« Le problème est lié à la concentration de tuberculose
dans les échantillons que nous avons », déclare M. Magesa.
« Parfois, ce n’est pas suffisamment concentré pour déceler la maladie avec le type de microscope que nous utilisons, même si ce dernier est très moderne. »
Aujourd’hui, plus de 29 hôpitaux de Dar es Salam et de Morogoro envoient leurs échantillons au laboratoire de Morogoro. Douze autres cliniques se trouvant à Maputo, la capitale du Mozambique, envoient également leurs échantillons au centre APOPO qui a ouvert ses portes dans ce pays en 2013.
L’ONG déclare qu’elle a détecté 10.000 cas de tuberculose qui n’avaient pas été découverts jusqu’à ce qu’ils soient identifiés par des travailleuses comme Oprah ou Violet, dont les moustaches se hérissent lorsqu’elles se déplacent le long d’une rangée d’éprouvettes.
« Le grand avantage, c’est la rapidité des rats », déclare M. Cox. « Ils peuvent analyser 100 échantillons en 20 minutes environ, quelque chose qui prendrait quatre jours à un laborantin. »