Tewodros II premier souverain moderne de l’Éthiopie
Lorsque l’empereur Tewodros II arrive au pouvoir en Éthiopie en 1855, le pays est alors fragmenté depuis près d’un siècle. Le gouvernement central aboli depuis 1769 laisse le pays divisé en royaumes mineurs. Dans l’histoire du pays, cette époque est connue sous le nom d’ « Ère des princes et des riches seigneurs féodaux », ou Zemene Mesafint.
Après avoir constitué une armée, Tewodros conquit et réunifie le pays morcelé. Il prend la terre aux princes pour la distribuer aux paysans ordinaires. Il donne une solde à ses soldats professionnels afin qu’ils n’aient pas à piller pour survivre. Il essaie d’abolir l’esclavage et de mettre en place un système de juges et de gouverneurs éduqués et salariés. Il tente d’organiser son pays autour de son gouvernement plutôt qu’autour de l’Église éthiopienne. Il essaie même de faire payer des impôts à l’Église.
Toutefois, Tewodros s’avère être un bien meilleur chef militaire que souverain. En effet, son comportement irrationnel et son caractère vindicatif le mèneront finalement à sa perte.
Né à Kasa Haylu aux environs de 1820 dans une famille n’ayant pas de titre de noblesse, il est toutefois le fils d’un chef. Quelques années après la mort de celui-ci, il devient un hors-la-loi pendant quelque temps et se révèle être très habile au maniement des chevaux et des lances. Il se montre également particulièrement doué pour la stratégie militaire. Il s’impose alors peu à peu comme étant lui-même un chef. En 1853, il arrive à défaire une force armée plus importante que la sienne. Il est couronné empereur deux ans plus tard.
Tewodros veut que sa force militaire soit moderne et bien armée. Il commence alors à recruter des Occidentaux pour aider ses soldats à l’exercice des armes. Il écrit une lettre à la reine Victoria du Royaume-Uni pour lui offrir son amitié et lui demander son soutien. N’obtenant pas de réponse, il se sent insulté et en colère, et commence à s’imaginer que les Britanniques collaborent avec les Turcs pour le renverser. En 1864, il prend sa revanche en arrêtant un responsable britannique ainsi que des missionnaires d’Europe. Il les fait alors jeter en prison, où ils restent pendant des années.
Ce n’est pas un diplomate. Il rejette toutes les tentatives des Britanniques pour faire relâcher les prisonniers et lorsque les négociateurs du Royaume-Uni arrivent, il les fait également emprisonner. En 1867, le gouvernement britannique lui ordonne de libérer les prisonniers ou de subir les conséquences d’un refus. Il refuse néanmoins leur demande pensant qu’une invasion britannique forcerait ses rivaux à s’unifier derrière lui pour faire échec à un ennemi commun.
Le 10 avril 1868, l’armée britannique et ses 5.000 soldats affrontent les forces de Tewodros dans une vallée du nord du pays. Le combat est inégal. Les forces britanniques possèdent des canons et des fusils d’assaut modernes, tandis que les soldats de Tewodros n’ont que des épées et des mousquets primitifs. Vingt soldats britanniques trouvent la mort, alors que 2.200 Éthiopiens tombent sur le champ de bataille. Deux jours plus tard, lorsque les forces ennemies prennent son camp d’assaut, il se donne la mort.
En dépit de l’inaptitude de Tewodros à maintenir la paix, les Éthiopiens d’aujourd’hui le voient toujours comme l’homme ayant restauré l’unité de leur pays dont il était le premier souverain moderne. Ses idées en faveur de la bonne gouvernance seront par la suite adoptées par nombre de ses successeurs. Malgré ses défauts, il est considéré comme un héros.
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