Le Burundi s’engage dans la réforme du secteur de la sécurité
Le Général major Cyprien Ndikuriyo du ministère de la Défense et des Anciens Combattants burundais, s’est exprimé, le 24 juin 2014, au symposium académique organisé par l’état-major unifié des États-Unis pour l’Afrique au Centre international Kofi Annan de formation au maintien de la Paix, à Accra, Ghana. Voici un extrait de ses propos, résumés pour des raisons d’espace.
Suite à une période récente d’instabilité interne, le Burundi s’est engagé dans une transition politique importante qui vise à rétablir les conditions d’une paix et d’une stabilité durables.
Parallèlement, l’environnement sécuritaire à l’intérieur même du Burundi, dans l’ensemble de la région d’Afrique centrale et dans le monde entier est en pleine mutation. De nouveaux défis sécuritaires affectant l’État et la population du Burundi émergent, qui exigeront de nouvelles réponses. Cela nécessitera que les forces de défense du Burundi et les autres acteurs de sa sécurité s’adaptent à cet environnement, à la fois instable et imprévisible, afin qu’ils puissent accomplir efficacement leurs rôles et responsabilités.
Pour y parvenir, le gouvernement de la République du Burundi a pris la décision de mener une « étude stratégique » pour réviser son système de défense nationale. L’approche que le Burundi a adoptée a été influencée par l’émergence d’un concept plus large de la sécurité au cours des dernières années au niveau international.
La revue de la défense du Burundi avait trois objectifs principaux :
- Premièrement, développer une entente partagée entre le gouvernement et les agences chargées de la sécurité sur l’environnement sécuritaire actuel et futur au Burundi, les besoins de la population en matière de sécurité et les principaux défis auxquels le pays doit faire face. Il est dans l’intérêt de toutes les parties concernées de développer une vision commune de la sécurité nationale.
- Deuxièmement, clarifier les rôles et les missions spécifiques de la Force de Défense Nationale (FDN) pour répondre à ces besoins et défis de sécurité, déterminer comment son rôle peut être coordonné au mieux avec celui des autres acteurs de la sécurité.
- Troisièmement, identifier les capacités institutionnelles et opérationnelles nécessaires permettant à la FDN d’accomplir efficacement ses rôles et ses missions.
L’approche doit être globale, avec pour point de départ une compréhension globale et multidimensionnelle du concept de défense, qui fasse de la protection de la population un principe fondamental. L’approche doit être holistique, incluant la participation des nationaux dans la conception, la formulation et la mise en œuvre des programmes ainsi que le suivi- évaluation. Elle doit être inclusive, impliquant toutes les parties prenantes pertinentes du secteur de la sécurité, celles au sein du gouvernement, ainsi que les parties prenantes en dehors du gouvernement.Enfin, elle doit être transparente, avec une conduite des discussions ouverte et une diffusion aussi large que possible des résultats de chaque étape du travail parmi les parties prenantes concernées, y compris le cas échéant, la population.
Les succès ne sont pas garantis d’avance dans la RSS. Toutes les expériences comparables ont connu des revers et des échecs et restent mitigées. L’essentiel est de réduire les facteurs de risque et les causes de ces échecs. C’est, entre autres raisons, pourquoi il faut insister sur la volonté politique, le cadre stratégique, l’appropriation et la mise en œuvre rapide des processus de réforme.
Si le Burundi a terminé la revue de sa défense, la tâche de mise en œuvre ne fait que commencer. Ce processus sera long, complexe et politiquement difficile. Pour maintenir la dynamique de changement dans le secteur de la sécurité, le gouvernement doit s’approprier les produits issus de la revue de la défense, y compris la nouvelle Politique nationale de défense et le Livre blanc, communiquer clairement sa vision du changement à la FDN, aux autres agences de sécurité et à la population, et enfin préparer efficacement sa mise en œuvre.
Cependant, l’appropriation nationale reste le facteur clé de succès, car sans appropriation il y a risque de ne pas capitaliser les acquis. L’appropriation est le gage de la durabilité.
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