SOUS LA PRESSION, BOKO HARAM CHANGE DE TACTIQUES
PERSONNEL D’ADF
Dans un quartier composé de bâtiments construits en pisé à Diffa, au Niger, des jeunes gens disent qu’il y a une opportunité de travail qui est toujours là, tapie dans l’ombre. Les offres d’emploi proviennent de recruteurs du groupe terroriste Boko Haram, qui proposent aux adolescents de l’argent et une solution pour s’en sortir.
Lors d’une interview réalisée en 2014 par la BBC, des recrues du Niger ont affirmé avoir reçu jusqu’à 500.000 nairas nigérians (environ 3.000 dollars) pour rejoindre le groupe. Si ces jeunes gens sont prêts à suivre le recruteur au Nigeria, on leur donne quelquefois du Tramol, un opiacé, ou d’autres narcotiques, et on leur promet encore plus d’argent s’ils installent des bombes d’accotement. Ceux qui restent au Niger sont payés pour transmettre des informations sur les mouvements de troupes. En outre, ils doivent entrer par effraction dans les maisons pour voler de l’argent et d’autres fournitures.
Les jeunes Nigériens affirment qu’ils ne rejoignent pas le groupe pour des raisons idéologiques, mais simplement pour l’argent. « Nous n’avons pas de travail. Certains d’entre nous sont encore au lycée, mais nous avons besoin d’argent. La violence est devenue une forme de travail pour nous », a expliqué l’un des adolescents.
Le Niger n’est pas le seul pays dans lequel Boko Haram recrute. Le groupe a essayé de s’implanter au Tchad et au Cameroun ainsi qu’au Bénin et au Sénégal. D’après les analystes, le fait que le groupe soit prêt à franchir les frontières semble être une indication de ses aspirations à devenir une menace régionale.
Considéré pendant des années comme un phénomène propre au Nord du Nigeria, Boko Haram ne s’est jamais précisément confiné à ces limites. Mamman Nur, le commandant en second du groupe et le cerveau présumé de l’attentat de 2011 qui a frappé le siège des Nations Unies à Abuja, est originaire du Cameroun. Le leader idéologique de Boko Haram, Abubakar Shekau, est né au Niger, selon certaines informations. Avant 2013, Boko Haram était supposé avoir établi des liens dans le Nord du Mali avec Al-Qaida au Maghreb islamique. En outre, il était soupçonné d’avoir mis sur pied une base d’entraînement près de Gao. Le groupe a affirmé que certains de ses membres s’entraînaient jusqu’en Somalie.
« Par ailleurs, la ligne de démarcation est ténue entre ces groupes et un réseau terroriste international bien connu », a fait observer Mohammed Sambo Dasuki, conseiller à la sécurité nationale du Nigeria. « Des incidents qui changent la donne et le niveau d’avancement des groupes terroristes émergents constituent des défis de plus en plus sérieux pour les organismes de sécurité et de renseignement dans toute la région. »
Face à cette situation, les pays de la région unissent leurs forces. En mars 2014, les pays de la Commission du Bassin du Lac Tchad ont convenu d’élargir l’envergure de la Force mixte multinationale opérationnelle en vue de patrouiller le long des frontières du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Nigeria. La force opérationnelle a été créée en 1998 pour mettre un coup d’arrêt au banditisme et protéger le commerce transfrontalier. Or, son mandat a été élargi pour y inclure les activités de lutte contre le terrorisme. La force opérationnelle a son siège à Baga, dans l’État de Borno du Nigeria.
Le Cameroun, qui historiquement a eu des relations tendues avec le Nigeria sur des questions frontalières, a dépêché des centaines de soldats d’élite du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) à la frontière nord avec le Nigeria. Le BIR a désormais un accord en place avec le Nigeria lui permettant de poursuivre les criminels au-delà de la frontière sur 8 kilomètres au maximum, comme l’a indiqué l’International Crisis Group. Aux termes d’un accord conclu en 2012, des soldats du Nigeria et du Niger effectuent des patrouilles mixtes dans la bande frontalière située entre Gaya, au Nigeria, et Diffa.
« Nous partageons 1.500 kilomètres de frontière commune, a fait remarquer le président du Niger Mahamadou Issoufou. De part et d’autre de cette frontière, ce sont les mêmes populations et les mêmes cultures. Globalement, au Nigeria comme au Niger, c’est un islam modéré qui est pratiqué. Ceux qui sont tentés par le terrorisme sont minoritaires. »
Bien que le Tchad n’ait pas subi d’attaque importante de la part de Boko Haram, le général de brigade Madjior Solness Dingamadji, conseiller auprès du chef d’état-major général des armées tchadien, explique que les forces de sécurité sont en état d’alerte pour prévenir les incursions dans le pays, en particulier celles venant de l’autre côté de la frontière du Cameroun et des rives du lac Tchad.
Pour faire face à cette menace, le Tchad a installé des contrôles informatisés aux postes-frontières avec le Cameroun, doublé le nombre des fouilles de personnes et de véhicules traversant la frontière mais aussi organisé des patrouilles en bateau régulières sur le lac Tchad et ses îlots.
Toutefois, Madjior Solness Dingamadji a précisé qu’il n’entretenait aucune illusion quant au fait que son pays puisse être à l’abri des menaces. « Les quatre pays frontaliers du Nigeria sont tous, de près ou de loin, sous la menace de Boko Haram, a-t-il indiqué à ADF. On redoute au Tchad, une infiltration et une attaque de Boko Haram, car des éléments liés à la secte islamiste peuvent être présents de manière résiduelle au Tchad. Certains seraient des Tchadiens, vivant avec les autres tous les jours. D’autres pourraient entrer illégalement dans le pays. Sans compter les milliers de réfugiés nigérians installés dans la région du Lac. »
Lors d’une réunion tenue en mai à Paris pour examiner la menace que fait peser Boko Haram, les dirigeants de la région ont convenu d’un plan d’action comprenant un renforcement de la surveillance des frontières, l’échange de renseignements et l’état de préparation à une intervention. Paul Biya, le président du Cameroun, s’est exprimé au nom du groupe de dirigeants lorsqu’il a indiqué qu’ils s’étaient réunis pour « déclarer la guerre » à Boko Haram.
Madjior Solness Dingamadji a précisé que les pays limitrophes du Nigeria avaient déjà intensifié la lutte. « Pour mieux circonscrire le mal, les pays riverains du Bassin du Lac Tchad ont convenu des échanges de renseignements et d’informations à travers leurs services spéciaux, a-t-il expliqué. Ils ont également installé à leurs frontières respectives un système de contrôle électronique. Les patrouilles mixtes seront renforcées le long des frontières entre les pays et avec le Nigeria. »
DES ÉLÉMENTS DES TALIBANS
De même que les Talibans en Afghanistan, Boko Haram veut un gouvernement imposant une interprétation étroite et intolérante de la loi musulmane. Par ailleurs, ce groupe est partisan de la purification ethnique. Comme les Talibans, Boko Haram n’a aucun respect pour les femmes et les traite brutalement. En réalité, certains, qualifient même ses membres de « Talibans nigérians ». Le groupe s’est attiré la colère et la réprobation de la plus grande partie du monde entier en avril 2014, avec l’enlèvement de 276 adolescentes. Boko Haram a affirmé que les jeunes filles seraient vendues en esclavage ou comme épouses pour à peine 12 dollars chacune.
L’ennemi juré de Boko Haram est la civilisation occidentale. Son nom même signifie « l’éducation occidentale est interdite ». Le groupe veut qu’une partie du Nord du Nigeria devienne un État islamique. Toutefois, qualifier Boko Haram d’organisation musulmane fait du tort aux musulmans. Boko Haram rejette toute pensée occidentale, y compris la science, l’enseignement laïque et les élections démocratiques. Les adeptes de Boko Haram ne portent ni chemises, ni pantalons de style occidental.
Les origines de la secte sembleraient remonter à 1995. Seule information certaine, Mohammed Yusuf a mis en place Boko Haram (ou tout au moins en a pris le contrôle), à Maiduguri, dans le Nord-Est du Nigeria, en 2002. À l’époque, son nom officiel était la « congrégation des gens de la tradition pour le prosélytisme et la guerre sainte ». Mohammed Yusuf a organisé un complexe qui comportait une école islamique et une mosquée. L’éducation ne l’intéressait pas, et l’école est très vite devenue un centre de recrutement pour les extrémistes.
Mohammed Yusuf était considéré comme le descendant spirituel de Mohammed Marwa, également connu sous le nom de Maitatsine. Comme Mohammed Yusuf, Maitatsine a prêché une forme austère de l’Islam, rejetant tous les éléments de l’Occident, notamment les radios, les montres et les bicyclettes. Il a lancé un appel à la guerre contre pratiquement toutes les facettes de la société nigériane et de son gouvernement. Il s’est même autoproclamé prophète.
De même que Maitatsine, Mohammed Yusuf rejetait la culture occidentale, notamment la science. Lors d’une interview avec la BBC en 2009, Mohammed Yusuf a évoqué la pluie comme étant « une création de Dieu plutôt qu’une évaporation causée par le soleil, qui se condense et se transforme en pluie ».
« C’est comme affirmer que le monde est une sphère, a-t-il ajouté. Si cela va à l’encontre des enseignements d’Allah, nous le rejetons. Nous rejetons également la théorie du Darwinisme. »
Le premier acte de violence connu commis par la secte s’est produit le 24 décembre 2003, lorsqu’il a attaqué des postes de police et d’autres bâtiments publics dans deux villes de l’État de Yobe. Moins d’une année après, il a encore attaqué d’autres postes de police, tuant des policiers et dérobant des armes.
Le gouvernement nigérian a adopté des mesures répressives contre le groupe en 2009, de manière si efficace que beaucoup pensaient qu’il avait été éliminé. À cette occasion, huit cents de ses membres ont été tués, y compris Mohammed Yusuf. Malgré cela, la répression a eu l’effet inverse. Le groupe s’est lancé dans une série d’exactions meurtrières qui continuent jusqu’à ce jour. Lorsque les pays du monde entier ont exprimé leur indignation concernant les enlèvements des adolescentes commis en avril 2014, Boko Haram a réagi des semaines plus tard en attaquant un marché de producteurs agricoles, massacrant à cette occasion plus de 300 personnes. Certaines des victimes ont été brûlées vives.
LA « VILLE DE LA PEUR »
Maiduguri est la capitale et la plus importante ville de l’État de Borno dans le Nord-Est du Nigeria. Cette ville compte une population de plus d’un million d’habitants et a historiquement été appelée « la maison de la paix ». Elle est maintenant connue sous le nom de « ville de la peur » en raison des attaques régulières menées par les adeptes de Boko Haram. Au nombre des tactiques définissant Boko Haram se trouve l’emploi de tireurs juchés sur des motos, tuant quiconque s’oppose au groupe, y compris les religieux musulmans. Les tireurs de Boko Haram sont si étroitement identifiés aux motos que Maiduguri a publié des arrêtés d’interdiction occasionnels de 24 heures concernant leur utilisation, même s’il s’agit d’un moyen de transport essentiel pour la population.
En décembre 2013, des centaines de militants de Boko Haram ont attaqué plusieurs quartiers de la ville, forçant les responsables gouvernementaux à imposer provisoirement un couvre-feu du crépuscule jusqu’à l’aube. Malgré cela, les attaques n’ont jamais réellement cessé. En effet, jusqu’en juin 2014, de petits groupes de militants de Boko Haram ont régulièrement attaqué certaines parties de la ville et des villages environnants.
Les attaques contre les villages étaient caractéristiques des tactiques employées par Boko Haram, à savoir recourir massivement à la force, tuer les populations et tout brûler. Boko Haram cible particulièrement les écoles, les églises, les postes de police et les hôpitaux, ainsi que les soldats, policiers et hommes politiques nigérians.
UNE GUERRE CONTRE L’ÉDUCATION
Le système éducatif du Nord du Nigeria accuse du retard par rapport au reste du pays. Dans l’État de Borno, l’épicentre de l’activité de Boko Haram, seuls 52 pour cent des enfants d’âge scolaire sont scolarisés. Pour s’efforcer d’inverser cette tendance, le gouvernement a annoncé, en 2013, une initiative visant à construire davantage d’écoles et à scolariser davantage d’enfants. Cependant, Boko Haram s’efforce d’agir dans l’autre direction, en incendiant les écoles. Selon les informations rapportées dans le quotidien nigérian le DailyPost en janvier 2014, Boko Haram ciblait en particulier les instituteurs des écoles pour les tuer, dans le cadre de sa croisade contre l’enseignement laïque.
Les attaques reposent sur une interprétation fausse et abusive de la loi islamique, laquelle, selon les croyances des affidés de Boko Haram, rend les élèves kafir, ou mécréants, et en fait des cibles qu’il est légitime d’attaquer.
Boko Haram est méticuleux lorsqu’il incendie une école, employant suffisamment d’essence pour détruire le bâtiment et tout ce qu’il contient, y compris les bureaux et les tableaux noirs. Bien qu’il soit difficile de donner une estimation chiffrée exacte, Amnesty International a rapporté en 2013 qu’en 20 mois environ, le groupe terroriste avait tué au moins 70 enseignants et plus de 100 élèves. Au moins 50 écoles ont été détruites ou endommagées, et 60 autres ont dû fermer. Amnesty International a indiqué la probabilité que le nombre de victimes était « notablement sous-estimé ».
Le gouvernement de l’État de Borno a une politique visant à reconstruire les écoles qui ont été incendiées, même si le groupe terroriste est susceptible de revenir et de les incendier à nouveau.
« Imaginez, chaque fois que le gouvernement dépense de considérables sommes d’argent pour remettre en état des écoles incendiées ou les reconstruire, les insurgés reviennent et recommencent à les détruire », a indiqué au DailyPost Inuwa Kubo, le commissaire du gouvernement de l’État de Borno pour l’Éducation. « C’est tout à fait frustrant. Cette insécurité affecte la présence régulière des élèves. »
Il semble qu’il n’y ait pas de limite à la cruauté dont Boko Haram est prêt à faire preuve. La BBC a rapporté en septembre 2013 que le groupe avait assassiné 50 élèves pendant leur sommeil, dans le dortoir de leur collège agricole. Il a fallu empiler les corps dans des fourgonnettes pour les évacuer.
UNE NOUVELLE CIBLE
Boko Haram a attaqué pratiquement chaque secteur de la société nigériane, y compris les médias. Le Dr Freedom Onuoha du Collège de la défense nationale du Nigeria a prévu dans une étude parue en 2013 que Boko Haram, de même que d’autres groupes extrémistes dans d’autres régions du monde, intensifierait ses attaques contre les infrastructures de télécommunications, une tactique à laquelle il a donné le nom de « guerre des cellules ». Il a comparé les attaques de Boko Haram au Nigeria à celles des Talibans en Afghanistan, où ces derniers ont commencé à faire exploser des stations de base pour la téléphonie mobile et ont essayé d’extorquer des fonds aux entreprises de téléphonie mobile. En 20 jours en Afghanistan, les membres des commandos talibans ont détruit ou endommagé une trentaine de stations de base.
L’utilisation des téléphones portables au Nigeria a enregistré une hausse fulgurante ces dernières années, avec un nombre d’abonnés estimé à 150 millions et 20.000 stations de base. En 2011, le président nigérian Goodluck Jonathan a annoncé des plans visant à faire en sorte que les opérateurs de télécommunications réservent au public des lignes d’urgence à numéro d’appel gratuit en vue d’améliorer la collecte de renseignements sur la secte. Boko Haram a réagi par une menace de représailles.
En septembre 2012, selon Freedom Onuoha, Boko Haram a entrepris une attaque de deux jours sur les stations de base de cinq villes du Nord du Nigeria. Depuis lors, le groupe a attaqué d’autres installations.
« Les attaques sur les installations de télécommunications ajoutent une nouvelle dimension aux problèmes de sécurité préexistants, car des stations de base sont entièrement détruites par des [bombes artisanales], par des attentats suicide et par d’autres engins incendiaires », a écrit Freedom Onuoha. Il précise que Boko Haram a endommagé 150 stations de base dans le Nord du Nigeria rien qu’en 2012. Ces attaques coûtent des sommes considérables : le coût moyen d’une station de base au Nigeria est de 250.000 dollars. Freedom Onuoha a noté que la secte prend également pour cible les personnels des installations de téléphonie mobile.
« Avec plusieurs installations de télécommunications éparpillées dans des régions isolées du Nigeria, Boko Haram peut toujours les attaquer et les détruire avec facilité », a conclu Freedom Onuoha.
Malgré le mépris supposé de Boko Haram pour la technologie, il n’a pas limité ses attaques aux bombes et aux meurtres. En août 2012, un informaticien a piraté les dossiers du personnel des services secrets du Nigeria. Le pirate a indiqué que la violation avait été commise au nom de Boko Haram et avait révélé les noms, adresses, informations bancaires et membres de la famille des anciens et actuels membres de l’organisme.
« Cette attaque ne devrait pas avoir une signification considérable en elle-même », a écrit Denise N. Baken de l’University College de l’Université du Maryland. « Toutefois, elle représente un changement substantiel de tactique pour un groupe dont le nom évoque une orientation anti-occidentale. » Elle ajoute que, compte tenu des liens étroits de Boko Haram avec Al-Qaida et les cyber-attaques d’Al-Qaida elle-même datant de 1996, l’utilisation continue de pirates informatiques par Boko Haram est « quasiment inévitable ».
COMMENT LEUR PORTER UN COUP D’ARRÊT
Osumah Oarhe, assistant à l’Université Ambrose Alli à Ekpoma, au Nigeria, a constaté que la collecte du renseignement devra s’améliorer et inclure la nécessité de collaborer avec les pays voisins. Il a fait valoir que les milieux du renseignement du Nigeria et son armée devront coopérer davantage pour mettre un coup d’arrêt à Boko Haram.
Le Nigeria devra mieux gérer ses frontières pour mettre fin au flux d’« armes illicites, d’immigrants clandestins, de criminels et de contrebandiers. Les responsables de la défense et du renseignement doivent s’armer de courage pour affronter les élites politiques qui seraient derrière la secte. »
Freedom Onuoha a acquiescé, suggérant à ADF que les mesures nécessaires pour porter un coup d’arrêt à Boko Haram devaient inclure celle de « cibler les hommes politiques connus pour leur soutien politique ou financier au groupe ».
« Je pense qu’en dernier lieu l’anéantissement de Boko Haram résidera dans le nombre croissant de ses attaques aveugles sur des résidents locaux sans défense, a-t-il ajouté. De plus en plus d’habitants du Nord se rendent comptent que l’objectif de la secte, à savoir l’islamisation du Nigeria, est indéfendable. En outre, ils éprouvent une colère croissante au sujet des tueries continues de personnes innocentes par la secte. Ainsi, celle-ci perdra la compréhension dont elle bénéficie envers sa cause. Le gouvernement du Nigeria peut rapidement mettre fin à l’insurrection s’il prête moins attention aux fantassins qui se faufilent au milieu des communautés frontalières reculées et des zones forestières du Nord du Nigeria, tout en étant beaucoup plus attentif aux individus puissants suspectés de diriger la secte. »
Freedom Onuoha a expliqué que, pour mettre fin aux activités de Boko Haram, le Nigeria devra démanteler le « triple pilier de la viabilité du terrorisme », à savoir l’idéologie, le recrutement et le financement.
« Dans un sens, le gouvernement doit adopter une méthode englobant plusieurs aspects du problème, qui déconstruit l’attirance pour l’idéologie de Boko Haram, qui le prive d’opportunités de recrutement et de radicalisation mais aussi qui assèche ses sources de financement. »
Un responsable nigérian de la sécurité a décrit la frustration ressentie à force d’essayer de les attraper.
« C’est l’effet du tube dentifrice : vous pressez à une extrémité du tube et la pâte dentifrice ressort de l’autre, a-t-il expliqué. Ils se sont avérés résistants à l’adversité et ils s’adaptent plus vite que l’armée. »