PERSONNEL D’ADF
Un jeune garçon, assis sur un tabouret, fixe le tableau et écrit dans son cahier. Sa classe se tient sous le porche d’une maison construite au temps de la colonisation à Bangui, en République Centrafricaine (RCA). Dans son école de fortune, il est mieux loti que beaucoup d’autres enfants du pays. Alors que des centaines de milliers de gens ont fui leur foyer depuis l’expansion des troubles à tout le pays, l’éducation en subit les conséquences.
La RCA est secouée par les troubles depuis décembre 2012, lorsque des rebelles ont envahi les régions du Nord et du Centre. Depuis l’arrivée au pouvoir de Michel Djotodia, à la faveur d’un coup d’État en mars 2013, le pays a connu un « effondrement total de l’ordre public », selon le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon.
Entre temps, Catherine Samba-Panza a repris les rênes du pays en tant que présidente de la transition et la France a accru ses forces sur place de 1.600 hommes, dans l’espoir d’arrêter la violence sectaire. Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) a affirmé que le nombre de personnes déplacées avait diminué ces derniers temps. Or, en mars 2014, il y avait encore 190.000 réfugiés dans 57 camps autour de Bangui. Des centaines d’autres ont fui vers le Cameroun, le Tchad, la République démocratique du Congo et la République du Congo.
À la fin de l’année 2013, 70 pour cent des enfants de RCA n’étaient toujours pas retournés à l’école depuis le début du conflit, selon l’UNICEF. Les deux tiers des écoles avaient été saccagées, endommagées ou occupées. « L’école est supposée être un lieu d’enseignement et d’apprentissage. Cependant, dans certaines régions, il n’y a plus rien », a déclaré Souleymane Diabaté, représentant de l’UNICEF en RCA. « Sans enseignants, pupitres, ni manuels, comment un enfant peut-il apprendre ? »
L’UNICEF et d’autres organisations non gouvernementales ont œuvré avec le ministère centrafricain de l’Éducation pour que plus de 1.300 enseignants du primaire et 170.000 élèves retournent dans leurs écoles à la fin de l’année 2013.
Petula Bokandi, âgée de 17 ans, a passé plus d’un mois dans le camp Boy-Rabe pour personnes déplacées internes, qui se trouve à l’extérieur de Bangui. Elle a expliqué que la vie était dure pour les enfants dans le camp où sévit le paludisme, où les gens dorment sur des nattes par terre et où il n’y a pratiquement pas de couvertures ni de moustiquaires.
Mi-janvier 2014, Petula Bokandi est retournée chez elle dans le quartier de Gobongo. Sa chambre, qu’elle partage avec ses trois sœurs, sert aussi de cuisine. Elle se lève tous les matins à 5 h, fait le ménage et s’occupe du jardin. « J’ai quitté le camp parce qu’il y avait moins de violence dans mon quartier, a-t-elle confié à l’UNICEF. La situation ici est plus calme. Vous dormez bien dans un lit, sous une couverture et une moustiquaire. Là-bas, il n’y a rien de tout cela. Ici, à la maison, c’est moins difficile. »
La violence sépare les enfants de leurs familles, de leurs communautés et de leurs écoles. Il y a aussi la menace de maladies et du recrutement par les groupes armés. Dans les camps comme Boy-Rabe, l’UNICEF construit des écoles temporaires. Or, en dehors des camps, l’éducation est paralysée. Il n’y a pas d’écoles parce que les enseignants ne viennent pas dans cette région et ne sont pas payés. Toutefois, cela n’empêche pas Petula Bokandi de rêver de devenir un jour banquière.
« Nous devons arrêter de nous battre entre nous, a déclaré Petula Bokandi. Nous devons déposer les armes. La paix doit revenir afin que nous puissions retourner au travail et à l’école. »