Un événement humanitaire offre des soins médicaux gratuits aux civils et une formation aux soldats
RÉCIT ET PHOTOS PAR LE PERSONNEL D’ADF

De loin, il semblait que la foule entourant le stade de cricket proche de Bhisho, en Afrique du Sud, était composée de passionnés de ce sport faisant la queue avant d’assister à un match important. L’ambiance festive était rehaussée par la présence de Cynthia Bhadikazi Mnyande, une responsable de la santé et de la sécurité au travail de l’hôpital Grey voisin, qui portait une coiffe multicolore et lançait des mots d’encouragement à travers un mégaphone. « Tout Le monde entrera », a assuré Cynthia Bhadikazi Mnyande, qui s’exprimait tour à tour en anglais et en xhosa. Ces gens, dont beaucoup étaient là depuis 6 heures du matin, n’étaient pas venus pour assister à un match mais pour obtenir des soins. Du 29 juillet au 2 août 2013, le stade a été transformé en un immense dispensaire en plein air. À l’occasion de ce qui a été appelé une action civique humanitaire, des médecins, des infirmiers, des infirmières, des dentistes, des optométristes et des professionnels de la santé mentale des services de santé des armées provenant des États-Unis et d’Afrique du Sud ont traité environ 3.000 personnes de la région environnante et examiné plus de 500 patients par jour. « Pour la population, cette initiative est une véritable manne, a observé Cynthia Bhadikazi Mnyande. En effet, personne ne s’attendait à recevoir des services de ce type de la part de l’armée. L’opinion générale pense que les militaires sont formés uniquement pour tirer et faire la guerre. »

Souvent associée à un exercice militaire, une action civique humanitaire est un geste de bonne volonté à l’égard des civils dans la communauté locale d’accueil. Cette activité permet également aux médecins militaires de travailler avec les agences gouvernementales et aux ONG de se former afin d’être en mesure d’intervenir en cas d’éventuelles pertes massives suite à une catastrophe naturelle ou à un conflit. L’action civique humanitaire de Bhisho a été annoncée dans les journaux, à la radio et au moyen de dépliants dans la province du Cap Oriental. Il existe de nombreux dispensaires dans la région. Or, les patients ont indiqué qu’ils étaient venus participer à cet événement dans l’espoir d’obtenir une seconde opinion sur une maladie ou de recevoir des soins spécialisés. Ils ont également sauté sur l’occasion pour faire soigner plusieurs affections dans un même endroit. « Normalement, vous auriez à vous rendre plusieurs fois [en ville] pour des soins dentaires, une consultation ophtalmologique, un traitement contre la grippe ou une autre affection », explique le lieutenant-colonel Kwena Mabotja, un dentiste des Forces de défense nationale sud-africaines (SANDF). « Ici, c’est un guichet unique. Tous les services auxquels vous pouvez penser sont offerts. » Pendant cet événement, qui se déroule dans le cadre de l’exercice militaire Shared Accord 13, les organisateurs ont enregistré les informations concernant les patients, notamment leur nom, leur adresse, leur âge et leurs parents les plus proches. Les responsables locaux de la santé prévoient d’utiliser les données recueillies pour étudier les tendances sanitaires dans la région. Après leur inscription, les patients se sont dirigés vers une tente où des infirmières ont vérifié leurs signes vitaux et les ont aiguillés vers des spécialistes, selon leurs besoins. Parmi les soins spécialisés procurés figuraient les tests tuberculiniques, les traitements dentaires, les tests optométriques et les services de santé mentale. En outre, une pharmacie a été montée. Les maladies les plus courantes et non traitées observées par les médecins étaient l’hypertension artérielle, le diabète et les problèmes osseux. Était également offert le dépistage du VIH, un service important dans un pays où le taux d’infection s’élève encore à environ 18 %, même s’il est en baisse. Les patients présentant des pathologies trop graves ou complexes pour être traitées lors de l’action civique humanitaire ont été aiguillés vers les hôpitaux locaux. L’action civique humanitaire a offert à diverses agences sud-africaines et américaines l’occasion exceptionnelle de travailler ensemble. Le service de santé des armées sud-africain a collaboré avec le ministère de la Santé du pays et avec une ONG. L’armée américaine a envoyé des médecins et d’autres spécialistes de Washington, D.C., la Garde nationale, des soldats du 82e bataillon des affaires civiles de Fort Stewart, en Géorgie, et des détachements médicaux spécialisés de l’ensemble des États-Unis. « Il existe une grande camaraderie entre l’armée américaine et les SANDF, et également une collaboration interorganisationnelle que nous n’observons pas quotidiennement, a indiqué Kwena Mabotja. Le Département de la Santé y accomplira sa mission. Le DOD [Département de la Défense] fera de même. Aussi, lorsque nous œuvrons de concert, nous apprenons de nouvelles choses, enseignons nos savoirs et développons de nouvelles compétences. » Autre aspect unique en son genre, des psychologues et des travailleurs sociaux ont pris part à cet événement. Ils ont prodigué des conseils à des personnes affectées par toute une série de problèmes, notamment conjugaux et financiers. Les psychologues ont offert une prise en charge pré et post-dépistage aux personnes s’y étant prêtées. « En notre qualité de travailleurs sociaux militaires, nous travaillons avec les soldats et leurs familles. Aussi, nous ne sommes pas habitués à aller vers les civils et à offrir ces types de services. Cette situation est donc nouvelle pour nous, a observé le capitaine Mthobisi Nene des SANDF. C’est important parce que cela remet en question l’idée que les civils se font des soldats. Aussi, lorsque nous venons dans les quartiers pour offrir à leurs habitants des services sociaux, ils portent un regard différent sur nous. » Les patients ont exprimé leur reconnaissance pour les soins gratuits. Chaque jour de cette semaine, nous avons constaté que les gens venaient nous voir en plus grand nombre. Le bouche à oreille au sujet de l’événement semblait bien fonctionner. Bien que les derniers jours aient coïncidé avec le jour de paie pour la plupart des habitants du quartier, les patients ont décidé de passer la journée là au lieu de se rendre à leur banque pour encaisser leurs chèques. « La santé d’abord, la paie plus tard » est devenue la devise de toute la ville. L’un des patients, Hamilton Makom, âgé de 68 ans, est arrivé avant le lever du jour afin qu’un médecin lui examine le dos et la taille. Il souffrait de douleurs fulgurantes qui le tenaient éveillé la nuit. Il avait également des troubles de la vue, mais n’avait jamais consulté d’ophtalmologue. Après près de six heures, il arborait un large sourire en serrant bien fort les médicaments prescrits pour ses douleurs ainsi qu’une ordonnance lui donnant droit à une paire de lunettes gratuite. « Je me suis présenté ici parce que je cherchais de l’aide. Je savais que j’avais besoin de médicaments, et j’ai reçu les services sur lesquels je comptais, a expliqué Hamilton Makom par le biais d’un traducteur. Je suis heureux parce que je vais avoir des lunettes et des médicaments. Je ne sais pas encore si cela va m’aider, mais je suis très reconnaissant. » À la fin du quatrième jour, le lieutenant-colonel Phumla Ngqakamba, chef du service de santé des SANDF, se tenait à l’extérieur de sa tente, un stéthoscope autour du cou. Habituellement, elle travaille dans un hôpital de Pretoria où elle peut examiner plus d’une vingtaine de patients en une journée. Aujourd’hui, elle en a vu plus de 100. « Vous devenez épuisé, a-t-elle confié. En revanche, vous éprouvez une grande satisfaction d’avoir aidé la communauté. Certains nous demandent même pourquoi nous ne prolongeons pas l’événement. Il ne reste plus qu’une journée, ce qui les attriste énormément. »
Vétérinaires Militaires Bétail Traité À L’occasion De Shared Accord 13
PERSONNEL D’ADF