PERSONNEL D’ADF
A près plus d’une année de violences et d’instabilité, les Maliens se sont rendus aux urnes et ont voté en faveur d’un avenir plus pacifique.
Le scrutin s’est déroulé fin juillet 2013 sans incident, sous la surveillance d’importantes forces de sécurité. Il s’agissait de la première élection depuis 2007. Aucun candidat n’ayant obtenu la majorité au premier tour, les électeurs sont retournés aux urnes pour le second tour en août. L’ancien Premier ministre Ibrahim Boubacar Keita, âgé de 68 ans, l’a emporté avec 77,6 % des voix.
D’un bout à l’autre de ce vaste pays du Sahel, les électeurs ont fait la queue pour déposer leur bulletin de vote dans l’urne. Lorsque c’était leur tour, ils ont pris place dans des isoloirs de carton, ont marqué leurs bulletins et les ont déposés dans des corbeilles en plastique.
Le comptage des voix a été laborieux dans maints endroits. Dans une maison d’une seule pièce faisant office d’école à Bamako, les préposés au scrutin ont déposé les bulletins de papier pliés sur un bureau de fortune et les ont comptés à la lumière d’une lanterne. Ces préposés ont rempli les formulaires à l’aide de stylos-billes pendant qu’une autre personne comptabilisait les voix sur un tableau noir en dessinant à la craie des barres.
De fortes pluies ont entravé la participation électorale à Bamako. Toutefois, à l’issue du vote, les observateurs ont envisagé la possibilité que cette élection puisse servir d’exemple pour toute l’Afrique. Soumaila Cissé, le candidat arrivé en deuxième position, a été honorable dans sa défaite, même avant l’annonce des résultats définitifs. Il a rendu visite à Ibrahim Boubacar Keita à son domicile pour le féliciter en personne. « Le Président Ibrahim Boubacar Keita a remporté cette élection avec élégance, a déclaré Soumaila Cissé à la Voix de l’Amérique. C’est mon devoir de le féliciter. »
L’attitude conciliante de Soumaila Cissé a été appréciée. Le chauffeur de taxi Boubacar Diarra a estimé que cette manière de reconnaître sa défaite pourrait aider le pays à se remettre sur les rails. « Pour nous, c’est vraiment positif. En effet, si un candidat se rend compte de sa défaite et va rendre visite au vainqueur pour le féliciter de sa victoire, cela va rendre notre démocratie meilleure », a-t-il indiqué à la Voix de l’Amérique.
Malgré ces éléments encourageants, Richard Downie, directeur adjoint du programme Afrique au Centre d’études stratégiques internationales, a mis en garde contre une vue exagérément optimiste de l’élection. « Je pense que les élections ne constituent que la première phase [de] ce qui sera un très long processus pour restaurer de nouveau la paix au Mali. »
Il a estimé que la tâche difficile du président élu Ibrahim Boubacar Keita ne faisait que commencer. En effet, le nouveau dirigeant devra trouver une façon de rassembler les éléments disparates de la société malienne en vue d’aboutir à une réconciliation nationale. Ibrahim Boubacar Keita, pour sa part, a prononcé des paroles encourageantes durant sa campagne.
« Pour l’honneur du Mali, j’apporterai la paix et la sécurité, a-t-il déclaré, selon l’Agence France-Presse. Je ferai en sorte que le dialogue soit renoué entre tous les fils de notre nation, et je rassemblerai les citoyens autour des valeurs sous-tendant notre histoire, à savoir la dignité l’intégrité, le courage et le travail assidu. »